La séance est ouverte à quinze heures.
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n’y a pas d’observation ?…
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d’usage.
Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, le Sénat a rendu hier hommage à nos policiers tués dans un terrible accident dimanche matin à Roubaix. Je veux manifester, au nom de l’ensemble de la Haute Assemblée, notre solidarité à leurs proches et à leurs collègues.
Nous exprimons également nos pensées pour les proches et pour les collègues de l’infirmière du CHU de Reims assassinée lundi.
Ces drames doivent être l’occasion pour nous de nous rassembler autour de valeurs communes.
L’ordre du jour appelle les réponses à des questions d’actualité au Gouvernement.
Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, je vous rappelle que la séance est retransmise en direct sur Public Sénat et sur notre site internet.
J’appelle chacun de vous à rester attentif, au cours de nos échanges, au respect des valeurs essentielles de notre assemblée, à commencer par celui des uns et des autres et par celui du temps de parole.
Madame la Première ministre, je souhaite vous interroger sur votre responsabilité en matière de planification écologique et énergétique.
L'urgence climatique n'est plus à démontrer. Nous en déplorons les conséquences sur nos territoires, en particulier en Occitanie, où la sécheresse s'installe désormais sans répit. Nos engagements européens nous imposent d'accélérer la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 ; en France, celles-ci ont baissé de seulement 25 % depuis 1990, loin des 55 % attendus.
Vous avez annoncé lundi dernier un plan d'action avec des objectifs chiffrés, auxquels mon groupe est très attentif. Nous souhaitons avant tout que l'effort soit équitable et juste – vous l'avez d'ailleurs vous-même appelé de vos vœux. En effet, entreprises, ménages et pouvoirs publics doivent participer au défi de l'adaptation climatique, mais chacun selon ses moyens !
Il nous faudra être extrêmement ambitieux sur tous les fronts, notamment celui de la conversion des outils de production agricole et industrielle et celui de la lutte contre le gaspillage de l'eau, y compris pour les eaux grises et usées, dont les normes d'usage devront être rapidement révisées pour compenser le déficit croissant en eau claire.
Tout cela va nécessiter un accompagnement important, en particulier pour les collectivités locales afin qu'elles soient en capacité de subvenir à leurs nombreux besoins en matière de rénovation énergétique, d'éclairage public, de gestion des déchets ou de mobilité.
Puisqu'il est question de planifier l'écologie, le fonds vert, dont les collectivités bénéficient déjà, sera-t-il pérennisé ? De quel montant sera-t-il doté, au-delà des deux milliards d'euros déjà prévus ? Quel bilan d'étape pouvez-vous en faire ? §
M. le président. La parole est à M. Jean-Claude Requier, pour le groupe du Rassemblement démocratique et social européen.
M. le président. La parole est à M. Jean-Claude Requier, pour le groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.
Applaudissements sur les travées des groupes RDSE et INDEP, ainsi que sur des travées du groupe UC.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, j'exprime à mon tour ma solidarité aux collègues et aux proches des agents publics tragiquement décédés ces derniers jours, ainsi que tout le soutien de mon gouvernement aux agents qui s'engagent chaque jour pour nous protéger, nous soigner, assurer l'éducation de nos enfants parfois, malheureusement, au péril de leur vie.
Monsieur le président Requier, chaque jour, les conséquences du dérèglement climatique deviennent effectivement plus visibles et préoccupantes. Je pense notamment aux sécheresses et aux feux de forêt de ces derniers mois.
Notre action doit être forte pour limiter le dérèglement climatique, pour nous adapter à ses conséquences inéluctables et pour restaurer notre biodiversité. Nous prenons des mesures sans attendre : c'est le sens du plan Eau, qui a été présenté par le Président de la République ou encore du renforcement des moyens pour la sécurité civile.
Le Sénat y contribue pleinement, notamment au travers de la proposition de loi visant à renforcer la prévention et la lutte contre l'intensification et l'extension du risque incendie, sur laquelle une commission mixte paritaire se réunira prochainement.
Pour réussir la transition écologique, nous devons planifier des actions de long terme pour notre biodiversité, pour la gestion de nos ressources naturelles et pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre.
Comme vous le savez, nous nous sommes fixé des objectifs ambitieux à l'échelle européenne. Nous sommes en avance sur nos objectifs 2019-2023 et nous avons quasiment rattrapé le retard accumulé sur la période 2015-2018. Toutefois, il nous faut encore accélérer pour doubler le rythme de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.
Depuis le mois de septembre, avec les ministres et l'ensemble des acteurs concernés, nous avons identifié, secteur par secteur, les leviers à actionner pour baisser nos émissions. Comme vous l'avez souligné, monsieur le président Requier, pour être acceptable, l'effort doit être juste et équitablement réparti : il reviendra pour moitié aux entreprises, notamment les plus grandes, pour un quart à l'État et aux collectivités et pour un quart aux ménages.
Pour être réussie, la transition écologique doit également se faire avec nos concitoyens. Nous devons les accompagner dans les changements à venir et former aux métiers de la transition écologique. J'ai réuni lundi un Conseil national de la transition écologique pour partager nos objectifs, secteur par secteur. Dans le courant du mois de juin, nous serons en mesure de présenter une planification écologique complète.
Mesdames, messieurs les sénateurs, réussir la transition écologique, c'est aussi nous adapter et anticiper tous les cas de figure. Le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires a annoncé le week-end dernier le lancement de travaux pour préparer la France en cas de hausse des températures de 4 degrés.
Que ce soit pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, pour nous adapter aux effets inéluctables du dérèglement climatique ou pour restaurer la biodiversité, nous avons besoin des collectivités. De nombreux projets concrets se mettent en place, notamment grâce au soutien du fonds vert. Ce dernier représente deux milliards d'euros dès cette année et je vous confirme, comme je l'avais annoncé, qu'il sera pérennisé. §
Madame la Première ministre, je souhaite vous interroger sur votre responsabilité en matière de planification écologique et énergétique.
L’urgence climatique n’est plus à démontrer. Nous en déplorons les conséquences sur nos territoires, en particulier en Occitanie, où la sécheresse s’installe désormais sans répit. Nos engagements européens nous imposent d’accélérer la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 ; en France, celles-ci ont baissé de seulement 25 % depuis 1990, loin des 55 % attendus.
Vous avez annoncé lundi dernier un plan d’action avec des objectifs chiffrés, auxquels mon groupe est très attentif. Nous souhaitons avant tout que l’effort soit équitable et juste – vous l’avez d’ailleurs vous-même appelé de vos vœux. En effet, entreprises, ménages et pouvoirs publics doivent participer au défi de l’adaptation climatique, mais chacun selon ses moyens !
Il nous faudra être extrêmement ambitieux sur tous les fronts, notamment celui de la conversion des outils de production agricole et industrielle et celui de la lutte contre le gaspillage de l’eau, y compris pour les eaux grises et usées, dont les normes d’usage devront être rapidement révisées pour compenser le déficit croissant en eau claire.
Tout cela va nécessiter un accompagnement important, en particulier pour les collectivités locales afin qu’elles soient en capacité de subvenir à leurs nombreux besoins en matière de rénovation énergétique, d’éclairage public, de gestion des déchets ou de mobilité.
Puisqu’il est question de planifier l’écologie, le fonds vert, dont les collectivités bénéficient déjà, sera-t-il pérennisé ? De quel montant sera-t-il doté, au-delà des deux milliards d’euros déjà prévus ? Quel bilan d’étape pouvez-vous en faire ?
Madame la Première ministre, je souhaite vous interroger sur votre responsabilité en matière de planification écologique et énergétique.
L’urgence climatique n’est plus à démontrer. Nous en déplorons les conséquences sur nos territoires, en particulier en Occitanie, où la sécheresse s’installe désormais sans répit. Nos engagements européens nous imposent d’accélérer la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 ; en France, celles-ci ont baissé de seulement 25 % depuis 1990, loin des 55 % attendus.
Vous avez annoncé lundi dernier un plan d’action avec des objectifs chiffrés, auxquels mon groupe est très attentif. Nous souhaitons avant tout que l’effort soit équitable et juste – vous l’avez d’ailleurs vous-même appelé de vos vœux. En effet, entreprises, ménages et pouvoirs publics doivent participer au défi de l’adaptation climatique, mais chacun selon ses moyens !
Il nous faudra être extrêmement ambitieux sur tous les fronts, notamment celui de la conversion des outils de production agricole et industrielle et celui de la lutte contre le gaspillage de l’eau, y compris pour les eaux grises et usées, dont les normes d’usage devront être rapidement révisées pour compenser le déficit croissant en eau claire.
Tout cela va nécessiter un accompagnement important, en particulier pour les collectivités locales, afin qu’elles soient en mesure de subvenir à leurs nombreux besoins en matière de rénovation énergétique, d’éclairage public, de gestion des déchets ou de mobilité.
Puisqu’il est question de planifier l’écologie, le fonds vert, dont les collectivités bénéficient déjà, sera-t-il pérennisé ? De quel montant sera-t-il doté, au-delà des deux milliards d’euros déjà prévus ? Quel bilan d’étape pouvez-vous en faire ?
Applaudissements sur les travées du groupe du RDSE.
Monsieur le ministre des transports, si nous voulons gagner tous ensemble, est-ce vraiment le moment de saper le fret ferroviaire public ? Comment peut-on, d'un côté, fixer les trajectoires du plan Climat et viser un objectif de report de la route vers le rail, de l'autre, accepter que Fret SNCF, l'acteur public majeur de cette transition indispensable, soit dépecé, qu'il soit démantelé ?
La Commission européenne, par sa procédure contre la France pour des aides d'État prétendument illégales à Fret SNCF, met en péril la survie même de cet acteur essentiel à la mutation des transports.
Monsieur le ministre, l'Europe réussira non pas par des procédures technocratiques ou par l'application aveugle d'une doxa libérale, mais par sa capacité à concrétiser son Green Deal et à atteindre l'objectif européen de 30 % de part modale du fret ferroviaire en 2030. La France en est encore loin, mais les choses commencent à bouger. Ne laissons pas cet élan se briser !
Entre la cause du climat et celle de la concurrence, le choix est évident ! Mais plutôt que de tenir cette ligne résolue, vous préférez, monsieur le ministre, en prendre votre parti et consentir à en finir avec Fret SNCF tel qu'il existe à l'heure actuelle, à le liquider pour lui substituer deux entités afin d'en rendre la structure assez différente pour que la direction générale Concurrence de la Commission européenne admette une forme de « discontinuité économique », comme ils disent, et renonce ainsi à exiger le remboursement des aides.
Abandon des trains complets et de cinq cents emplois, garanties sociales et salariales en sérieux danger, ouverture du capital, cession d'une part des locomotives aux concurrents, renoncement aux appels d'offres pendant des années pour le trafic dédié…
Monsieur le ministre, comment ce scénario de découpe pourrait-il ne pas briser le rebond ferroviaire nécessaire ? Serez-vous le ministre des transports qui aura liquidé Fret SNCF ? §
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, j’exprime à mon tour ma solidarité aux collègues et aux proches des agents publics tragiquement décédés ces derniers jours, ainsi que tout le soutien de mon gouvernement aux agents qui s’engagent chaque jour pour nous protéger, nous soigner, assurer l’éducation de nos enfants parfois, malheureusement, au péril de leur vie.
Monsieur le président Requier, chaque jour, les conséquences du dérèglement climatique deviennent effectivement plus visibles et préoccupantes. Je pense notamment aux sécheresses et aux feux de forêt de ces derniers mois.
Notre action doit être forte pour limiter le dérèglement climatique, pour nous adapter à ses conséquences inéluctables et pour restaurer notre biodiversité. Nous prenons des mesures sans attendre : c’est le sens du plan Eau, qui a été présenté par le Président de la République ou encore du renforcement des moyens pour la sécurité civile.
Le Sénat y contribue pleinement, notamment au travers de la proposition de loi visant à renforcer la prévention et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendie, sur laquelle une commission mixte paritaire se réunira prochainement.
Pour réussir la transition écologique, nous devons planifier des actions de long terme pour notre biodiversité, pour la gestion de nos ressources naturelles et pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre.
Comme vous le savez, nous nous sommes fixé des objectifs ambitieux à l’échelle européenne. Nous sommes en avance sur nos objectifs 2019-2023 et nous avons quasiment rattrapé le retard accumulé sur la période 2015-2018. Toutefois, il nous faut encore accélérer pour doubler le rythme de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.
Depuis le mois de septembre, avec les ministres et l’ensemble des acteurs concernés, nous avons identifié, secteur par secteur, les leviers à actionner pour baisser nos émissions. Comme vous l’avez souligné, monsieur le président Requier, pour être acceptable, l’effort doit être juste et équitablement réparti : il reviendra pour moitié aux entreprises, notamment les plus grandes, pour un quart à l’État et aux collectivités et pour un quart aux ménages.
Pour être réussie, la transition écologique doit également se faire avec nos concitoyens. Nous devons les accompagner dans les changements à venir et former aux métiers de la transition écologique. J’ai réuni lundi un Conseil national de la transition écologique pour partager nos objectifs, secteur par secteur. Dans le courant du mois de juin, nous serons en mesure de présenter une planification écologique complète.
Mesdames, messieurs les sénateurs, réussir la transition écologique, c’est aussi nous adapter et anticiper tous les cas de figure. Le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires a annoncé le week-end dernier le lancement de travaux pour préparer la France en cas de hausse des températures de 4 degrés.
Que ce soit pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, pour nous adapter aux effets inéluctables du dérèglement climatique ou pour restaurer la biodiversité, nous avons besoin des collectivités. De nombreux projets concrets se mettent en place, notamment grâce au soutien du fonds vert. Ce dernier représente deux milliards d’euros dès cette année et je vous confirme, comme je l’avais annoncé, qu’il sera pérennisé.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, j’exprime à mon tour ma solidarité aux collègues et aux proches des agents publics tragiquement décédés ces derniers jours, ainsi que tout le soutien de mon gouvernement aux agents qui s’engagent chaque jour pour nous protéger, nous soigner, assurer l’éducation de nos enfants parfois, malheureusement, au péril de leur vie.
Monsieur le président Requier, chaque jour, les conséquences du dérèglement climatique deviennent en effet plus visibles et préoccupantes. Je pense notamment aux sécheresses et aux feux de forêt de ces derniers mois.
Notre action doit être forte pour limiter le dérèglement climatique, pour nous adapter à ses conséquences inéluctables et pour restaurer notre biodiversité. Nous prenons des mesures sans attendre : c’est le sens du plan Eau, qui a été présenté par le Président de la République ou encore du renforcement des moyens pour la sécurité civile.
Le Sénat y contribue pleinement, notamment au travers de la proposition de loi visant à renforcer la prévention et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendie, sur laquelle une commission mixte paritaire se réunira prochainement.
Pour réussir la transition écologique, nous devons planifier des actions de long terme pour notre biodiversité, pour la gestion de nos ressources naturelles et pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre.
Comme vous le savez, nous nous sommes fixé des objectifs ambitieux à l’échelle européenne. Nous sommes en avance sur nos objectifs 2019-2023 et nous avons quasiment rattrapé le retard accumulé sur la période 2015-2018. Toutefois, il nous faut encore accélérer pour doubler le rythme de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.
Depuis le mois de septembre, avec les ministres et l’ensemble des acteurs concernés, nous avons identifié, secteur par secteur, les leviers à actionner pour baisser nos émissions. Comme vous l’avez souligné, monsieur le président Requier, pour être acceptable, l’effort doit être juste et équitablement réparti : il reviendra pour moitié aux entreprises, notamment les plus grandes, pour un quart à l’État et aux collectivités et pour un quart aux ménages.
Pour être réussie, la transition écologique doit également se faire avec nos concitoyens. Nous devons les accompagner dans les changements à venir et former aux métiers de la transition écologique. J’ai réuni lundi un Conseil national de la transition écologique pour partager nos objectifs, secteur par secteur. Dans le courant du mois de juin, nous serons en mesure de présenter une planification écologique complète.
Mesdames, messieurs les sénateurs, réussir la transition écologique, c’est aussi nous adapter et anticiper tous les cas de figure. Le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires a annoncé le week-end dernier le lancement de travaux pour préparer la France en cas de hausse des températures de 4 degrés.
Que ce soit pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, pour nous adapter aux effets inéluctables du dérèglement climatique ou pour restaurer la biodiversité, nous avons besoin des collectivités. De nombreux projets concrets se mettent en place, notamment grâce au soutien du fonds vert. Ce dernier représente deux milliards d’euros dès cette année et je vous confirme, comme je l’avais annoncé, qu’il sera pérennisé.
Monsieur le sénateur Fernique, comme vous, je crois fermement en l'avenir du fret ferroviaire, qui représente une part essentielle de notre stratégie de planification écologique.
D'ailleurs, en déployant le plan Fret, il y a deux ans, nous avons inversé une tendance historique, celle du recul de la part du fret ferroviaire dans le transport de marchandises en France. Pour la première fois depuis 2015, cette part augmente de nouveau. Nous ne lâcherons pas cette ambition que nous partageons tous, me semble-t-il, dans cet hémicycle.
Pour cela, il nous faut un opérateur public de référence du fret ferroviaire et je suis déterminé à le maintenir.
Quelle est la situation, monsieur le sénateur ? Si nous voulons préparer l'avenir, il faut dire la vérité, sans facilité ni démagogie. Une procédure a été ouverte publiquement le 18 janvier dernier par la Commission européenne, après plusieurs échanges avec la France.
Je me suis occupé de ce dossier dès mon arrivée au ministère des transports il y a un peu moins d'un an. Les autorités françaises ont tout fait pour empêcher l'ouverture de cette procédure et pour contester, comme vous venez de le faire, la qualification par la Commission européenne de ces aides versées pendant quinze ans par les gouvernements successifs à Fret SNCF comme illégales.
La procédure ayant été engagée, notre choix est simple et nous devons le partager. Nous pouvons décider d'aller au bout de cette procédure – c'est une possibilité. Mais disons-le très franchement, cela impliquerait, de manière quasi certaine, la liquidation – la mort totale – de Fret SNCF, qui compte 4 800 salariés et des milliers de kilomètres de rails. Je ne veux pas de cette solution.
Aussi, en responsabilité, pour ne pas mettre en danger les femmes et les hommes du fret ferroviaire, pour conserver un groupe public du fret ferroviaire dont nous croyons qu'il a un avenir et que nous soutiendrons, nous devons trouver le plus rapidement possible un accord. Je l'assume : nous devons mettre fin à l'incertitude et éviter la mort de cet opérateur. §
Comme je m'y suis engagé, nous continuerons de disposer d'un opérateur public, nous ne le privatiserons pas, il gardera l'immense majorité de ses activités et il n'y aura aucun licenciement…
M. Clément Beaune, ministre délégué. … ni report modal. Nous réinvestissons dans le fret ferroviaire de manière inédite et amplifions encore le plan déployé depuis 2021 pour renforcer cette ambition.
Applaudissementssur les travées du groupe RDPI.
démantèlement de fret sncf
M. le président. La parole est à M. Jacques Fernique, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires.
Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées du groupe SER.
Monsieur le ministre des transports, si nous voulons gagner tous ensemble, est-ce vraiment le moment de saper le fret ferroviaire public ? Comment peut-on, d’un côté, fixer les trajectoires du plan Climat et viser un objectif de report de la route vers le rail, de l’autre, accepter que Fret SNCF, l’acteur public majeur de cette transition indispensable, soit dépecé, qu’il soit démantelé ?
La Commission européenne, par sa procédure contre la France pour des aides d’État prétendument illégales à Fret SNCF, met en péril la survie même de cet acteur essentiel à la mutation des transports.
Monsieur le ministre, l’Europe réussira non pas par des procédures technocratiques ou par l’application aveugle d’une doxa libérale, mais par sa capacité à concrétiser son Green Deal et à atteindre l’objectif européen de 30 % de part modale du fret ferroviaire en 2030. La France en est encore loin, mais les choses commencent à bouger. Ne laissons pas cet élan se briser !
Entre la cause du climat et celle de la concurrence, le choix est évident ! Mais plutôt que de tenir cette ligne résolue, vous préférez, monsieur le ministre, en prendre votre parti et consentir à en finir avec Fret SNCF tel qu’il existe à l’heure actuelle, à le liquider pour lui substituer deux entités afin d’en rendre la structure assez différente pour que la direction générale Concurrence de la Commission européenne admette une forme de « discontinuité économique », comme ils disent, et renonce ainsi à exiger le remboursement des aides.
Abandon des trains complets et de cinq cents emplois, garanties sociales et salariales en sérieux danger, ouverture du capital, cession d’une part des locomotives aux concurrents, renoncement aux appels d’offres pendant des années pour le trafic dédié…
Monsieur le ministre, comment ce scénario de découpe pourrait-il ne pas briser le rebond ferroviaire nécessaire ? Serez-vous le ministre des transports qui aura liquidé Fret SNCF ?
Monsieur le ministre des transports, si nous voulons gagner tous ensemble, est-ce vraiment le moment de saper le fret ferroviaire public ? Comment peut-on, d’un côté, fixer les trajectoires du plan Climat et viser un objectif de report de la route vers le rail, de l’autre, accepter que Fret SNCF, l’acteur public majeur de cette transition indispensable, soit dépecé, qu’il soit démantelé ?
La Commission européenne, par sa procédure contre la France pour des aides d’État prétendument illégales à Fret SNCF, met en péril la survie même de cet acteur essentiel à la mutation des transports.
Monsieur le ministre, l’Europe réussira non pas par des procédures technocratiques ou par l’application aveugle d’une doxa libérale, mais par sa capacité à concrétiser son Green Deal et à atteindre l’objectif européen de 30 % de part modale du fret ferroviaire en 2030. La France en est encore loin, mais les choses commencent à bouger. Ne laissons pas cet élan se briser !
Entre la cause du climat et celle de la concurrence, le choix est évident ! Mais plutôt que de tenir cette ligne résolue, vous préférez, monsieur le ministre, en prendre votre parti et consentir à en finir avec Fret SNCF tel qu’il existe à l’heure actuelle, à le liquider pour lui substituer deux entités afin d’en rendre la structure assez différente pour que la direction générale de la concurrence de la Commission européenne admette une forme de « discontinuité économique », comme ils disent, et renonce ainsi à exiger le remboursement des aides.
Abandon des trains complets et de cinq cents emplois, garanties sociales et salariales en sérieux danger, ouverture du capital, cession d’une part des locomotives aux concurrents, renoncement aux appels d’offres pendant des années pour le trafic dédié…
Monsieur le ministre, comment ce scénario de découpe pourrait-il ne pas briser le rebond ferroviaire nécessaire ? Serez-vous le ministre des transports qui aura liquidé Fret SNCF ?
Notre pays traverse une semaine noire. Hier matin, nous apprenions le décès d'une infirmière, qui a été sauvagement agressée. Dimanche matin, Paul, Manon et Steven ont succombé à un accident d'une violence inouïe dans l'exercice de leurs fonctions dans le Nord.
Ces trois policiers de moins de 25 ans étaient au début de leur carrière et avaient toute la vie devant eux. L'un d'entre eux était père de famille – il avait un enfant de onze mois – ; un autre allait le devenir.
Le ministre de l'intérieur est venu rencontrer leurs collègues lundi et les Nordistes l'en remercient. Le groupe Les Indépendants tient à rendre un vif hommage à ces trois policiers. Mes premières pensées vont à l'ensemble de ces familles meurtries et à l'adolescente qu'ils venaient de secourir.
Après la douleur et la colère viendra le temps des questions. Nous savons désormais que les deux occupants du véhicule qui a percuté celui des fonctionnaires sont connus pour usage de stupéfiants et d'alcool. Nous avons également appris que le chauffard conduisait sous l'emprise de ces substances.
Les policiers, gendarmes et pompiers – ces héros du quotidien – sont de plus en plus confrontés à des violences insupportables et intolérables lors de leurs interventions, comme de nombreux événements récents nous l'ont rappelé. À chaque drame, l'émotion est plus forte.
Ce climat d'hostilité est nourri par le silence assourdissant de certains, qui sont soucieux d'entretenir une atmosphère de défiance envers les forces de l'ordre. Pourtant, ces femmes et ces hommes sont les garants de l'ordre républicain. Ils méritent une protection et un soutien encore plus forts et, surtout, intangibles. Pour cela, il faut que la justice suive.
Quelles mesures le Gouvernement entend-il prendre pour épauler et accompagner les familles des victimes dans cette période ? Comment compte-t-il poursuivre son action pour soutenir nos forces de sécurité intérieure contre les multiples menaces auxquelles elles sont confrontées ?
Monsieur le sénateur Fernique, comme vous, je crois fermement en l’avenir du fret ferroviaire, qui représente une part essentielle de notre stratégie de planification écologique.
D’ailleurs, en déployant le plan Fret, il y a deux ans, nous avons inversé une tendance historique, celle du recul de la part du fret ferroviaire dans le transport de marchandises en France. Pour la première fois depuis 2015, cette part augmente de nouveau. Nous ne lâcherons pas cette ambition que nous partageons tous, me semble-t-il, dans cet hémicycle.
Pour cela, il nous faut un opérateur public de référence du fret ferroviaire et je suis déterminé à le maintenir.
Quelle est la situation, monsieur le sénateur ? Si nous voulons préparer l’avenir, il faut dire la vérité, sans facilité ni démagogie. Une procédure a été ouverte publiquement le 18 janvier dernier par la Commission européenne, après plusieurs échanges avec la France.
Je me suis occupé de ce dossier dès mon arrivée au ministère des transports il y a un peu moins d’un an. Les autorités françaises ont tout fait pour empêcher l’ouverture de cette procédure et pour contester, comme vous venez de le faire, la qualification par la Commission européenne de ces aides versées pendant quinze ans par les gouvernements successifs à Fret SNCF comme illégales.
La procédure ayant été engagée, notre choix est simple et nous devons le partager. Nous pouvons décider d’aller au bout de cette procédure – c’est une possibilité. Mais disons-le très franchement, cela impliquerait, de manière quasi certaine, la liquidation – la mort totale – de Fret SNCF, qui compte 4 800 salariés et des milliers de kilomètres de rails. Je ne veux pas de cette solution.
Aussi, en responsabilité, pour ne pas mettre en danger les femmes et les hommes du fret ferroviaire, pour conserver un groupe public du fret ferroviaire dont nous croyons qu’il a un avenir et que nous soutiendrons, nous devons trouver le plus rapidement possible un accord. Je l’assume : nous devons mettre fin à l’incertitude et éviter la mort de cet opérateur.
Monsieur le sénateur Wattebled, comme vous l'avez dit, le métier qu'exercent les policiers et les gendarmes est de plus en plus difficile eu égard aux exigences légitimes de nos concitoyens et aux risques et menaces qui pèsent sur eux. Ils ont besoin de tout notre soutien et, comme Mme la Première ministre, je me joins aux hommages qui ont été rendus à l'Assemblée nationale et au Sénat aux trois policiers qui sont décédés dimanche dans l'exercice de leurs fonctions.
Depuis le 1er janvier dernier, quelque 2 380 gendarmes et policiers ont été blessés dans l'exercice de leurs fonctions. Je pense notamment à ce policier blessé par un cocktail Molotov, lors de la manifestation du 1er mai, ainsi qu'à tous ses collègues qui ont été blessés durant les manifestations qui se sont déroulées ces dernières semaines.
Le Parlement a voté la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur (Lopmi) – je l'en remercie –, qui a doté la police et la gendarmerie de moyens exceptionnels, non seulement humains et budgétaires, avec 15 milliards d'euros supplémentaires, mais aussi statutaires, qui permettent de valoriser les carrières.
Pour répondre à votre question, nous entendons bien évidemment poursuivre nos efforts pour mieux protéger les policiers et les gendarmes.
Nous déployons d'ores et déjà des caméras-piétons dans tous les commissariats. De même, nous avons facilité la protection fonctionnelle et créé en 2020 une cellule d'assistance aux policiers victimes de menaces ou d'agressions. Nous avons également investi dans de nouveaux équipements, notamment des casques et des gilets lourds.
De plus, nous avons créé, grâce au soutien du Parlement, le délit spécifique de violence volontaire sur agent chargé de la sécurité intérieure et renforcé les peines pour protéger les agents en bord de route. La Lopmi a également permis de créer vingt postes de psychologues pour accompagner au mieux les policiers et les gendarmes.
Le ministre de l'intérieur est très attentif à la protection des forces de sécurité intérieure et sait compter pour cela sur l'aide du Parlement. §
Comme je m’y suis engagé, nous continuerons de disposer d’un opérateur public, nous ne le privatiserons pas, il gardera l’immense majorité de ses activités et il n’y aura aucun licenciement…
Ma question s'adresse à M. le ministre des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées.
Mars 2023 : la natalité a atteint son plus faible niveau mensuel depuis 1994. Année 2022 : la natalité a atteint son plus faible niveau annuel depuis 1946.
Pourquoi les Français ont-ils moins d'enfants ? Est-ce une question d'éco-anxiété ?
Plus probable, est-ce un problème de logement ? Alors que les élus locaux vous alertent sur la crise du logement depuis des mois, le Conseil national de la refondation (CNR) consacré à ce sujet, qui devait se tenir le 9 mai, a pourtant été reporté sine die.
Est-ce un manque de moyens financiers ? Sous François Hollande, le quotient familial et les allocations familiales ont diminué. Sous Emmanuel Macron, ces dernières n'ont été que faiblement revalorisées. De plus, le complément de libre choix du mode de garde (CMG) a diminué, alors que la branche famille de la sécurité sociale est excédentaire : 1, 9 milliard d'euros en 2022, après 2, 9 milliards en 2021.
De surcroît, des erreurs comptables à hauteur de 5, 8 milliards d'euros ont été relevées. Le constat est sévère, la sentence sans appel : la Cour des comptes a refusé de valider les comptes de la branche famille pour 2022.
Est-ce lié aux difficultés à faire garder les enfants de moins de 3 ans ? Alors que les mille premiers jours avaient été érigés comme une priorité, aucune des préconisations du rapport Cyrulnik n'a trouvé une traduction législative ou réglementaire.
Un droit opposable à la garde a été annoncé pour 2027 lors de la Conférence des familles de 2022. Un rapport de l'inspection générale des affaires sociales (Igas) du 11 avril dernier dénonce la baisse de la qualité d'accueil. La restitution du CNR petite enfance, prévue au mois de mars, a elle aussi été reportée sine die. La future convention d'objectifs et de gestion (COG) est toujours en discussion et ne sera donc connue des acteurs qu'avec au moins trois mois de retard.
Le constat est sombre ! Alors, monsieur le ministre, qu'allez-vous proposer au Président de la République qui semble enfin s'inquiéter des chiffres alarmants de la natalité ?
M. Clément Beaune, ministre délégué. … ni report modal. Nous réinvestissons dans le fret ferroviaire de manière inédite et amplifions encore le plan déployé depuis 2021 pour renforcer cette ambition.
Madame la sénatrice Lavarde, vous avez abordé plusieurs sujets dans votre question.
Tout d'abord, en ce qui concerne la non-certification des comptes 2022 de la branche famille de la sécurité sociale par la Cour des comptes, si elle doit nous amener à nous interroger sur les difficultés qui ont conduit à cette décision, elle ne remet pas en question la bonne tenue des comptes de la branche.
M. Jacques Fernique . Monsieur le ministre, vous dites ne pas vouloir mettre en danger l’avenir du fret ferroviaire – vous avez parlé dans la presse de jouer à la roulette russe –, mais vous l’engagez dans un jeu risqué. Comment pouvez-vous croire qu’une telle désorganisation ne conduira pas les chargeurs et les acteurs économiques à privilégier la route et les camions !
La Cour dénonce plusieurs problèmes en matière de contrôle interne de la branche et nous devrons veiller à y remédier. Pour ce faire, nous travaillerons sur la sécurisation du système, notamment au travers du projet de solidarité à la source dont l'objet est d'améliorer et de simplifier le versement des prestations sociales et de lutter contre le non-recours, la fraude et les indus.
Ensuite, vous vous interrogez sur la natalité dans notre pays. Comme vous le savez, notre taux de natalité, actuellement proche de 1, 8 enfant par femme, est en forte baisse et ne permet pas le renouvellement des générations. Cela doit tous nous inquiéter, car plusieurs problèmes se posent, à commencer par les tensions extrêmement fortes que cela fait peser sur notre système de protection sociale.
Mon rôle, en tant que ministre en charge des familles et de la petite enfance, est de répondre à l'envie des familles d'avoir des enfants – ce désir d'enfant est d'environ 2, 4 enfants par femme.
Pour notre part, nous pensons que, pour y répondre, nous devons, avant d'envisager d'augmenter les allocations familiales, améliorer les services aux familles.
Comme vous l'avez dit, madame la sénatrice, l'une des premières préoccupations des familles est de savoir comment elles vont faire garder leur enfant. Il manquerait environ 200 000 places d'accueil du jeune enfant. Le Président de la République s'est engagé à mettre en place un service public de la petite enfance et la Première ministre fera des annonces dans les jours qui viennent
Notre pays traverse une semaine noire. Hier matin, nous apprenions le décès d’une infirmière, qui a été sauvagement agressée. Dimanche matin, Paul, Manon et Steven ont succombé à un accident d’une violence inouïe dans l’exercice de leurs fonctions dans le Nord.
Ces trois policiers de moins de 25 ans étaient au début de leur carrière et avaient toute la vie devant eux. L’un d’entre eux était père de famille – il avait un enfant de onze mois – ; un autre allait le devenir.
Le ministre de l’intérieur est venu rencontrer leurs collègues lundi et les Nordistes l’en remercient. Le groupe Les Indépendants tient à rendre un vif hommage à ces trois policiers. Mes premières pensées vont à l’ensemble de ces familles meurtries et à l’adolescente qu’ils venaient de secourir.
Après la douleur et la colère viendra le temps des questions. Nous savons désormais que les deux occupants du véhicule qui a percuté celui des fonctionnaires sont connus pour usage de stupéfiants et d’alcool. Nous avons également appris que le chauffard conduisait sous l’emprise de ces substances.
Les policiers, gendarmes et pompiers – ces héros du quotidien – sont de plus en plus confrontés à des violences insupportables et intolérables lors de leurs interventions, comme de nombreux événements récents nous l’ont rappelé. À chaque drame, l’émotion est plus forte.
Ce climat d’hostilité est nourri par le silence assourdissant de certains, qui sont soucieux d’entretenir une atmosphère de défiance envers les forces de l’ordre. Pourtant, ces femmes et ces hommes sont les garants de l’ordre républicain. Ils méritent une protection et un soutien encore plus forts et, surtout, intangibles. Pour cela, il faut que la justice suive.
Quelles mesures le Gouvernement entend-il prendre pour épauler et accompagner les familles des victimes dans cette période ? Comment compte-t-il poursuivre son action pour soutenir nos forces de sécurité intérieure contre les multiples menaces auxquelles elles sont confrontées ?
Vous n'avez absolument rien proposé !
En ce qui nous concerne, des idées, nous en avons : prendre en compte la taille des logements familiaux dans les critères de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, dite loi SRU ; supprimer la modulation des allocations familiales ; supprimer la tarification horaire de la prestation de service unique (PSU), qui est complexe et engendre nombre de fraudes ; donner un véritable pouvoir de sanction aux services de protection maternelle et infantile (PMI) ; etc.
Monsieur le ministre, à chaque enfant qui naît, le monde recommence. Une politique familiale ambitieuse est la meilleure réforme des retraites. Vous disposez de 6 milliards d'euros pour financer cette politique. §
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.
Je souhaite évoquer un grave sujet de fond, mais permettez-moi de le faire par le biais d'une rhétorique un peu inhabituelle : celle d'une charade, intitulée « Je fais ce que je veux, quand je veux, comme je veux et où je veux ! ».
Mon premier est une manifestation dite musicale, interdite par deux arrêtés préfectoraux.
Mon deuxième a réuni, malgré l'État de droit dans lequel nous vivons, plus de 30 000 personnes dans un petit village de l'Indre qui a subitement vu sa population multipliée par deux cent soixante-treize pour devenir, le temps d'un long week-end, la capitale de la rave-party.
Mon troisième, malgré la mobilisation de trois cent vingt gendarmes, s'est soldé par plus de cinq cents prises en charge par les services de secours, dont trente évacuations de personnes en urgence absolue.
Mon quatrième a produit quinze tonnes de déchets sur un terrain privé dont le propriétaire a vu converger en quelques heures, sans en être averti, une marée humaine de teufeurs.
Mon tout apporte de l'eau au moulin de ceux qui s'inquiètent du délitement de l'autorité de l'État.
Cet épisode du Teknival est loin d'être isolé. D'autres départements, y compris le mien, ont dû subir cette dictature de l'urgence et de la masse.
Si je sais bien, comme le rappelait Machiavel, que « le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal », j'ai toutefois deux questions à poser au Gouvernement au sujet de cet épisode affligeant.
La première est peut-être naïve, mais comment se fait-il que tout le monde ait été au courant de ce rassemblement, sauf ceux qui devaient l'être ?
La seconde est d'ordre pragmatique : pour dissuader ce genre d'événements illégaux et dangereux – sans parler de la consommation de drogue et d'alcool –, ne faut-il pas durcir les sanctions contre les organisateurs qui individuellement, à l'heure actuelle, ne risquent rien, si ce n'est 1 500 euros d'amende ?
Ces images de tant de désinvolture ont une résonance terrible dans l'opinion publique ! Au reste, je pense que le ministre de l'intérieur le sait fort bien. §
Monsieur le sénateur Wattebled, comme vous l’avez dit, le métier qu’exercent les policiers et les gendarmes est de plus en plus difficile eu égard aux exigences légitimes de nos concitoyens et aux risques et menaces qui pèsent sur eux. Ils ont besoin de tout notre soutien et, comme Mme la Première ministre, je me joins aux hommages qui ont été rendus à l’Assemblée nationale et au Sénat aux trois policiers qui sont décédés dimanche dans l’exercice de leurs fonctions.
Depuis le 1er janvier dernier, quelque 2 380 gendarmes et policiers ont été blessés dans l’exercice de leurs fonctions. Je pense notamment à ce policier blessé par un cocktail Molotov, lors de la manifestation du 1er mai, ainsi qu’à tous ses collègues qui ont été blessés durant les manifestations qui se sont déroulées ces dernières semaines.
Le Parlement a voté la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur (Lopmi) – je l’en remercie –, qui a doté la police et la gendarmerie de moyens exceptionnels, non seulement humains et budgétaires, avec 15 milliards d’euros supplémentaires, mais aussi statutaires, qui permettent de valoriser les carrières.
Pour répondre à votre question, nous entendons bien évidemment poursuivre nos efforts pour mieux protéger les policiers et les gendarmes.
Nous déployons d’ores et déjà des caméras-piétons dans tous les commissariats. De même, nous avons facilité la protection fonctionnelle et créé en 2020 une cellule d’assistance aux policiers victimes de menaces ou d’agressions. Nous avons également investi dans de nouveaux équipements, notamment des casques et des gilets lourds.
De plus, nous avons créé, grâce au soutien du Parlement, le délit spécifique de violence volontaire sur agent chargé de la sécurité intérieure et renforcé les peines pour protéger les agents en bord de route. La Lopmi a également permis de créer vingt postes de psychologues pour accompagner au mieux les policiers et les gendarmes.
Le ministre de l’intérieur est très attentif à la protection des forces de sécurité intérieure et sait compter pour cela sur l’aide du Parlement.
Monsieur le sénateur Demilly, vous nous interrogez sur le rassemblement festif musical du 17 mai, baptisé Teknival Frenchtech 2023. Comme vous l'avez dit, il n'a pas été déclaré et aucune demande d'autorisation n'a été faite.
Pour répondre à votre première question, les renseignements territoriaux avaient bien identifié l'organisation en cours d'une manifestation de ce type dans le centre de la France. Mais, comme vous le savez, le lieu exact n'a été défini que quelques heures avant le rassemblement.
Ainsi, en quelques heures, près de vingt-cinq mille personnes se sont réunies sur le site. Cet événement a été organisé dans l'urgence, alors que les conditions ne s'y prêtaient absolument pas, ni d'un point de vue sanitaire ni d'un point de vue sécuritaire.
Je remercie les services de l'État, qui se sont rendus disponibles et ont été extrêmement efficaces pour accompagner cette manifestation. Sous l'autorité du préfet et en urgence, les moyens de l'État ont été mobilisés. Les services du conseil départemental, en particulier les sapeurs-pompiers, et les associations de sécurité civile l'ont été également.
Le préfet a coordonné, avec succès, un dispositif opérationnel pour garantir l'ordre public et éviter la circulation de festivaliers quittant le rassemblement sous l'emprise de l'alcool. Nous avons renforcé les moyens de manière significative : vous avez évoqué le chiffre de trois cent vingt gendarmes, monsieur le sénateur, mais ce sont en réalité quatre cent trente-quatre gendarmes qui ont été mobilisés sur l'opération pour empêcher tout trouble majeur à l'ordre public.
Nous pouvons tous ensemble saluer le bilan de l'opération : 30 200 personnes et 13 300 voitures ont été contrôlées ; cent cinquante-cinq personnes ont été verbalisées pour conduite en état d'ébriété et trente-deux pour usage de stupéfiants ; 300 grammes de résine de cannabis, 1 kilo d'herbe de cannabis et 40 grammes de cocaïne ont été saisis. Nous avons également saisi les groupes électrogènes.
La plupart des organisateurs ont été identifiés. Des procédures sont en cours et ils seront bien évidemment sanctionnés. §
Ma question s’adresse à M. le ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées.
Mars 2023 : la natalité a atteint son plus faible niveau mensuel depuis 1994. Année 2022 : la natalité a atteint son plus faible niveau annuel depuis 1946.
Pourquoi les Français ont-ils moins d’enfants ? Est-ce une question d’éco-anxiété ?
Plus probable, est-ce un problème de logement ? Alors que les élus locaux vous alertent sur la crise du logement depuis des mois, le Conseil national de la refondation (CNR) consacré à ce sujet, qui devait se tenir le 9 mai, a pourtant été reporté sine die.
Est-ce un manque de moyens financiers ? Sous François Hollande, le quotient familial et les allocations familiales ont diminué. Sous Emmanuel Macron, ces dernières n’ont été que faiblement revalorisées. De plus, le complément de libre choix du mode de garde (CMG) a diminué, alors que la branche famille de la sécurité sociale est excédentaire : 1, 9 milliard d’euros en 2022, après 2, 9 milliards en 2021.
De surcroît, des erreurs comptables à hauteur de 5, 8 milliards d’euros ont été relevées. Le constat est sévère, la sentence sans appel : la Cour des comptes a refusé de valider les comptes de la branche famille pour 2022.
Est-ce lié aux difficultés à faire garder les enfants de moins de 3 ans ? Alors que les mille premiers jours avaient été érigés comme une priorité, aucune des préconisations du rapport Cyrulnik n’a trouvé une traduction législative ou réglementaire.
Un droit opposable à la garde a été annoncé pour 2027 lors de la Conférence des familles de 2022. Un rapport de l’inspection générale des affaires sociales (Igas) du 11 avril dernier dénonce la baisse de la qualité d’accueil. La restitution du CNR petite enfance, prévue au mois de mars, a elle aussi été reportée sine die. La future convention d’objectifs et de gestion (COG) est toujours en discussion et ne sera donc connue des acteurs qu’avec au moins trois mois de retard.
Le constat est sombre ! Alors, monsieur le ministre, qu’allez-vous proposer au Président de la République qui semble enfin s’inquiéter des chiffres alarmants de la natalité ?
Ma question s’adresse à M. le ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées.
Mars 2023 : la natalité a atteint son plus faible niveau mensuel depuis 1994. Année 2022 : la natalité a atteint son plus faible niveau annuel depuis 1946.
Pourquoi les Français ont-ils moins d’enfants ? Est-ce une question d’éco-anxiété ?
Plus probable : est-ce un problème de logement ? Alors que les élus locaux vous alertent sur la crise du logement depuis des mois, le Conseil national de la refondation (CNR) consacré à ce sujet, qui devait se tenir le 9 mai, a pourtant été reporté sine die.
Est-ce un manque de moyens financiers ? Sous François Hollande, le quotient familial et les allocations familiales ont diminué. Sous Emmanuel Macron, ces dernières n’ont été que faiblement revalorisées. De plus, le complément de libre choix du mode de garde (CMG) a diminué, alors que la branche famille de la sécurité sociale est excédentaire : 1, 9 milliard d’euros en 2022, après 2, 9 milliards en 2021.
De surcroît, des erreurs comptables à hauteur de 5, 8 milliards d’euros ont été relevées. Le constat est sévère, la sentence sans appel : la Cour des comptes a refusé de valider les comptes de la branche famille pour 2022.
Est-ce lié aux difficultés à faire garder les enfants de moins de 3 ans ? Alors que les mille premiers jours avaient été érigés comme une priorité, aucune des préconisations du rapport Cyrulnik n’a trouvé une traduction législative ou réglementaire.
Un droit opposable à la garde a été annoncé pour 2027 lors de la Conférence des familles de 2022. Un rapport de l’inspection générale des affaires sociales (Igas) du 11 avril dernier dénonce la baisse de la qualité d’accueil. La restitution du CNR petite enfance, prévue au mois de mars, a elle aussi été reportée sine die. La future convention d’objectifs et de gestion (COG) est toujours en discussion et ne sera donc connue des acteurs qu’avec au moins trois mois de retard.
Le constat est sombre ! Alors, monsieur le ministre, qu’allez-vous proposer au Président de la République qui semble enfin s’inquiéter des chiffres alarmants de la natalité ?
Voilà plus de soixante jours que des salariés de Vertbaudet, dans le Nord, sont en grève. Pour rappel, les employés de cette usine sont majoritairement des femmes.
L'entreprise Vertbaudet est l'une des cinquante-neuf entités détenues par le fonds d'investissement européen Equistone. L'examen du bilan financier de l'entreprise est édifiant : entre 2018 et 2021, sa marge nette est passée de –0, 7 % à +3, 6 % et sa valeur ajoutée de 49, 7 millions d'euros à 56, 6 millions ; sur la même période, la part des salaires sur le chiffre d'affaires est passée de 15, 6 % à 12, 1 %.
L'unique revendication de ces employés est une augmentation de salaire de 150 euros et tous les chiffres montrent que cette revendication est légitime. Ces travailleurs sont rattrapés par l'inflation et leurs fins de mois sont difficiles.
Depuis deux mois, aucun dialogue ne se tient avec la direction, des propos sexistes sont proférés et les salariés subissent interventions des forces de police, intimidations, menaces de licenciement… Tout y passe !
Ils sont déterminés et leur lutte devient emblématique. Les salaires dans l'entreprise varient de 1 300 euros à 1500 euros mensuels, quelle que soit l'ancienneté, alors que le dirigeant perçoit une rémunération de 60 000 euros par mois.
Cette grève met en lumière une question centrale : comment faire ses choix de vie sans un salaire digne ? Comment être véritablement libre sans indépendance économique ?
La solidarité et le soutien de l'ensemble du monde du travail s'expriment, y compris financièrement, et cette lutte est en quelque sorte devenue, par procuration, celle de tous les salariés du pays.
Le Gouvernement prétend appeler au partage de la valeur ; le cas de Vertbaudet n'offre-t-il pas une belle occasion de mettre ce principe en application ? §
Madame la sénatrice Gréaume, vous évoquez le conflit social qui a lieu en ce moment au sein de l'entreprise Vertbaudet, en particulier dans l'établissement situé dans votre département.
Ce conflit est bien connu des services de mon ministère et de mon cabinet. Il a été ouvert autour du 20 mars et un accord majoritaire, sur lequel vous êtes libre de porter une appréciation, a été signé par deux organisations syndicales, Force ouvrière (FO) et la CFE-CGC, qui ont recueilli 63 % des suffrages exprimés dans l'entreprise lors des dernières élections professionnelles.
La CGT n'a pas souhaité signer cet accord, a laissé le mouvement se poursuivre et a même encouragé sa poursuite.
Madame la sénatrice Lavarde, vous avez abordé plusieurs sujets dans votre question.
Tout d’abord, en ce qui concerne la non-certification des comptes 2022 de la branche famille de la sécurité sociale par la Cour des comptes, si elle doit nous amener à nous interroger sur les difficultés qui ont conduit à cette décision, elle ne remet pas en question la bonne tenue des comptes de la branche.
Madame la sénatrice Lavarde, vous avez abordé plusieurs sujets dans votre question.
Tout d’abord, en ce qui concerne la non-certification des comptes de 2022 de la branche famille de la sécurité sociale par la Cour des comptes, si elle doit nous amener à nous interroger sur les difficultés qui ont conduit à cette décision, elle ne remet pas en question la bonne tenue des comptes de la branche.
Dès le 9 avril, les services de la direction départementale de l'emploi, du travail et des solidarités ont engagé une médiation, qui s'est traduite par une première décision de l'entreprise, en l'occurrence le recrutement de trente personnes en intérim, dont la mission a été transformée en contrat de travail à durée indéterminée le 1er mai dernier.
La Cour dénonce plusieurs problèmes en matière de contrôle interne de la branche et nous devrons veiller à y remédier. Pour ce faire, nous travaillerons sur la sécurisation du système, notamment au travers du projet de solidarité à la source dont l’objet est d’améliorer et de simplifier le versement des prestations sociales et de lutter contre le non-recours, la fraude et les indus.
Ensuite, vous vous interrogez sur la natalité dans notre pays. Comme vous le savez, notre taux de natalité, actuellement proche de 1, 8 enfant par femme, est en forte baisse et ne permet pas le renouvellement des générations. Cela doit tous nous inquiéter, car plusieurs problèmes se posent, à commencer par les tensions extrêmement fortes que cela fait peser sur notre système de protection sociale.
Mon rôle, en tant que ministre en charge des familles et de la petite enfance, est de répondre à l’envie des familles d’avoir des enfants – ce désir d’enfant est d’environ 2, 4 enfants par femme.
La Cour dénonce plusieurs problèmes en matière de contrôle interne de la branche et nous devrons veiller à y remédier. Pour ce faire, nous travaillerons sur la sécurisation du système, notamment au moyen du projet de solidarité à la source dont l’objet est d’améliorer et de simplifier le versement des prestations sociales et de lutter contre le non-recours, la fraude et les indus.
Ensuite, vous vous interrogez sur la natalité dans notre pays. Comme vous le savez, notre taux de natalité, actuellement proche de 1, 8 enfant par femme, est en forte baisse et ne permet pas le renouvellement des générations. Cela doit tous nous inquiéter, car plusieurs problèmes se posent, à commencer par les tensions extrêmement fortes que cela fait peser sur notre système de protection sociale.
Mon rôle, en tant que ministre en charge des familles et de la petite enfance, est de répondre à l’envie des familles d’avoir des enfants – ce désir d’enfant est d’environ 2, 4 enfants par femme.
L'accord qui a été conclu à la fin du mois de mars prévoit une augmentation de la rémunération, non par une voie salariale, c'est vrai, mais par la mise en œuvre de primes et d'autres modalités de rémunération.
Pour notre part, nous pensons que, pour y répondre, nous devons, avant d’envisager d’augmenter les allocations familiales, améliorer les services aux familles.
Comme vous l’avez dit, madame la sénatrice, l’une des premières préoccupations des familles est de savoir comment elles vont faire garder leur enfant. Il manquerait environ 200 000 places d’accueil du jeune enfant. Le Président de la République s’est engagé à mettre en place un service public de la petite enfance et la Première ministre fera des annonces dans les jours qui viennent
Depuis, un certain nombre de contacts ont été pris. Mon cabinet a notamment rendu possibles un échange et un rapprochement entre le cabinet de la secrétaire générale de la CGT, Mme Binet, et la direction générale de l'entreprise. Une réunion s'est de nouveau tenue lundi dernier – il y a donc deux jours – avec des propositions nouvelles de la direction que la CGT a de nouveau refusées.
À l'heure où nous parlons, environ soixante-dix salariés sur les trois cent quarante que compte le site sont toujours en grève. D'autres réunions sont prévues. Je souhaite évidemment que le dialogue social permette qu'elles aboutissent, dans le respect tant des prérogatives de chacun que de l'accord majoritaire qui a été signé voilà maintenant quelques semaines.
Madame la sénatrice, vous avez évoqué l'intervention de la police pour retirer les piquets de grève. Celle-ci, qui a eu lieu à la demande du préfet de région, a été décidée en application d'une ordonnance rendue par le tribunal saisi par l'entreprise plusieurs semaines auparavant.
Subissant la forte concurrence de la route, la part du rail dans le transport de marchandises n'a cessé de diminuer au cours des dernières décennies. Elle a ainsi été divisée par deux entre 2006 et 2019, pour passer de 20 % à 10 %. C'est un fait !
Les avantages du fret ferroviaire sont pourtant indéniables, faisant de celui-ci un formidable outil de décarbonation des activités économiques. Ainsi, un train de marchandises équivaut à quarante camions, il réalise près de dix fois moins d'émissions de CO2 et consomme six fois moins d'énergie à la tonne transportée que le mode routier. Là aussi, c'est un fait.
Le Conseil d'orientation des infrastructures, dans ses différents rapports, a d'ailleurs souligné l'importance qu'il y avait à le développer.
Comme vous l'avez rappelé, monsieur le ministre, le Gouvernement a affiché à plusieurs reprises sa volonté de soutenir le transport de marchandises par le rail. L'objectif d'un doublement de la part modale du fret d'ici à 2030 a été inscrit dans la loi du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, dite Climat et résilience. De plus, une stratégie nationale pour le développement du fret ferroviaire comportant soixante-douze mesures a été présentée et 170 millions d'euros d'aides supplémentaires par an ont été alloués. Ce soutien additionnel sera prolongé jusqu'en 2027.
Dans ce contexte, les difficultés rencontrées par la filiale fret de la SNCF inquiètent. En effet, la Commission européenne a ouvert au mois de janvier dernier une procédure.
Monsieur le ministre, je sais l'investissement qui est le vôtre. Pouvez-vous nous rappeler les mesures que vous avez annoncées hier… §
Vous n’avez absolument rien proposé !
En ce qui nous concerne, des idées, nous en avons : prendre en compte la taille des logements familiaux dans les critères de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, dite loi SRU ; supprimer la modulation des allocations familiales ; supprimer la tarification horaire de la prestation de service unique (PSU), qui est complexe et engendre nombre de fraudes ; donner un véritable pouvoir de sanction aux services de protection maternelle et infantile (PMI) ; etc.
Monsieur le ministre, à chaque enfant qui naît, le monde recommence. Une politique familiale ambitieuse est la meilleure réforme des retraites. Vous disposez de 6 milliards d’euros pour financer cette politique.
M. Clément Beaune, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports. Monsieur le sénateur Dagbert, je le redis : nous vivons une situation difficile au regard de la procédure engagée par la Commission européenne. De la même façon, je le réaffirme, parce que le sujet est d'une grande gravité : je ne ferai pas le choix de la facilité qui consisterait à passer le dossier au ministre suivant et à verser dans quelques mois ou années des larmes de crocodile sur cette entreprise que l'on aurait laissé mourir par démagogie.
Je réglerai donc cette situation aujourd'hui – d'ici à la fin de l'année, pour répondre très précisément à votre question. Je le ferai par un accord exigeant, avec des lignes rouges très précises : la préservation intégrale de l'emploi – évidemment, aucun licenciement – et la préservation dans un opérateur public ferroviaire, dont l'avenir sera viable, de plus de 90 % des effectifs actuels.
Il va de soi qu'il faut un capital public au sein d'un groupe ferroviaire, la SNCF. En d'autres termes, aucune privatisation, mais aucun report modal non plus, car, monsieur le sénateur, vous avez rappelé les avantages du fret ferroviaire et nous en sommes convaincus : un train de fret, c'est l'équivalent de quarante camions, soit dix fois moins d'émissions de gaz à effet de serre.
C'est ce gouvernement qui a redressé la part du fret ferroviaire en France. Nous continuerons dans cette voie.
Je ne propose pas une solution du moindre mal ou un avenir au rabais. Je propose au contraire un avenir sérieux et positif pour le fret ferroviaire public et privé en France. Nous aurons en effet besoin de beaucoup d'opérateurs pour développer ce mode de transport.
C'est la raison pour laquelle, sous l'autorité de la Première ministre, nous avons décidé d'amplifier et d'accélérer le plan pour le fret que nous avions annoncé. Ainsi, 200 millions d'euros seront alloués dès la fin de l'année prochaine pour les aides au wagon isolé et à l'exploitation destinées aux opérateurs de fret ferroviaire, notamment l'opérateur public. Il s'agit là d'une visibilité donnée jusqu'en 2030 pour garantir les investissements et le redressement de la part du fret ferroviaire en France.
Dans les contrats de plan État-région, ce seront 2 milliards d'euros qui seront mobilisés pour l'investissement dans nos gares de triage et lignes de fret, soit quatre fois plus que dans les précédents contrats de plan. C'est un effort qui n'a jamais été accompli dans notre pays et que nous prolongerons de 2 milliards d'euros supplémentaires jusqu'au début de la prochaine décennie.
Il s'agit donc d'un effort dans la durée, d'un effort sérieux. Je ne veux pas que l'on vive dans l'incertitude. Je veux que l'on prépare l'avenir avec les salariés du fret ferroviaire public français.
Je souhaite à mon tour rendre hommage aux trois policiers de Roubaix décédés dans l'exercice de leurs fonctions. J'ai une pensée pour leurs familles, leurs proches, à laquelle, je le sais, s'associe l'ensemble de cet hémicycle.
Depuis deux mois, soixante-douze salariés de l'usine Vertbaudet demandent à vivre dignement du fruit de leur travail. Pour beaucoup, ce sont des femmes en grève pour la première fois de leur vie. §
Face au refus catégorique de la direction d'augmenter les salaires, un compromis dans la douleur a été trouvé : 0 % d'augmentation salariale, mais des primes désocialisées. Le délégué CFTC le dit très clairement : « C'était cela ou rien. Le 0 %, on l'a très mal vécu. »
Gréviste ou non, personne ne trouve normal qu'après « 20 ans de boîte » les salaires plafonnent au Smic au moment où tout augmente. Je partage l'inquiétude de ces femmes salariées, grandes perdantes de la réforme des retraites
Ma question s’adresse à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.
Je souhaite évoquer un grave sujet de fond, mais permettez-moi de le faire par le biais d’une rhétorique un peu inhabituelle : celle d’une charade, intitulée « Je fais ce que je veux, quand je veux, comme je veux et où je veux ! ».
Mon premier est une manifestation dite musicale, interdite par deux arrêtés préfectoraux.
Mon deuxième a réuni, malgré l’État de droit dans lequel nous vivons, plus de 30 000 personnes dans un petit village de l’Indre qui a subitement vu sa population multipliée par deux cent soixante-treize pour devenir, le temps d’un long week-end, la capitale de la rave-party.
Mon troisième, malgré la mobilisation de trois cent vingt gendarmes, s’est soldé par plus de cinq cents prises en charge par les services de secours, dont trente évacuations de personnes en urgence absolue.
Mon quatrième a produit quinze tonnes de déchets sur un terrain privé dont le propriétaire a vu converger en quelques heures, sans en être averti, une marée humaine de teufeurs.
Mon tout apporte de l’eau au moulin de ceux qui s’inquiètent du délitement de l’autorité de l’État.
Cet épisode du Teknival est loin d’être isolé. D’autres départements, y compris le mien, ont dû subir cette dictature de l’urgence et de la masse.
Si je sais bien, comme le rappelait Machiavel, que « le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal », j’ai toutefois deux questions à poser au Gouvernement au sujet de cet épisode affligeant.
La première est peut-être naïve, mais comment se fait-il que tout le monde ait été au courant de ce rassemblement, sauf ceux qui devaient l’être ?
La seconde est d’ordre pragmatique : pour dissuader ce genre d’événements illégaux et dangereux – sans parler de la consommation de drogue et d’alcool –, ne faut-il pas durcir les sanctions contre les organisateurs qui individuellement, à l’heure actuelle, ne risquent rien, si ce n’est 1 500 euros d’amende ?
Ces images de tant de désinvolture ont une résonance terrible dans l’opinion publique ! Au reste, je pense que le ministre de l’intérieur le sait fort bien.
Face à un blocage d'ordre social, la réponse ne peut pas être l'intimidation et la violence. Toutefois, Vertbaudet n'est qu'un exemple parmi d'autres.
Monsieur le ministre, durant la période du covid, vous nous expliquiez la main sur le cœur qu'il y aurait un avant et un après pour les travailleurs de première ligne. Allez-vous continuer à adresser des vœux pieux au patronat à coup de « demandes » ou bien allez-vous enfin endosser le rôle d'un État qui met réellement en pratique le partage juste de la valeur en se plaçant aux côtés des travailleurs ? §
Monsieur le sénateur Demilly, vous nous interrogez sur le rassemblement festif musical du 17 mai, baptisé Teknival Frenchtech 2023. Comme vous l’avez dit, il n’a pas été déclaré et aucune demande d’autorisation n’a été faite.
Pour répondre à votre première question, les renseignements territoriaux avaient bien identifié l’organisation en cours d’une manifestation de ce type dans le centre de la France. Mais, comme vous le savez, le lieu exact n’a été défini que quelques heures avant le rassemblement.
Ainsi, en quelques heures, près de vingt-cinq mille personnes se sont réunies sur le site. Cet événement a été organisé dans l’urgence, alors que les conditions ne s’y prêtaient absolument pas, ni d’un point de vue sanitaire ni d’un point de vue sécuritaire.
Je remercie les services de l’État, qui se sont rendus disponibles et ont été extrêmement efficaces pour accompagner cette manifestation. Sous l’autorité du préfet et en urgence, les moyens de l’État ont été mobilisés. Les services du conseil départemental, en particulier les sapeurs-pompiers, et les associations de sécurité civile l’ont été également.
Le préfet a coordonné, avec succès, un dispositif opérationnel pour garantir l’ordre public et éviter la circulation de festivaliers quittant le rassemblement sous l’emprise de l’alcool. Nous avons renforcé les moyens de manière significative : vous avez évoqué le chiffre de trois cent vingt gendarmes, monsieur le sénateur, mais ce sont en réalité quatre cent trente-quatre gendarmes qui ont été mobilisés sur l’opération pour empêcher tout trouble majeur à l’ordre public.
Nous pouvons tous ensemble saluer le bilan de l’opération : 30 200 personnes et 13 300 voitures ont été contrôlées ; cent cinquante-cinq personnes ont été verbalisées pour conduite en état d’ébriété et trente-deux pour usage de stupéfiants ; 300 grammes de résine de cannabis, 1 kilo d’herbe de cannabis et 40 grammes de cocaïne ont été saisis. Nous avons également saisi les groupes électrogènes.
La plupart des organisateurs ont été identifiés. Des procédures sont en cours et ils seront bien évidemment sanctionnés.
Madame la sénatrice Filleul, je compléterai les propos que j'ai tenus lors de ma réponse à la question de Mme la sénatrice Gréaume, en évoquant deux points.
Premier point, vous avez parlé d'intimidation et de violence. Je suppose que vous faites référence à l'agression qu'a subie l'un des délégués CGT de l'entreprise en question. Ce délégué a été reçu par les représentants de la préfecture et, comme vous l'imaginez, il lui a été vivement conseillé de déposer plainte. À l'heure où je m'exprime devant vous et à ma connaissance, cela n'a pas été fait. Les responsables de la préfecture se sont même heurtés à un refus de dépôt de plainte.
Second point, madame la sénatrice, vous avez évoqué l'accord intervenu à la fin du mois de mars dernier. Je vous confirme, mais vous en connaissez la teneur, que cet accord prévoit une prime à hauteur de 650 euros – de mémoire –, ainsi qu'un certain nombre de dispositions relatives à la rémunération, sans que soit prévue d'évolution salariale particulière.
Vous dites que l'État doit jouer son rôle. Nous le faisons, dans le respect des prérogatives des acteurs du dialogue social, par le biais d'une médiation. Comme je l'ai indiqué en réponse à Mme Gréaume, la réunion qui s'est tenue avant-hier dans le cadre de cette médiation n'a pas débouché sur un accord.
À l'heure où nous parlons, soixante-douze des presque trois cent cinquante salariés de Vertbaudet maintiennent leur mouvement de grève. Une réunion doit se tenir en toute fin de semaine. Je pense qu'un certain nombre de propositions seront formulées ; j'espère qu'elles seront de nature à avancer vers la résolution de ce conflit.
Alors que nous sommes face à une situation particulière, et je crois que vous entendrez cet argument, vous nous demandez d'intervenir pour décider à la place de celles et ceux qui sont chargés du dialogue social, à savoir l'employeur et les organisations syndicales. §
Une décision a été prise. Vous pouvez porter une appréciation négative sur l'accord intervenu à la fin du mois de mars. Reste que cet accord est, à juste titre, considéré comme majoritaire, puisqu'il a été signé par des organisations syndicales représentant 63 % des salariés concernés §
Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse qui ne me satisfait que partiellement.
Au-delà de l'exemple de Vertbaudet, la question qui se pose est d'envergure nationale : c'est celle de la politique salariale. Les Français veulent pouvoir vivre dignement de leur travail et je regrette que votre gouvernement ne soit pas au rendez-vous de leur attente. §
Madame la Première ministre, en 2022, près de 500 000 migrants légaux sont entrés en France, établissant un record absolu. À cela, il faut ajouter les immigrés illégaux : plus de 300 000 selon les estimations de Frontex. L'échec du Gouvernement à contrôler l'immigration est patent.
Le coût économique de cette immigration est un sujet que l'on ne peut plus éluder : l'aide médicale de l'État continue de progresser cette année – +12 % ! – pour atteindre 1, 2 milliard d'euros. §L'accueil des immigrés pèse de plus en plus sur nos finances publiques.
Le coût social de l'immigration est de moins en moins acceptable : la loi n'est pas respectée, les obligations de quitter le territoire français (OQTF) ne sont pas exécutées, le communautarisme et la violence gangrènent notre société, touchant bien souvent les Français les plus modestes.
Des solutions existent pour reprendre le contrôle de l'immigration. Certains pays, comme le Danemark, nous démontrent qu'il n'y a pas de fatalité. Encore faut-il en avoir la volonté !
L'excellent rapport d'information de notre collègue François-Noël Buffet sur la question migratoire nous montre d'ailleurs la voie en la matière. §
Des propositions concrètes ont été avancées par Les Républicains et deux propositions de loi, dont une proposition de loi constitutionnelle, offrent de nouvelles perspectives.
Madame la Première ministre, la France va mal et vous regardez ailleurs. Vous préférez temporiser en adoptant une approche du « en même temps » chère au Président de la République.
Madame la Première ministre, ma question est simple : quand allez-vous ouvrir les yeux sur le drame qui se joue devant vous et vous emparer sérieusement de ce sujet ? §
Voilà plus de soixante jours que des salariés de Vertbaudet, dans le Nord, sont en grève. Pour rappel, les employés de cette usine sont majoritairement des femmes.
L’entreprise Vertbaudet est l’une des cinquante-neuf entités détenues par le fonds d’investissement européen Equistone. L’examen du bilan financier de l’entreprise est édifiant : entre 2018 et 2021, sa marge nette est passée de –0, 7 % à +3, 6 % et sa valeur ajoutée de 49, 7 millions d’euros à 56, 6 millions ; sur la même période, la part des salaires sur le chiffre d’affaires est passée de 15, 6 % à 12, 1 %.
L’unique revendication de ces employés est une augmentation de salaire de 150 euros et tous les chiffres montrent que cette revendication est légitime. Ces travailleurs sont rattrapés par l’inflation et leurs fins de mois sont difficiles.
Depuis deux mois, aucun dialogue ne se tient avec la direction, des propos sexistes sont proférés et les salariés subissent interventions des forces de police, intimidations, menaces de licenciement… Tout y passe !
Ils sont déterminés et leur lutte devient emblématique. Les salaires dans l’entreprise varient de 1 300 euros à 1500 euros mensuels, quelle que soit l’ancienneté, alors que le dirigeant perçoit une rémunération de 60 000 euros par mois.
Cette grève met en lumière une question centrale : comment faire ses choix de vie sans un salaire digne ? Comment être véritablement libre sans indépendance économique ?
La solidarité et le soutien de l’ensemble du monde du travail s’expriment, y compris financièrement, et cette lutte est en quelque sorte devenue, par procuration, celle de tous les salariés du pays.
Le Gouvernement prétend appeler au partage de la valeur ; le cas de Vertbaudet n’offre-t-il pas une belle occasion de mettre ce principe en application ?
Monsieur le sénateur Leroy, comme vous, nous sommes évidemment préoccupés par les questions migratoires, qui se posent partout en Europe. Ainsi, le nombre des demandeurs d'asile a augmenté de près de 60 % en Europe en 2022. Vous le savez bien, tous les pays, quels que soient le régime politique et les choix qu'ils ont faits en matière migratoire, rencontrent les mêmes difficultés.
Même si ce n'était pas votre question, je vous fais remarquer que, contrairement à ce qui se passe chez nos voisins européens, il y a moins de demandes d'asile aujourd'hui qu'il n'y en a eu durant les trois dernières années. Par ailleurs, nous avons augmenté l'exécution des OQTF et des laissez-passer consulaires de plus de 20 % depuis le 1er janvier.
Monsieur le sénateur, vous évoquez des propositions. Nous serons évidemment heureux de les entendre.
Madame la sénatrice Gréaume, vous évoquez le conflit social qui a lieu en ce moment au sein de l’entreprise Vertbaudet, en particulier dans l’établissement situé dans votre département.
Ce conflit est bien connu des services de mon ministère et de mon cabinet. Il a été ouvert autour du 20 mars et un accord majoritaire, sur lequel vous êtes libre de porter une appréciation, a été signé par deux organisations syndicales, Force ouvrière (FO) et la CFE-CGC, qui ont recueilli 63 % des suffrages exprimés dans l’entreprise lors des dernières élections professionnelles.
La CGT n’a pas souhaité signer cet accord, a laissé le mouvement se poursuivre et a même encouragé sa poursuite.
Nous sommes tout à fait prêts à discuter avec l'ensemble de l'échiquier politique, singulièrement avec la majorité sénatoriale, et je vous rappelle que nous avons déposé un texte que vous avez déjà étudié en commission.
Certaines des propositions émanant du groupe Les Républicains que nous avons lues ce week-end dans la presse sont tout à fait concordantes avec les nôtres. Je pense au rétablissement de la double peine pour les étrangers délinquants, à l'intégration obligatoire par l'apprentissage du français ou encore à la simplification du droit – c'était l'un des points abordés dans le rapport d'information de François-Noël Buffet.
Nous avons donc beaucoup de convergences. Reste qu'il existe également des divergences, y compris des divergences de principe, dont il nous faudra sans doute débattre.
Ainsi, vous proposez, pour certaines dispositions, de sortir de la Convention de Genève de 1951, de sortir des traités de l'Union européenne, de sortir du Conseil de l'Europe, de sortir de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).
Dès le 9 avril, les services de la direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités ont engagé une médiation, qui s’est traduite par une première décision de l’entreprise, en l’occurrence le recrutement de trente personnes en intérim, dont la mission a été transformée en contrat de travail à durée indéterminée le 1er mai dernier.
L’accord qui a été conclu à la fin du mois de mars prévoit une augmentation de la rémunération, non par une voie salariale, c’est vrai, mais par la mise en œuvre de primes et d’autres modalités de rémunération.
C'est tout à fait vrai !
Un tel Frexit migratoire est évidemment une question importante. Il faut que nous puissions discuter des propositions constitutionnelles, mais vous reconnaîtrez que nous examinerons ici un projet de loi ordinaire.
J'en profite pour dire que, à la demande de la Première ministre, j'ai entrepris des discussions avec le groupe Les Républicains du Sénat et avec le groupe Union Centriste – je le ferai bien évidemment avec tous les autres groupes qui le souhaiteront – pour être à même de discuter de ce texte à l'automne prochain, arrêter d'en parler et commencer d'être concret, comme vous l'a proposé le Gouvernement. §
Depuis, un certain nombre de contacts ont été pris. Mon cabinet a notamment rendu possibles un échange et un rapprochement entre le cabinet de la secrétaire générale de la CGT, Mme Binet, et la direction générale de l’entreprise. Une réunion s’est de nouveau tenue lundi dernier – il y a donc deux jours – avec des propositions nouvelles de la direction que la CGT a de nouveau refusées.
À l’heure où nous parlons, environ soixante-dix salariés sur les trois cent quarante que compte le site sont toujours en grève. D’autres réunions sont prévues. Je souhaite évidemment que le dialogue social permette qu’elles aboutissent, dans le respect tant des prérogatives de chacun que de l’accord majoritaire qui a été signé voilà maintenant quelques semaines.
Madame la sénatrice, vous avez évoqué l’intervention de la police pour retirer les piquets de grève. Celle-ci, qui a eu lieu à la demande du préfet de région, a été décidée en application d’une ordonnance rendue par le tribunal saisi par l’entreprise plusieurs semaines auparavant.
M. Michel Dagbert. Ma question s’adresse à M. le ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports, et porte sur le fret ferroviaire. Comme quoi, dans cet hémicycle, on peut poser deux fois la même question, mais sous un prisme différent…
« Ce seront les divers responsables de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l'abondance géreront la pénurie et la survie. » Voilà ce que prophétisait le penseur Bernard Charbonneau il y a quarante ans.
Une augmentation de 4 degrés Celsius, c'est la catastrophe assurée, sans aucune adaptation possible : tout le littoral français sous l'eau, des vagues de chaleur bien supérieure aux 40 degrés Celsius auxquelles tout le monde ne pourra pas survivre, des sécheresses sévères, des pénuries d'eau, des pertes de récoltes.
Notre modèle est en cause. Le perpétuer, alors qu'il se heurte à ses limites, relève d'un déni impardonnable. Notre lutte contre la crise climatique doit s'intensifier, car elle va entraîner des dommages colossaux. Qui n'en est pas conscient ?
Votre mantra « pas d'impôt, pas de taxe » nous mène dans l'impasse.
Nous devons « faire en dix ans ce que nous avons eu de la peine à faire en trente ans », indique dans son rapport Jean Pisani-Ferry, qui n'est pourtant pas un dangereux éco-terroriste §et qui propose, entre autres solutions, de lever un impôt sur les 10 % les plus aisés pour financer la transition écologique. À vrai dire, il n'y a rien d'extravagant à imaginer que ceux-ci contribuent à cet effort à hauteur de leurs moyens.
En effet, changer sa chaudière et acquérir une voiture électrique n'est pas à la portée de tous les Français. Pourtant, la réduction subséquente en gaz à effet de serre, donc l'habitabilité de la planète, profitera à tous.
Une répartition équitable non seulement est la moindre des choses, mais relève d'une justice sociale absolument indispensable pour emporter l'adhésion et l'acceptation de tous. Nous n'avons cessé depuis 2017 de vous proposer des mesures fortes, comme l'instauration d'un impôt climatique de solidarité sur la fortune – en pure perte.
Comment envisagez-vous les financements nécessaires au changement radical qui s'impose à nous ?
Subissant la forte concurrence de la route, la part du rail dans le transport de marchandises n’a cessé de diminuer au cours des dernières décennies. Elle a ainsi été divisée par deux entre 2006 et 2019, pour passer de 20 % à 10 %. C’est un fait !
Les avantages du fret ferroviaire sont pourtant indéniables, faisant de celui-ci un formidable outil de décarbonation des activités économiques. Ainsi, un train de marchandises équivaut à quarante camions, il réalise près de dix fois moins d’émissions de CO2 et consomme six fois moins d’énergie à la tonne transportée que le mode routier. Là aussi, c’est un fait.
Le Conseil d’orientation des infrastructures, dans ses différents rapports, a d’ailleurs souligné l’importance qu’il y avait à le développer.
Comme vous l’avez rappelé, monsieur le ministre, le Gouvernement a affiché à plusieurs reprises sa volonté de soutenir le transport de marchandises par le rail. L’objectif d’un doublement de la part modale du fret d’ici à 2030 a été inscrit dans la loi du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, dite Climat et résilience. De plus, une stratégie nationale pour le développement du fret ferroviaire comportant soixante-douze mesures a été présentée et 170 millions d’euros d’aides supplémentaires par an ont été alloués. Ce soutien additionnel sera prolongé jusqu’en 2027.
Dans ce contexte, les difficultés rencontrées par la filiale fret de la SNCF inquiètent. En effet, la Commission européenne a ouvert au mois de janvier dernier une procédure.
Monsieur le ministre, je sais l’investissement qui est le vôtre. Pouvez-vous nous rappeler les mesures que vous avez annoncées hier…
Subissant la forte concurrence de la route, la part du rail dans le transport de marchandises n’a cessé de diminuer au cours des dernières décennies. Elle a ainsi été divisée par deux entre 2006 et 2019, pour passer de 20 % à 10 %. C’est un fait !
Les avantages du fret ferroviaire sont pourtant indéniables, faisant de celui-ci un formidable outil de décarbonation des activités économiques. Ainsi, un train de marchandises équivaut à quarante camions, il réalise près de dix fois moins d’émissions de CO2 et consomme six fois moins d’énergie à la tonne transportée que le mode routier. Là aussi, c’est un fait.
Le Conseil d’orientation des infrastructures, dans ses différents rapports, a d’ailleurs souligné l’importance qu’il y avait à le développer.
Comme vous l’avez rappelé, monsieur le ministre, le Gouvernement a affiché à plusieurs reprises sa volonté de soutenir le transport de marchandises par le rail. L’objectif d’un doublement de la part modale du fret d’ici à 2030 a été inscrit dans la loi du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, dite loi Climat et résilience. De plus, une stratégie nationale pour le développement du fret ferroviaire comportant soixante-douze mesures a été présentée et 170 millions d’euros d’aides supplémentaires par an ont été alloués. Ce soutien additionnel sera prolongé jusqu’en 2027.
Dans ce contexte, les difficultés rencontrées par la filiale fret de la SNCF inquiètent. En effet, la Commission européenne a ouvert au mois de janvier dernier une procédure.
Monsieur le ministre, je sais l’investissement qui est le vôtre. Pouvez-vous nous rappeler les mesures que vous avez annoncées hier…
Madame la sénatrice Préville, le rapport Pisani-Ferry, commandé par le Gouvernement, aborde de nombreux sujets. Sur les cent cinquante-six pages qu'il compte, je note que vous vous concentrez sur les trois qui concernent la fiscalité. Vous auriez pu souligner qu'il insiste sur la cohérence de la stratégie de planification défendue par la Première ministre.
Je tiens à rappeler une ou deux choses simples.
Dans ce domaine, chacun serait bien inspiré d'insister sur la hauteur de la marche et sur le chemin qu'il nous reste à parcourir, plutôt que de donner le sentiment que certains avaient la solution. En effet, depuis qu'il n'y a plus d'écologistes au gouvernement, le rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre a doublé. §
Une partie de ceux qui, par le passé, étaient les plus activistes et les plus radicaux et qui nous incitaient à l'époque à sortir du nucléaire, …
… seraient, si les gouvernements successifs les avaient écoutés, responsables d'une hausse des émissions qui nous aurait considérablement éloignés de là où nous en sommes aujourd'hui en termes d'empreinte.
Dans ce domaine, il y a à la fois un plan et une double stratégie : l'atténuation – nous avons évoqué cette question lundi – et l'adaptation.
M. Clément Beaune, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports. Monsieur le sénateur Dagbert, je le redis : nous vivons une situation difficile au regard de la procédure engagée par la Commission européenne. De la même façon, je le réaffirme, parce que le sujet est d’une grande gravité : je ne ferai pas le choix de la facilité qui consisterait à passer le dossier au ministre suivant et à verser dans quelques mois ou années des larmes de crocodile sur cette entreprise que l’on aurait laissé mourir par démagogie.
L'adaptation est nécessaire, ce n'est ni un déni ni un renoncement, mais une manière de constater ensemble que la trajectoire n'est pas à la bonne maille.
La question du financement ne peut pas être taboue et M. Pisani-Ferry l'aborde de telle sorte que plusieurs pistes sont possibles.
Il faut d'abord faire en sorte de réorienter les dépenses. Nous sommes parmi les champions du monde en termes de prélèvements obligatoires. L'écologie ne doit pas être le prétexte pour augmenter les impôts.
Je réglerai donc cette situation aujourd’hui – d’ici à la fin de l’année, pour répondre très précisément à votre question. Je le ferai par un accord exigeant, avec des lignes rouges très précises : la préservation intégrale de l’emploi – évidemment, aucun licenciement – et la préservation dans un opérateur public ferroviaire, dont l’avenir sera viable, de plus de 90 % des effectifs actuels.
Il va de soi qu’il faut un capital public au sein d’un groupe ferroviaire, la SNCF. En d’autres termes, aucune privatisation, mais aucun report modal non plus, car, monsieur le sénateur, vous avez rappelé les avantages du fret ferroviaire et nous en sommes convaincus : un train de fret, c’est l’équivalent de quarante camions, soit dix fois moins d’émissions de gaz à effet de serre.
C’est ce gouvernement qui a redressé la part du fret ferroviaire en France. Nous continuerons dans cette voie.
Je ne propose pas une solution du moindre mal ou un avenir au rabais. Je propose au contraire un avenir sérieux et positif pour le fret ferroviaire public et privé en France. Nous aurons en effet besoin de beaucoup d’opérateurs pour développer ce mode de transport.
C’est la raison pour laquelle, sous l’autorité de la Première ministre, nous avons décidé d’amplifier et d’accélérer le plan pour le fret que nous avions annoncé. Ainsi, 200 millions d’euros seront alloués dès la fin de l’année prochaine pour les aides au wagon isolé et à l’exploitation destinées aux opérateurs de fret ferroviaire, notamment l’opérateur public. Il s’agit là d’une visibilité donnée jusqu’en 2030 pour garantir les investissements et le redressement de la part du fret ferroviaire en France.
Dans les contrats de plan État-région, ce seront 2 milliards d’euros qui seront mobilisés pour l’investissement dans nos gares de triage et lignes de fret, soit quatre fois plus que dans les précédents contrats de plan. C’est un effort qui n’a jamais été accompli dans notre pays et que nous prolongerons de 2 milliards d’euros supplémentaires jusqu’au début de la prochaine décennie.
Il s’agit donc d’un effort dans la durée, d’un effort sérieux. Je ne veux pas que l’on vive dans l’incertitude. Je veux que l’on prépare l’avenir avec les salariés du fret ferroviaire public français.
Je réglerai donc cette situation aujourd’hui – d’ici à la fin de l’année, pour répondre très précisément à votre question. Je le ferai par un accord exigeant, avec des lignes rouges très précises : la préservation intégrale de l’emploi – évidemment, aucun licenciement – et la préservation dans un opérateur public ferroviaire, dont l’avenir sera viable, de plus de 90 % des effectifs actuels.
Il va de soi qu’il faut un capital public au sein d’un groupe ferroviaire, la SNCF. En d’autres termes, aucune privatisation, mais aucun report modal non plus, car, monsieur le sénateur, vous avez rappelé les avantages du fret ferroviaire et nous en sommes convaincus : un train de fret, c’est l’équivalent de quarante camions, soit dix fois moins d’émissions de gaz à effet de serre.
C’est ce gouvernement qui a redressé la part du fret ferroviaire en France. Nous continuerons dans cette voie.
Je ne propose pas une solution du moindre mal ou un avenir au rabais. Je propose au contraire un avenir sérieux et positif pour le fret ferroviaire public et privé en France. Nous aurons en effet besoin de beaucoup d’opérateurs pour développer ce mode de transport.
C’est la raison pour laquelle, sous l’autorité de la Première ministre, nous avons décidé d’amplifier et d’accélérer le plan pour le fret que nous avions annoncé. Ainsi, 200 millions d’euros seront alloués dès la fin de l’année prochaine pour les aides au wagon isolé et à l’exploitation destinées aux opérateurs de fret ferroviaire, notamment l’opérateur public. Il s’agit là d’une visibilité donnée jusqu’en 2030 pour garantir les investissements et le redressement de la part du fret ferroviaire en France.
Dans les contrats de plan État-région, 2 milliards d’euros seront mobilisés pour l’investissement dans nos gares de triage et lignes de fret, soit quatre fois plus que dans les précédents contrats de plan. Un tel effort n’a jamais été accompli dans notre pays et nous le prolongerons de 2 milliards d’euros supplémentaires jusqu’au début de la prochaine décennie.
Il s’agit donc d’un effort dans la durée, d’un effort sérieux. Je ne veux pas que l’on vive dans l’incertitude. Je veux que l’on prépare l’avenir avec les salariés du fret ferroviaire public français.
Monsieur le ministre, on ne peut pas se satisfaire de la situation, quel que soit ce qui a été engagé.
S'il est vrai que des mesures ont été engagées, nous avons des inquiétudes, par exemple sur les condamnations récurrentes de l'État pour inaction climatique ou non-respect de la qualité de l'air, sur des déclarations évoquant une pause réglementaire ou encore sur les régressions environnementales introduites dans certains textes.
Je partage vos propos, monsieur le ministre, sauf sur un point :…
Je souhaite à mon tour rendre hommage aux trois policiers de Roubaix décédés dans l’exercice de leurs fonctions. J’ai une pensée pour leurs familles, leurs proches, à laquelle, je le sais, s’associe l’ensemble de cet hémicycle.
Depuis deux mois, soixante-douze salariés de l’usine Vertbaudet demandent à vivre dignement du fruit de leur travail. Pour beaucoup, ce sont des femmes en grève pour la première fois de leur vie.
Face au refus catégorique de la direction d’augmenter les salaires, un compromis dans la douleur a été trouvé : 0 % d’augmentation salariale, mais des primes désocialisées. Le délégué CFTC le dit très clairement : « C’était cela ou rien. Le 0 %, on l’a très mal vécu. »
Gréviste ou non, personne ne trouve normal qu’après « 20 ans de boîte » les salaires plafonnent au Smic au moment où tout augmente. Je partage l’inquiétude de ces femmes salariées, grandes perdantes de la réforme des retraites
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.
La commune de Villegongis, dans l'Indre, 120 habitants, a dû accueillir 30 000 teuffeurs §à l'occasion du trentième Teknival.
Il est compréhensible que les jeunes se retrouvent pour écouter de la musique, mais il est inacceptable de le faire en violation du droit de propriété, en contradiction avec un arrêté préfectoral, en l'absence d'organisateurs identifiables, tout simplement en l'absence d'organisation !
C'est donc la collectivité dans son ensemble qui a organisé la sécurité physique et sanitaire des festivaliers et de la population.
Je veux saluer et remercier les sapeurs-pompiers de l'Indre, les associations de protection civile, les gendarmes, les équipes du service d'aide médicale urgente (Samu), le personnel de santé et les services de l'État et des collectivités, de leur mobilisation vingt-quatre heures sur vingt-quatre durant cinq jours.
Tout cela a un coût et c'est le contribuable qui paiera, même si – et c'est heureux – des confiscations ont eu lieu.
Au-delà de l'aspect financier, il est urgent de réinstaurer un cadre juridique ferme qui permette d'anticiper et de responsabiliser les festivaliers, comme cela était le cas avant 2016. L'illégalité entretient la clandestinité ; or les festivals continueront – ils existent depuis trente ans !
Monsieur le ministre, quelles mesures comptez-vous prendre pour mettre fin à l'impuissance de l'État face à ces situations ? §
Face à un blocage d’ordre social, la réponse ne peut pas être l’intimidation et la violence. Toutefois, Vertbaudet n’est qu’un exemple parmi d’autres.
Monsieur le ministre, durant la période du covid, vous nous expliquiez la main sur le cœur qu’il y aurait un avant et un après pour les travailleurs de première ligne. Allez-vous continuer à adresser des vœux pieux au patronat à coup de « demandes » ou bien allez-vous enfin endosser le rôle d’un État qui met réellement en pratique le partage juste de la valeur en se plaçant aux côtés des travailleurs ?
Face à un blocage d’ordre social, la réponse ne peut pas être l’intimidation et la violence. Toutefois, Vertbaudet n’est qu’un exemple parmi d’autres.
Monsieur le ministre, durant la période du covid-19, vous nous expliquiez la main sur le cœur qu’il y aurait un avant et un après pour les travailleurs de première ligne. Allez-vous continuer à adresser des vœux pieux au patronat à coup de « demandes » ou bien allez-vous enfin endosser le rôle d’un État qui met réellement en pratique le partage juste de la valeur en se plaçant aux côtés des travailleurs ?
Madame la sénatrice Bellurot, je vous remercie de vos propos sur les services publics, qu'ils relèvent de l'État ou des collectivités locales. Vos propos concernaient également, j'en suis sûr, les gendarmes, ainsi que le préfet qui était particulièrement mobilisé – je l'ai eu de très nombreuses fois au téléphone – et ses équipes.
Vous avez parfaitement raison, il y a eu violation du droit de propriété par plus de 30 000 personnes à l'occasion d'un rassemblement qui n'était pas déclaré. Dès que nous avons eu l'information, soit quelques heures avant que les festivaliers se rejoignent sur le site, un arrêté a été pris par M. le préfet. Je tiens évidemment à saluer l'engagement des élus municipaux malgré les difficultés que vous avez citées et les nuisances extrêmement fortes.
Pour autant, madame la sénatrice, comme il s'agissait d'un rassemblement de 30 000 personnes, dont beaucoup étaient très jeunes – la plupart avaient entre 15 et 30 ans –, j'ai pris la responsabilité de ne pas demander l'évacuation par la force afin d'éviter des drames. La protection de la jeunesse passait avant les nuisances, même si celles-ci étaient évidemment inacceptables.
En revanche, nous avons décidé de contrôler l'intégralité des personnes, ce qui représente plus de 30 000 contrôles, et 13 363 véhicules ont été inspectés. Cela a donné lieu à un millier de verbalisations ou d'interpellations pour consommation de stupéfiants ou conduite en état d'ébriété. De très nombreuses sortes de drogue ont été saisies.
Je souligne également que le préfet s'est appuyé sur l'article 40 du code de procédure pénale pour que des poursuites soient engagées et que l'on sache qui est responsable de cette situation et qui a organisé cette fête. Madame la sénatrice, vous comme moi, nous pensons qu'il y a beaucoup d'argent derrière tout cela…
Il est vrai que le droit actuel ne nous permet pas de poursuivre les organisateurs qui ne se déclarent pas. Il nous faut sans doute y travailler avec le Sénat, comme nous le faisons sur d'autres sujets, par exemple en ce qui concerne les gens qui s'installent illégalement sur des aires d'accueil. Le Sénat a formulé des propositions, le Gouvernement, en particulier le ministère de l'intérieur et le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, les examinera avec intérêt.
Madame la sénatrice Filleul, je compléterai les propos que j’ai tenus lors de ma réponse à la question de Mme la sénatrice Gréaume, en évoquant deux points.
Premier point, vous avez parlé d’intimidation et de violence. Je suppose que vous faites référence à l’agression qu’a subie l’un des délégués CGT de l’entreprise en question. Ce délégué a été reçu par les représentants de la préfecture et, comme vous l’imaginez, il lui a été vivement conseillé de déposer plainte. À l’heure où je m’exprime devant vous et à ma connaissance, cela n’a pas été fait. Les responsables de la préfecture se sont même heurtés à un refus de dépôt de plainte.
Second point, madame la sénatrice, vous avez évoqué l’accord intervenu à la fin du mois de mars dernier. Je vous confirme, mais vous en connaissez la teneur, que cet accord prévoit une prime à hauteur de 650 euros – de mémoire –, ainsi qu’un certain nombre de dispositions relatives à la rémunération, sans que soit prévue d’évolution salariale particulière.
Vous dites que l’État doit jouer son rôle. Nous le faisons, dans le respect des prérogatives des acteurs du dialogue social, par le biais d’une médiation. Comme je l’ai indiqué en réponse à Mme Gréaume, la réunion qui s’est tenue avant-hier dans le cadre de cette médiation n’a pas débouché sur un accord.
À l’heure où nous parlons, soixante-douze des presque trois cent cinquante salariés de Vertbaudet maintiennent leur mouvement de grève. Une réunion doit se tenir en toute fin de semaine. Je pense qu’un certain nombre de propositions seront formulées ; j’espère qu’elles seront de nature à avancer vers la résolution de ce conflit.
Alors que nous sommes face à une situation particulière, et je crois que vous entendrez cet argument, vous nous demandez d’intervenir pour décider à la place de celles et ceux qui sont chargés du dialogue social, à savoir l’employeur et les organisations syndicales.
Madame la sénatrice Filleul, je compléterai les propos que j’ai tenus lors de ma réponse à la question de Mme la sénatrice Gréaume, en évoquant deux points.
Premier point, vous avez parlé d’intimidation et de violence. Je suppose que vous faites référence à l’agression qu’a subie l’un des délégués CGT de l’entreprise en question. Ce délégué a été reçu par les représentants de la préfecture et, comme vous l’imaginez, il lui a été vivement conseillé de déposer plainte. À l’heure où je m’exprime devant vous et à ma connaissance, cela n’a pas été fait. Les responsables de la préfecture se sont même heurtés à un refus de dépôt de plainte.
Second point, madame la sénatrice, vous avez évoqué l’accord intervenu à la fin du mois de mars dernier. Je vous confirme, mais vous en connaissez la teneur, que cet accord prévoit une prime à hauteur de 650 euros – de mémoire –, ainsi qu’un certain nombre de dispositions relatives à la rémunération, sans que soit prévue d’évolution salariale particulière.
Vous dites que l’État doit jouer son rôle. Nous le faisons, dans le respect des prérogatives des acteurs du dialogue social, par le biais d’une médiation. Comme je l’ai indiqué en réponse à Mme Gréaume, la réunion qui s’est tenue avant-hier dans le cadre de cette médiation n’a pas débouché sur un accord.
À l’heure où nous parlons, soixante-douze des presque trois cent cinquante salariés de Vertbaudet maintiennent leur mouvement de grève. Une réunion doit se tenir en toute fin de semaine. Je pense qu’un certain nombre de propositions seront formulées ; j’espère qu’elles seront de nature à avancer vers la résolution de ce conflit.
Alors que nous sommes face à une situation particulière, et je crois que vous entendrez cet argument, vous nous demandez d’intervenir pour décider à la place de celles et de ceux qui sont chargés du dialogue social, à savoir l’employeur et les organisations syndicales.
Une décision a été prise. Vous pouvez porter une appréciation négative sur l’accord intervenu à la fin du mois de mars. Reste que cet accord est, à juste titre, considéré comme majoritaire, puisqu’il a été signé par des organisations syndicales représentant 63 % des salariés concernés
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
La Cour des comptes a rendu lundi un rapport sur l'avenir de l'élevage bovin qui a causé sur toutes les travées de cet hémicycle de vives réactions. J'associe d'ailleurs à mon émotion Nathalie Goulet, Anne-Catherine Loisier et tous ceux qui sont élus dans des terres d'élevage bovin, c'est-à-dire nombre de mes collègues.
Monsieur le ministre, Laurent Duplomb vous a interpellé sur ce sujet hier et vous lui avez répondu que vous feriez fermement le choix de la souveraineté nationale en la matière.
Toutefois, le rapport en question préconise clairement de manger et de produire moins de viande et d'être ainsi à l'équilibre. De fait, de cette manière, on assurerait notre souveraineté…
Monsieur le ministre, pouvez-vous me confirmer que vous voulez davantage pour l'élevage bovin, qu'il faut que cette filière d'excellence reste exportatrice et conserve des capacités de production supérieures à notre autosuffisance ? §
Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse qui ne me satisfait que partiellement.
Au-delà de l’exemple de Vertbaudet, la question qui se pose est d’envergure nationale : c’est celle de la politique salariale. Les Français veulent pouvoir vivre dignement de leur travail et je regrette que votre gouvernement ne soit pas au rendez-vous de leur attente.
Madame la sénatrice, votre question fait écho à un rapport de la Cour des comptes et à plusieurs questions qui m'ont été posées.
D'abord, j'invite chacun d'entre vous à lire la totalité du rapport de la Cour des comptes, sans vous limiter à la page 9 et à ses deux recommandations. Il faut rendre justice au travail qui a été accompli.
Ensuite, il est normal qu'un débat puisse avoir lieu, y compris avec la Cour des comptes, sur les équilibres à trouver. Au fond, la Cour des comptes propose la décroissance, c'est-à-dire une décapitalisation, pour répondre à des objectifs carbone que nous avons par ailleurs la nécessité de tenir.
Loin de moi l'idée de dire que l'élevage ne doit pas prendre sa part des efforts qu'il faut consentir en termes de décarbonation. D'ailleurs, les éleveurs se sont lancés dans cette voie. Ainsi, des travaux de recherche et d'innovation portant par exemple sur l'alimentation sont en cours pour tenir cette trajectoire.
Loin de moi aussi l'idée de dire qu'il ne faut pas tenir compte des évolutions de consommation depuis vingt ou trente ans. On sait que la consommation connaît une baisse structurelle et qu'il existe un report de la viande rouge vers la viande blanche. Il faut examiner cette tendance avec lucidité.
En revanche, ce qui est choquant, c'est de proposer comme seule perspective à un éleveur de ne plus être éleveur ! Or c'est bien l'objet de l'une des recommandations.
Voilà qui ne me semble pas acceptable. Ce n'est pas acceptable non seulement humainement, mais aussi au regard de certains territoires, en particulier ceux sur lesquels se trouvent les bovins allaitants, où il n'y a pas d'autre solution que de faire de l'élevage.
D'ailleurs, dans son rapport que je vous invite de nouveau à consulter, la Cour des comptes insiste sur la façon de mieux prendre en compte les autres services que rend l'élevage, en plus de celui, primordial, qui consiste à nous alimenter.
Nous devons réfléchir non seulement à la quantité de viande qu'il nous faut produire en France pour répondre aux besoins de consommation, mais aussi aux aménités qu'apporte l'élevage : les haies, le maintien des paysages ouverts, la lutte contre les incendies de forêt, le maintien des prairies, la préservation de la biodiversité… Tout cela a de la valeur et il faut en tenir compte dans les soutiens financiers qui sont apportés à l'élevage.
Ne caricaturons pas les positions des uns et des autres. Nous avons besoin d'avoir une trajectoire carbone à l'échelon national, mais nous avons aussi besoin de respecter les éleveurs dans leur travail et dans les différentes aménités que leurs élevages apportent à la société française tout entière. §
On avait un peu l'impression que des experts s'étaient rendus dans une prairie pour mesurer le méthane émis... Vous qui vous y connaissez, vous savez qu'une vache qui pète au Brésil ou au Canada a exactement le même effet sur la planète que si elle le fait en France ! §Blague à part, monsieur le ministre, vous avez compris mon propos.
Si les politiques publiques et les experts de la Cour des comptes doivent maintenant tenir compte du bilan carbone dans les évaluations des politiques publiques, il va falloir cesser de soutenir le pouvoir d'achat des ménagères qui mettent dans leurs caddies des bananes ou du café, qui sont autant de produits au bilan carbone déplorable. §
Madame la Première ministre, en 2022, près de 500 000 migrants légaux sont entrés en France, établissant un record absolu. À cela, il faut ajouter les immigrés illégaux : plus de 300 000 selon les estimations de Frontex. L’échec du Gouvernement à contrôler l’immigration est patent.
Le coût économique de cette immigration est un sujet que l’on ne peut plus éluder : l’aide médicale de l’État continue de progresser cette année – +12 % ! – pour atteindre 1, 2 milliard d’euros. §L’accueil des immigrés pèse de plus en plus sur nos finances publiques.
Le coût social de l’immigration est de moins en moins acceptable : la loi n’est pas respectée, les obligations de quitter le territoire français (OQTF) ne sont pas exécutées, le communautarisme et la violence gangrènent notre société, touchant bien souvent les Français les plus modestes.
Des solutions existent pour reprendre le contrôle de l’immigration. Certains pays, comme le Danemark, nous démontrent qu’il n’y a pas de fatalité. Encore faut-il en avoir la volonté !
L’excellent rapport d’information de notre collègue François-Noël Buffet sur la question migratoire nous montre d’ailleurs la voie en la matière.
Des propositions concrètes ont été avancées par Les Républicains et deux propositions de loi, dont une proposition de loi constitutionnelle, offrent de nouvelles perspectives.
Madame la Première ministre, la France va mal et vous regardez ailleurs. Vous préférez temporiser en adoptant une approche du « en même temps » chère au Président de la République.
Madame la Première ministre, ma question est simple : quand allez-vous ouvrir les yeux sur le drame qui se joue devant vous et vous emparer sérieusement de ce sujet ?
L'activité cidricole génère de nombreux emplois et représente une filière économique importante dans certains territoires ruraux. C'est notamment le cas en Normandie, mais aussi dans d'autres régions françaises.
Les cidres français sont des productions de qualité, souvent valorisées sous label. Ils sont fabriqués à partir de 100 % de jus de pomme ou de moût concentré de pommes fraîches.
D'autres États européens produisent eux aussi une boisson également appelée cidre, dont la teneur en jus de pommes est bien plus faible, de l'ordre de 5 %, 10 % ou 25 %. Elle contient en plus de l'eau et du sucre en quantité, voire des exhausteurs de goût.
Devant ces disparités, la Commission européenne souhaite, semble-t-il, harmoniser la définition des cidres commercialisés. Les professionnels s'inquiètent d'une harmonisation par le bas, qui serait préjudiciable à la filière.
Monsieur le ministre, où en sont réellement les travaux sur ce sujet ? Comment le Gouvernement entend-il préserver le cidre français et ses spécificités à l'échelon européen ? §
Monsieur le sénateur Leroy, comme vous, nous sommes évidemment préoccupés par les questions migratoires, qui se posent partout en Europe. Ainsi, le nombre des demandeurs d’asile a augmenté de près de 60 % en Europe en 2022. Vous le savez bien, tous les pays, quels que soient le régime politique et les choix qu’ils ont faits en matière migratoire, rencontrent les mêmes difficultés.
Même si ce n’était pas votre question, je vous fais remarquer que, contrairement à ce qui se passe chez nos voisins européens, il y a moins de demandes d’asile aujourd’hui qu’il n’y en a eu durant les trois dernières années. Par ailleurs, nous avons augmenté l’exécution des OQTF et des laissez-passer consulaires de plus de 20 % depuis le 1er janvier.
Monsieur le sénateur, vous évoquez des propositions. Nous serons évidemment heureux de les entendre.
Monsieur le sénateur, vous m'interrogez sur la filière du cidre. Nous sommes nombreux, y compris la Première ministre, à être sensibles à cette question, certains ici étant de bons Normands.
M. Gérald Darmanin, ministre. Nous n’avons pas encore vu les deux textes proposés par le groupe Les Républicains, mais nous avons compris qu’ils ne faisaient pas totalement consensus au sein de la majorité sénatoriale, puisque les membres du groupe Union Centriste s’apprêtent eux-mêmes à déposer des textes.
Votre question porte principalement sur l'harmonisation de la législation et sur l'étiquetage du cidre.
La vérité, c'est que, aujourd'hui, il n'y a pas de règle. Chacun peut dénommer cidre, ou cider dans certains pays, des produits qui ne satisfont pas tous aux mêmes exigences. Vous l'avez rappelé, le cidre que l'on boit en France est constitué à 100 % de pommes ; elles ne sont pas mélangées à autre chose.
Dans ce contexte, la France défend une harmonisation vers le haut. Alors que nos frontières sont ouvertes et qu'il est possible de dénommer « cidre » un produit qui n'en est pas vraiment un, notre objectif est de mieux valoriser la qualité du cidre français, en particulier celui qui provient de la région que vous connaissez bien. Nous travaillons sur cette base avec la Commission européenne.
À l'échelon européen, ce qui compte, c'est non pas d'avoir raison ou de défendre une position, c'est de trouver une majorité et pour cela de parvenir à convaincre ses collègues. C'est le travail que nous menons afin que la dénomination « cidre » soit réservée aux produits composés à 100 % de pommes. Les autres produits pourraient être appelés comme on veut, mais en aucun cas « cidre », si l'on parvenait à une telle harmonisation européenne.
Tels sont les éléments dont je peux vous faire part aujourd'hui. Le processus sera assez long, mais il n'est pas acceptable pour la France de dégrader la qualité du cidre français, laquelle est appréciée par les Français, mais aussi au-delà de nos frontières. Nous avons besoin de mieux la faire reconnaître. À cet égard, l'étiquetage est un élément important.
Nous sommes tout à fait prêts à discuter avec l’ensemble de l’échiquier politique, singulièrement avec la majorité sénatoriale, et je vous rappelle que nous avons déposé un texte que vous avez déjà étudié en commission.
Certaines des propositions émanant du groupe Les Républicains que nous avons lues ce week-end dans la presse sont tout à fait concordantes avec les nôtres. Je pense au rétablissement de la double peine pour les étrangers délinquants, à l’intégration obligatoire par l’apprentissage du français ou encore à la simplification du droit – c’était l’un des points abordés dans le rapport d’information de François-Noël Buffet.
Nous avons donc beaucoup de convergences. Reste qu’il existe également des divergences, y compris des divergences de principe, dont il nous faudra sans doute débattre.
Ainsi, vous proposez, pour certaines dispositions, de sortir de la Convention de Genève de 1951, de sortir des traités de l’Union européenne, de sortir du Conseil de l’Europe, de sortir de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
C’est tout à fait vrai !
Un tel Frexit migratoire est évidemment une question importante. Il faut que nous puissions discuter des propositions constitutionnelles, mais vous reconnaîtrez que nous examinerons ici un projet de loi ordinaire.
J’en profite pour dire que, à la demande de la Première ministre, j’ai entrepris des discussions avec le groupe Les Républicains du Sénat et avec le groupe Union Centriste – je le ferai bien évidemment avec tous les autres groupes qui le souhaiteront – pour être à même de discuter de ce texte à l’automne prochain, arrêter d’en parler et commencer d’être concret, comme vous l’a proposé le Gouvernement.
La Commission européenne précise que le rapport qu'elle a réalisé sur cette question « ne conduira pas forcément à une proposition législative ». Or, nous le savons, la pomme ne tombe jamais bien loin de l'arbre : la méfiance et la vigilance sont donc de mise.
On connaît le zèle de certains « normateurs », ainsi que leur capacité à prendre le bon sens à contre-pied. Vous l'avez compris, monsieur le ministre, nous comptons sur vous ! §
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
Le 1er mars dernier, sur l'initiative de notre groupe, un débat a été organisé sur la mixité sociale à l'école. Le constat, implacable, était partagé sur l'ensemble de nos travées : alors que la proportion d'élèves issus de milieux défavorisés est en moyenne de 42, 6 % dans le public, elle est de seulement 18 % dans le privé.
Ces écarts ne cessent de se creuser depuis vingt ans. Nous allons vers un système scolaire à deux vitesses : une école privée réservée aux enfants privilégiés et une école publique pour tous les autres.
Voilà le véritable séparatisme à l'œuvre dans notre pays !
Lors de ce débat du 1er mars, le ministre de l'éducation nationale a déclaré : « Parce que l'argent public finance l'enseignement privé sous contrat » – à hauteur de 73 %, je le rappelle –, « il est normal d'exiger de ce dernier qu'il favorise aussi la mixité des élèves. »
Il parlait alors de moyens de pression sur les établissements privés sous contrat et envisageait notamment de moduler leur subvention, sous forme de bonus-malus, mais aussi de jouer sur les allocations de postes. Il avait même abordé la question de la sectorisation, qui, selon lui, avait donné « des résultats probants ».
Nous attendions donc avec impatience des annonces fortes de la part du Gouvernement pour mettre fin à cette ségrégation scolaire qui mine notre pacte social et fait de notre pays l'un des plus inégalitaires de l'OCDE.
Or le protocole d'accord qui a été dévoilé le 17 mai, après deux reports, a fait pschitt ! Il ne prévoit ni exigences contraignantes, ni modulation des subventions ou des allocations de postes, ni bonus-malus, encore moins de sectorisation !
Nous comprenons donc que ce gouvernement, qui défend toujours les plus privilégiés, n'agira pas pour accroître la mixité scolaire.
Quand le Gouvernement prendra-t-il la mesure du problème ? Quand prendra-t-il...
Monsieur le sénateur Yan Chantrel, je vous prie tout d'abord de bien vouloir excuser l'absence de M. le ministre de l'éducation nationale, Pap Ndiaye, qui est retenu pour la remise des prix « Non au harcèlement ».
Vous le savez, notre ambition est de mener une action résolument concrète de réduction de la ségrégation sociale au sein de nos établissements scolaires. En effet, nous ne pouvons pas nous satisfaire de la situation actuelle. Vous l'avez rappelé, l'écart de composition sociale entre élèves des établissements du public, mais aussi entre établissements du public et du privé, se creuse depuis les années 2000.
Pour remédier à cette situation, le ministre de l'éducation nationale a d'abord voulu agir sur les établissements publics, qui rassemblent, je le rappelle, 90 % des élèves. C'est pourquoi il a demandé à l'ensemble des recteurs de s'emparer de différents leviers, l'objectif étant de faire progresser de 20 % la mixité sociale dans les établissements publics d'ici à 2027.
Ensuite, le ministre a souhaité privilégier la concertation plutôt que la contrainte avec les établissements d'enseignement privés, d'autant que les acteurs de l'enseignement catholique se préoccupent de la mixité sociale et scolaire et qu'ils ont très vite montré leur volonté de s'engager sur ce sujet.
« Ce seront les divers responsables de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. » Voilà ce que prophétisait le penseur Bernard Charbonneau il y a quarante ans.
Une augmentation de 4 degrés Celsius, c’est la catastrophe assurée, sans aucune adaptation possible : tout le littoral français sous l’eau, des vagues de chaleur bien supérieure aux 40 degrés Celsius auxquelles tout le monde ne pourra pas survivre, des sécheresses sévères, des pénuries d’eau, des pertes de récoltes.
Notre modèle est en cause. Le perpétuer, alors qu’il se heurte à ses limites, relève d’un déni impardonnable. Notre lutte contre la crise climatique doit s’intensifier, car elle va entraîner des dommages colossaux. Qui n’en est pas conscient ?
Votre mantra « pas d’impôt, pas de taxe » nous mène dans l’impasse.
Nous devons « faire en dix ans ce que nous avons eu de la peine à faire en trente ans », indique dans son rapport Jean Pisani-Ferry, qui n’est pourtant pas un dangereux éco-terroriste §et qui propose, entre autres solutions, de lever un impôt sur les 10 % les plus aisés pour financer la transition écologique. À vrai dire, il n’y a rien d’extravagant à imaginer que ceux-ci contribuent à cet effort à hauteur de leurs moyens.
En effet, changer sa chaudière et acquérir une voiture électrique n’est pas à la portée de tous les Français. Pourtant, la réduction subséquente en gaz à effet de serre, donc l’habitabilité de la planète, profitera à tous.
Une répartition équitable non seulement est la moindre des choses, mais relève d’une justice sociale absolument indispensable pour emporter l’adhésion et l’acceptation de tous. Nous n’avons cessé depuis 2017 de vous proposer des mesures fortes, comme l’instauration d’un impôt climatique de solidarité sur la fortune – en pure perte.
Comment envisagez-vous les financements nécessaires au changement radical qui s’impose à nous ?
C'est bien grâce à cette concertation, fruit d'un travail de plusieurs mois, que nous avons pu signer mercredi dernier un protocole d'engagement commun avec le secrétaire général de l'enseignement catholique. Cela n'avait pas été fait depuis plus de trente ans, cela mérite d'être souligné.
Ce protocole prévoit notamment un suivi, au moyen d'indicateurs précis, des effets des actions engagées sur l'évolution de la mixité sociale et scolaire au sein des établissements privés sous contrat. C'est une avancée importante, qu'il faut souligner.
Nous pensons que, pour mettre en œuvre une politique en faveur de l'égalité des chances et pour que tous les élèves réussissent, il faut convaincre et non contraindre. §
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, même s'il est toujours désagréable de s'adresser à un absent...
En 2022, pour faire face à la hausse continue du nombre d'atteintes à la laïcité, le ministre a élaboré un plan. Depuis sa publication, que constate-t-on ?
Au mois d'octobre dernier, le nombre de signalements avait atteint 720, soit une hausse de 130 % par rapport au mois précédent. Au mois de mars, il a encore dépassé 500.
Comme l'a déclaré M. le ministre, la hausse du mois d'octobre est liée à la commémoration de l'assassinat de Samuel Paty. Les 500 cas du mois de mars correspondent, selon lui, à une « remontée chaque année au moment du ramadan ». Ses explications très catégoriques ont d'ailleurs eu pour seul effet de susciter une polémique, notamment avec la Grande Mosquée de Paris.
Les données communiquées par les services du ministère concernant le mois d'avril, dans l'académie de Paris, ne sont pas bonnes. Je laisse au ministre le soin de les annoncer... Ce sont les chiffres les plus élevés depuis la rentrée de septembre.
À cela s'ajoutent les signalements d'actes d'antisémitisme, qui, eux, ne constituent pas des atteintes à la laïcité, mais relèvent de procédures pénales.
Ces statistiques sont-elles fiables ? La réponse est non ! Ces chiffres sont manifestement sous-estimés ! Pour le principal syndicat des personnels de direction des collèges et lycées, les tenues litigieuses, les contestations d'enseignement ou même les difficultés lors des sorties scolaires ne font pas l'objet de signalements de manière systématique.
Ces statistiques sont-elles utiles ? La réponse est encore non ! Les attaques à la laïcité ne font l'objet d'aucune réponse.
Les chefs d'établissement se sentent bien seuls. Ils attendent des réponses concrètes. Ils demandent des outils réglementaires pour mieux gérer ces situations. L'absence de fermeté du ministre sur tous ces sujets laisse la porte ouverte à toutes les revendications communautaires.
Ma question est simple : le ministre va-t-il se contenter mois après mois de recenser les atteintes à la laïcité et de les commenter ? Ou va-t-il enfin donner aux responsables d'établissement des directives claires ?
Madame la sénatrice Préville, le rapport Pisani-Ferry, commandé par le Gouvernement, aborde de nombreux sujets. Sur les cent cinquante-six pages qu’il compte, je note que vous vous concentrez sur les trois qui concernent la fiscalité. Vous auriez pu souligner qu’il insiste sur la cohérence de la stratégie de planification défendue par la Première ministre.
atteintes à la laïcité à l'école
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, même s'il est toujours désagréable de s'adresser à un absent...
En 2022, pour faire face à la hausse continue du nombre d'atteintes à la laïcité, le ministre a élaboré un plan. Depuis sa publication, que constate-t-on ?
Au mois d'octobre dernier, le nombre de signalements avait atteint 720, soit une hausse de 130 % par rapport au mois précédent. Au mois de mars, il a encore dépassé 500.
Comme l'a déclaré M. le ministre, la hausse du mois d'octobre est liée à la commémoration de l'assassinat de Samuel Paty. Les 500 cas du mois de mars correspondent, selon lui, à une « remontée chaque année au moment du ramadan ». Ses explications très catégoriques ont d'ailleurs eu pour seul effet de susciter une polémique, notamment avec la Grande Mosquée de Paris.
Les données communiquées par les services du ministère concernant le mois d'avril, dans l'académie de Paris, ne sont pas bonnes. Je laisse au ministre le soin de les annoncer... Ce sont les chiffres les plus élevés depuis la rentrée de septembre.
À cela s'ajoutent les signalements d'actes d'antisémitisme, qui, eux, ne constituent pas des atteintes à la laïcité, mais relèvent de procédures pénales.
Ces statistiques sont-elles fiables ? La réponse est non ! Ces chiffres sont manifestement sous-estimés ! Pour le principal syndicat des personnels de direction des collèges et lycées, les tenues litigieuses, les contestations d'enseignement ou même les difficultés lors des sorties scolaires ne font pas l'objet de signalements de manière systématique.
Ces statistiques sont-elles utiles ? La réponse est encore non ! Les atteintes à la laïcité ne font l'objet d'aucune réponse.
Les chefs d'établissement se sentent bien seuls. Ils attendent des réponses concrètes. Ils demandent des outils réglementaires pour mieux gérer ces situations. L'absence de fermeté du ministre sur tous ces sujets laisse la porte ouverte à toutes les revendications communautaires.
Ma question est simple : le ministre va-t-il se contenter mois après mois de recenser les atteintes à la laïcité et de les commenter ? Ou va-t-il enfin donner aux responsables d'établissement des directives claires ?
M. Christophe Béchu, ministre. La phrase du rapport de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz soulignant qu’il nous fallait faire en dix ans ce que nous n’avions pas fait en trente ans est en fait une citation d’Élisabeth Borne qui date du mois d’octobre dernier au moment du lancement du Conseil national de la refondation (CNR) sur le climat et la biodiversité.
Monsieur le sénateur Charon, avant de répondre à votre question, permettez-moi de rappeler plusieurs actions engagées par M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, absent aujourd'hui, car il remet les prix « Non au harcèlement ».
Le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse a demandé la publication du nombre mensuel d'atteintes à la laïcité. Vous avez rappelé ces chiffres, qui sont désormais disponibles sur le site du ministère de l'éducation nationale, afin de favoriser la transparence, d'améliorer le suivi et de mieux organiser la mobilisation contre les atteintes à la laïcité.
Il a par ailleurs renforcé, là où c'est nécessaire, les équipes académiques Valeurs de la République et étendu la formation sur ce sujet à tous les personnels de l'éducation nationale. Je rappelle que le plan qu'il a annoncé en novembre 2022 a déjà permis à 300 000 personnels d'éducation, dont 5 000 chefs d'établissement et adjoints, d'être ainsi formés. Cette formation concrète permet aux uns et aux autres d'être mieux accompagnés et de disposer d'outils efficaces pour lutter contre les atteintes à la laïcité.
Le ministre de l'éducation nationale a également renforcé les mesures disciplinaires en cas d'atteinte au principe de laïcité et diffusé une circulaire très claire aux chefs d'établissement, pour qui, jusqu'à présent, les procédures à mettre en œuvre étaient floues.
Enfin, il a institutionnalisé le Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République en complétant sa composition, cinq ans après la création de cette instance. Ses membres historiques ont d'ailleurs tous été confirmés dans leurs fonctions.
Monsieur le sénateur, l'engagement du Gouvernement, en particulier celui du ministre de l'éducation nationale, dans la lutte contre les atteintes à la laïcité est sans faille. Plus que des mots, la situation requiert des actions fortes : l'accompagnement des personnels, ainsi que des mesures disciplinaires, lesquelles relèvent du domaine réglementaire. §
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Pascal Martin applaudit également.
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.
Dimanche matin, au commissariat de Roubaix, une équipe de policiers qui prenait la relève de l'équipe de nuit a répondu à l'appel de détresse d'une jeune fille. Une patrouille de jeunes policiers s'est vue confier la mission de recueillir une mineure présumée violée afin de la protéger et de la conduire à l'hôpital.
Cette intervention au service des autres sera la dernière pour Paul, Steven et Manon. Ce matin-là, ils sont partis de chez eux heureux, ignorant qu'ils ne reverraient jamais leurs proches.
À Roubaix, il existe une véritable solidarité entre la police nationale, la police municipale et les pompiers. C'est une ville méritante.
À l'École nationale de police de Roubaix, la directrice, la commissaire Kichtchenko, apprend aux nouvelles recrues les difficultés de la profession. Il leur faudra faire preuve de beaucoup de professionnalisme et de rigueur pour exercer ce métier. Manon, stagiaire, était prête à entrer dans cette grande famille.
Abdelkader Haroune, le commissaire principal de Roubaix, dirige le commissariat avec bienveillance et fermeté. Il dit toujours à ses agents combien la police est un réel ascenseur social pour tous ceux qui ont à cœur de défendre les valeurs de la République.
Monsieur le ministre, vous êtes fier de vos hommes ; vous avez bien raison de les défendre.
La mort de ces trois jeunes policiers de Roubaix démontre encore une fois les risques de ce métier. Ces jeunes ont été tués par un chauffard ivre, sous l'emprise de stupéfiants, roulant à grande vitesse et à contresens, un récidiviste connu des services de police.
Leur décès est un choc immense pour tous leurs collègues, leurs proches, le Nord et, plus largement, notre pays tout entier. Ce qui s'est produit est inacceptable.
Au nom de tous mes collègues, j'adresse mes sincères condoléances aux familles et aux proches de ces jeunes. Aujourd'hui, l'heure est au recueillement, monsieur le ministre, mais que pourrons-nous faire dès demain pour mettre fin à ce fléau ?
Le Gouvernement entend-il prendre des mesures pour intensifier la lutte contre les conducteurs dangereux, sous l'emprise de drogues ou d'alcool ? Envisage-t-il de durcir les peines encourues en pareil cas ? §
Monsieur le sénateur Charon, avant de répondre à votre question, permettez-moi de rappeler plusieurs actions engagées par M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, absent aujourd'hui, car il remet les prix « Non au harcèlement ».
Le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse a demandé la publication du nombre mensuel d'atteintes à la laïcité. Vous avez rappelé ces chiffres, qui sont désormais disponibles sur le site du ministère de l'éducation nationale, afin de favoriser la transparence, améliorer le suivi et mieux organiser la mobilisation contre les atteintes à la laïcité.
Il a par ailleurs renforcé, là où c'est nécessaire, les équipes académiques Valeurs de la République et étendu la formation sur ce sujet à tous les personnels de l'éducation nationale. Je rappelle que le plan qu'il a annoncé en novembre 2022 a déjà permis à 300 000 personnels d'éducation, dont 5 000 chefs d'établissement et adjoints, d'être ainsi formés. Cette formation concrète permet aux uns et aux autres d'être mieux accompagnés et de disposer d'outils efficaces pour lutter contre les atteintes à la laïcité.
Le ministre de l'éducation nationale a également renforcé les mesures disciplinaires en cas d'atteinte au principe de laïcité et diffusé une circulaire très claire aux chefs d'établissement, pour qui, jusqu'à présent, les procédures à mettre en œuvre étaient floues.
Enfin, il a institutionnalisé le Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République en complétant sa composition, cinq ans après la création de cette instance. Ses membres historiques ont d'ailleurs tous été confirmés dans leurs fonctions.
Monsieur le sénateur, l'engagement du Gouvernement, en particulier celui du ministre de l'éducation nationale, dans la lutte contre les atteintes à la laïcité est sans faille. Plus que des mots, la situation requiert des actions fortes : l'accompagnement des personnels, ainsi que des mesures disciplinaires, lesquelles relèvent du domaine réglementaire. §
décès de policiers dans le nord
Je tiens à rappeler une ou deux choses simples.
Dans ce domaine, chacun serait bien inspiré d’insister sur la hauteur de la marche et sur le chemin qu’il nous reste à parcourir, plutôt que de donner le sentiment que certains avaient la solution. En effet, depuis qu’il n’y a plus d’écologistes au gouvernement, le rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre a doublé.
Merci, madame la sénatrice Brigitte Lherbier, des mots très touchants que vous avez eus au sujet de ces trois jeunes policiers du commissariat de Roubaix.
Ce commissariat compte parmi les plus difficiles de France. Ses moyens sont à la hauteur des difficultés auxquelles font face ses policiers et ses personnels administratifs, qui, comme le commissaire Haroune dont vous avez parlé, font l'honneur de la police nationale.
Demain, à l'École nationale de la police de Roubaix, le Président de la République rendra officiellement hommage à ces policiers, qui sont à 24 ans, à 25 ans, à 26 ans, je tiens à le dire, l'honneur de la France et du service public. Nous pensons tous à leurs familles, en particulier à ce petit garçon qui aura un an dans les prochains jours et à la jeune femme enceinte de l'un de ces jeunes policiers.
L'assassin, celui qui conduisait la voiture roulant à contresens, a brisé trois destins, mais il a également blessé toute la police nationale.
Après le temps de l'hommage, il faudra évidemment engager une réflexion, madame la sénatrice, ce fait divers n'étant malheureusement pas le seul de ce type. Trop de chauffards, trop d'assassins tuent sur les routes sous l'emprise de stupéfiants ou d'alcool. Nous travaillons avec le garde des sceaux afin de limiter la survenue de tels drames.
Nous avons ainsi proposé le retrait des douze points du permis de conduire pour ceux qui conduisent sous l'emprise de stupéfiants. Il s'agit là d'une mesure d'ordre réglementaire. Le garde des sceaux a également proposé de renommer cet homicide et de le qualifier d'homicide routier. Beaucoup de propositions émanent par ailleurs de votre assemblée, de toutes ses travées.
Nous espérons que le travail que font les policiers et les gendarmes tous les jours sur les routes permettra d'empêcher ces chauffards de continuer à tuer. M. le garde des sceaux et moi-même, sous l'autorité de Mme la Première ministre, sommes à la disposition du Parlement, en particulier du Sénat, et de vous-même, madame la sénatrice, pour travailler sur cette question, en mémoire de ces trois jeunes policiers. §
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.
Dimanche matin, au commissariat de Roubaix, une équipe de policiers qui prenait la relève de l'équipe de nuit a répondu à l'appel de détresse d'une jeune fille. Une patrouille de jeunes policiers s'est vue confier la mission de recueillir une mineure présumée violée afin de la protéger et de la conduire à l'hôpital.
Cette intervention au service des autres aura été la dernière pour Paul, Steven et Manon. Ce matin-là, ils sont partis de chez eux heureux, ignorant qu'ils ne reverraient jamais leurs proches.
À Roubaix, il existe une véritable solidarité entre la police nationale, la police municipale et les pompiers. C'est une ville méritante.
À l'École nationale de police de Roubaix, la directrice, la commissaire Kichtchenko, apprend aux nouvelles recrues les difficultés de la profession. Il leur faudra faire preuve de beaucoup de professionnalisme et de rigueur pour exercer ce métier. Manon, stagiaire, était prête à entrer dans cette grande famille.
Abdelkader Haroune, le commissaire principal de Roubaix, dirige le commissariat avec bienveillance et fermeté. Il dit toujours à ses agents combien la police est un réel ascenseur social pour tous ceux qui ont à cœur de défendre les valeurs de la République.
Monsieur le ministre, vous êtes fier de vos hommes ; vous avez bien raison de les défendre.
La mort de ces trois jeunes policiers de Roubaix démontre encore une fois les risques de ce métier. Ces jeunes ont été tués par un chauffard ivre, sous l'emprise de stupéfiants, roulant à grande vitesse et à contresens, un récidiviste connu des services de police.
Leur décès est un choc immense pour tous leurs collègues, leurs proches, le Nord et, plus largement, notre pays tout entier. Ce qui s'est produit est inacceptable.
Au nom de tous mes collègues, j'adresse mes sincères condoléances aux familles et aux proches de ces jeunes. Aujourd'hui, l'heure est au recueillement, monsieur le ministre, mais que pourrons-nous faire dès demain pour mettre fin à ce fléau ?
Le Gouvernement entend-il prendre des mesures pour intensifier la lutte contre les conducteurs dangereux, sous l'emprise de drogue ou d'alcool ? Envisage-t-il de durcir les peines encourues en pareil cas ? §
Merci, madame la sénatrice Brigitte Lherbier, des mots très touchants que vous avez eus au sujet de ces trois jeunes policiers du commissariat de Roubaix.
Ce commissariat compte parmi les plus difficiles de France. Ses moyens sont à la hauteur des difficultés auxquelles font face ses policiers et ses personnels administratifs, qui, comme le commissaire Haroune dont vous avez parlé, font l'honneur de la police nationale.
Demain, à l'École nationale de la police de Roubaix, le Président de la République rendra officiellement hommage à ces policiers, qui sont à 24 ans, à 25 ans, à 26 ans, je tiens à le dire, l'honneur de la France et du service public. Nous pensons tous à leurs familles, en particulier à ce petit garçon qui aura un an dans les prochains jours et à la jeune femme enceinte de l'un de ces jeunes policiers.
L'assassin, celui qui conduisait la voiture roulant à contresens, a brisé trois destins, mais il a également blessé toute la police nationale.
Après le temps de l'hommage, il faudra évidemment engager une réflexion, madame la sénatrice, ce fait divers n'étant malheureusement pas le seul de ce type. Trop de chauffards, trop d'assassins tuent sur les routes sous l'emprise de stupéfiants ou d'alcool. Nous travaillons avec le garde des sceaux afin de limiter la survenue de tels drames.
Nous avons ainsi proposé le retrait des douze points du permis de conduire pour ceux qui conduisent sous l'emprise de stupéfiants – il s'agit là d'une mesure d'ordre réglementaire. Le garde des sceaux a également proposé de renommer cet homicide et de le qualifier d'homicide routier. Beaucoup de propositions émanent par ailleurs de votre assemblée, de toutes ses travées.
Nous espérons que le travail que font les policiers et les gendarmes tous les jours sur les routes permettra d'empêcher ces chauffards de continuer à tuer. M. le garde des sceaux et moi-même, sous l'autorité de Mme la Première ministre, sommes à la disposition du Parlement, en particulier du Sénat, et de vous-même, madame la sénatrice, pour travailler sur cette question, en mémoire de ces trois jeunes policiers. §
Nous en avons terminé avec les questions d'actualité au Gouvernement.
Notre prochaine séance de questions d'actualité au Gouvernement aura lieu le mercredi 31 mai 2023, à quinze heures.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux quelques instants.
La séance est suspendue.
… seraient, si les gouvernements successifs les avaient écoutés, responsables d’une hausse des émissions qui nous aurait considérablement éloignés de là où nous en sommes aujourd’hui en termes d’empreinte.
Dans ce domaine, il y a à la fois un plan et une double stratégie : l’atténuation – nous avons évoqué cette question lundi – et l’adaptation.
L’adaptation est nécessaire, ce n’est ni un déni ni un renoncement, mais une manière de constater ensemble que la trajectoire n’est pas à la bonne maille.
La question du financement ne peut pas être taboue et M. Pisani-Ferry l’aborde de telle sorte que plusieurs pistes sont possibles.
Il faut d’abord faire en sorte de réorienter les dépenses. Nous sommes parmi les champions du monde en termes de prélèvements obligatoires. L’écologie ne doit pas être le prétexte pour augmenter les impôts.
Mise au point au sujet d'un vote
Monsieur le ministre, on ne peut pas se satisfaire de la situation, quel que soit ce qui a été engagé.
S’il est vrai que des mesures ont été engagées, nous avons des inquiétudes, par exemple sur les condamnations récurrentes de l’État pour inaction climatique ou non-respect de la qualité de l’air, sur des déclarations évoquant une pause réglementaire ou encore sur les régressions environnementales introduites dans certains textes.
Je partage vos propos, monsieur le ministre, sauf sur un point :…
En application du cinquième alinéa de l'article 13 de la Constitution, ainsi que de la loi organique et de la loi ordinaire prises pour son application, la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable a émis, lors de sa réunion de ce jour, un avis favorable, par 34 voix pour et aucune voix contre, à la nomination de M. Olivier Thibault aux fonctions de directeur général de l'Office français de la biodiversité.
En application de l'article 16 bis, alinéa 2, du règlement, M. le Président du Sénat propose la constitution d'une commission spéciale en vue de l'examen du projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique.
Nous pourrions inscrire à l'ordre du jour du jeudi 1er juin à 10 heures 30 l'examen de cette proposition du Président du Sénat, puis, le cas échéant, la nomination des membres de cette commission spéciale. Les candidatures devront être transmises avant le mercredi 31 mai à 15 heures.
Il n'y a pas d'opposition ?...
Il en est ainsi décidé.
En application du cinquième alinéa de l'article 13 de la Constitution, ainsi que de la loi organique et de la loi ordinaire prises pour son application, la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable a émis, lors de sa réunion de ce jour, un avis favorable, par 34 voix pour et aucune voix contre, à la nomination de M. Olivier Thibault aux fonctions de directeur général de l'Office français de la biodiversité.
J'informe le Sénat que des candidatures pour siéger au sein de la commission mixte paritaire chargée d'élaborer un texte sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi visant à garantir le respect du droit à l'image des enfants ont été publiées.
Ces candidatures seront ratifiées si la présidence n'a pas reçu d'opposition dans le délai d'une heure prévu par notre règlement.
En application de l'article 16 bis, alinéa 2, du règlement, M. le Président du Sénat propose la constitution d'une commission spéciale en vue de l'examen du projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique.
Nous pourrions inscrire à l'ordre du jour du jeudi 1er juin à 10 heures 30 l'examen de cette proposition du Président du Sénat, puis, le cas échéant, la nomination des membres de cette commission spéciale. Les candidatures devront être transmises avant le mercredi 31 mai à 15 heures.
Il n'y a pas d'opposition ?...
Il en est ainsi décidé.
M. le président. La parole est à Mme Nadine Bellurot, pour le groupe Les Républicains.
J'informe le Sénat que des candidatures pour siéger au sein de la commission mixte paritaire chargée d'élaborer un texte sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi visant à garantir le respect du droit à l'image des enfants ont été publiées.
Ces candidatures seront ratifiées si la présidence n'a pas reçu d'opposition dans le délai d'une heure prévu par notre règlement.
Ma question s’adresse à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.
La commune de Villegongis, dans l’Indre, 120 habitants, a dû accueillir 30 000 teuffeurs §à l’occasion du trentième Teknival.
Il est compréhensible que les jeunes se retrouvent pour écouter de la musique, mais il est inacceptable de le faire en violation du droit de propriété, en contradiction avec un arrêté préfectoral, en l’absence d’organisateurs identifiables, tout simplement en l’absence d’organisation !
C’est donc la collectivité dans son ensemble qui a organisé la sécurité physique et sanitaire des festivaliers et de la population.
Je veux saluer et remercier les sapeurs-pompiers de l’Indre, les associations de protection civile, les gendarmes, les équipes du service d’aide médicale urgente (Samu), le personnel de santé et les services de l’État et des collectivités, de leur mobilisation vingt-quatre heures sur vingt-quatre durant cinq jours.
Tout cela a un coût et c’est le contribuable qui paiera, même si – et c’est heureux – des confiscations ont eu lieu.
Au-delà de l’aspect financier, il est urgent de réinstaurer un cadre juridique ferme qui permette d’anticiper et de responsabiliser les festivaliers, comme cela était le cas avant 2016. L’illégalité entretient la clandestinité ; or les festivals continueront – ils existent depuis trente ans !
Monsieur le ministre, quelles mesures comptez-vous prendre pour mettre fin à l’impuissance de l’État face à ces situations ?
Ma question s’adresse à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.
La commune de Villegongis, dans l’Indre, 120 habitants, a dû accueillir 30 000 teufeurs §à l’occasion du trentième Teknival.
Il est compréhensible que les jeunes se retrouvent pour écouter de la musique, mais il est inacceptable de le faire en violation du droit de propriété, en contradiction avec un arrêté préfectoral, en l’absence d’organisateurs identifiables, tout simplement en l’absence d’organisation !
C’est donc la collectivité dans son ensemble qui a organisé la sécurité physique et sanitaire des festivaliers et de la population.
Je veux saluer et remercier les sapeurs-pompiers de l’Indre, les associations de protection civile, les gendarmes, les équipes du service d’aide médicale urgente (Samu), le personnel de santé et les services de l’État et des collectivités, de leur mobilisation vingt-quatre heures sur vingt-quatre durant cinq jours.
Tout cela a un coût et c’est le contribuable qui paiera, même si – et c’est heureux – des confiscations ont eu lieu.
Au-delà de l’aspect financier, il est urgent de réinstaurer un cadre juridique ferme qui permette d’anticiper et de responsabiliser les festivaliers, comme cela était le cas avant 2016. L’illégalité entretient la clandestinité ; or les festivals continueront – ils existent depuis trente ans !
Monsieur le ministre, quelles mesures comptez-vous prendre pour mettre fin à l’impuissance de l’État face à ces situations ?
Madame la sénatrice Bellurot, je vous remercie de vos propos sur les services publics, qu’ils relèvent de l’État ou des collectivités locales. Vos propos concernaient également, j’en suis sûr, les gendarmes, ainsi que le préfet qui était particulièrement mobilisé – je l’ai eu de très nombreuses fois au téléphone – et ses équipes.
Vous avez parfaitement raison, il y a eu violation du droit de propriété par plus de 30 000 personnes à l’occasion d’un rassemblement qui n’était pas déclaré. Dès que nous avons eu l’information, soit quelques heures avant que les festivaliers se rejoignent sur le site, un arrêté a été pris par M. le préfet. Je tiens évidemment à saluer l’engagement des élus municipaux malgré les difficultés que vous avez citées et les nuisances extrêmement fortes.
Pour autant, madame la sénatrice, comme il s’agissait d’un rassemblement de 30 000 personnes, dont beaucoup étaient très jeunes – la plupart avaient entre 15 et 30 ans –, j’ai pris la responsabilité de ne pas demander l’évacuation par la force afin d’éviter des drames. La protection de la jeunesse passait avant les nuisances, même si celles-ci étaient évidemment inacceptables.
En revanche, nous avons décidé de contrôler l’intégralité des personnes, ce qui représente plus de 30 000 contrôles, et 13 363 véhicules ont été inspectés. Cela a donné lieu à un millier de verbalisations ou d’interpellations pour consommation de stupéfiants ou conduite en état d’ébriété. De très nombreuses sortes de drogue ont été saisies.
Je souligne également que le préfet s’est appuyé sur l’article 40 du code de procédure pénale pour que des poursuites soient engagées et que l’on sache qui est responsable de cette situation et qui a organisé cette fête. Madame la sénatrice, vous comme moi, nous pensons qu’il y a beaucoup d’argent derrière tout cela…
Il est vrai que le droit actuel ne nous permet pas de poursuivre les organisateurs qui ne se déclarent pas. Il nous faut sans doute y travailler avec le Sénat, comme nous le faisons sur d’autres sujets, par exemple en ce qui concerne les gens qui s’installent illégalement sur des aires d’accueil. Le Sénat a formulé des propositions, le Gouvernement, en particulier le ministère de l’intérieur et le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, les examinera avec intérêt.
Madame la sénatrice Bellurot, je vous remercie de vos propos sur les services publics, qu’ils relèvent de l’État ou des collectivités locales. Vos propos concernaient également, j’en suis sûr, les gendarmes, ainsi que le préfet qui était particulièrement mobilisé – je l’ai eu de très nombreuses fois au téléphone – et ses équipes.
Vous avez parfaitement raison, il y a eu violation du droit de propriété par plus de 30 000 personnes à l’occasion d’un rassemblement qui n’était pas déclaré. Dès que nous avons eu l’information, soit quelques heures avant que les festivaliers ne se rejoignent sur le site, un arrêté a été pris par M. le préfet. Je tiens évidemment à saluer l’engagement des élus municipaux malgré les difficultés que vous avez citées et les nuisances extrêmement fortes.
Pour autant, madame la sénatrice, comme il s’agissait d’un rassemblement de 30 000 personnes, dont beaucoup étaient très jeunes – la plupart avaient entre 15 ans et 30 ans –, j’ai pris la responsabilité de ne pas demander l’évacuation par la force afin d’éviter des drames. La protection de la jeunesse passait avant les nuisances, même si celles-ci étaient évidemment inacceptables.
En revanche, nous avons décidé de contrôler l’intégralité des personnes, ce qui représente plus de 30 000 contrôles, et 13 363 véhicules ont été inspectés. Cela a donné lieu à un millier de verbalisations ou d’interpellations pour consommation de stupéfiants ou conduite en état d’ébriété. De très nombreuses sortes de drogue ont été saisies.
Je souligne également que le préfet s’est appuyé sur l’article 40 du code de procédure pénale pour que des poursuites soient engagées et que l’on sache qui est responsable de cette situation et qui a organisé cette fête. Madame la sénatrice, vous comme moi, nous pensons qu’il y a beaucoup d’argent derrière tout cela…
Il est vrai que le droit actuel ne nous permet pas de poursuivre les organisateurs qui ne se déclarent pas. Il nous faut sans doute y travailler avec le Sénat, comme nous le faisons sur d’autres sujets, par exemple en ce qui concerne les gens qui s’installent illégalement sur des aires d’accueil. Le Sénat a formulé des propositions, le Gouvernement, en particulier le ministère de l’intérieur et le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, les examinera avec intérêt.
Ma question s’adresse à M. le ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.
La Cour des comptes a rendu lundi un rapport sur l’avenir de l’élevage bovin qui a causé sur toutes les travées de cet hémicycle de vives réactions. J’associe d’ailleurs à mon émotion Nathalie Goulet, Anne-Catherine Loisier et tous ceux qui sont élus dans des terres d’élevage bovin, c’est-à-dire nombre de mes collègues.
Monsieur le ministre, Laurent Duplomb vous a interpellé sur ce sujet hier et vous lui avez répondu que vous feriez fermement le choix de la souveraineté nationale en la matière.
Toutefois, le rapport en question préconise clairement de manger et de produire moins de viande et d’être ainsi à l’équilibre. De fait, de cette manière, on assurerait notre souveraineté…
Monsieur le ministre, pouvez-vous me confirmer que vous voulez davantage pour l’élevage bovin, qu’il faut que cette filière d’excellence reste exportatrice et conserve des capacités de production supérieures à notre autosuffisance ?
Madame la sénatrice, votre question fait écho à un rapport de la Cour des comptes et à plusieurs questions qui m’ont été posées.
D’abord, j’invite chacun d’entre vous à lire la totalité du rapport de la Cour des comptes, sans vous limiter à la page 9 et à ses deux recommandations. Il faut rendre justice au travail qui a été accompli.
Ensuite, il est normal qu’un débat puisse avoir lieu, y compris avec la Cour des comptes, sur les équilibres à trouver. Au fond, la Cour des comptes propose la décroissance, c’est-à-dire une décapitalisation, pour répondre à des objectifs carbone que nous avons par ailleurs la nécessité de tenir.
Loin de moi l’idée de dire que l’élevage ne doit pas prendre sa part des efforts qu’il faut consentir en termes de décarbonation. D’ailleurs, les éleveurs se sont lancés dans cette voie. Ainsi, des travaux de recherche et d’innovation portant par exemple sur l’alimentation sont en cours pour tenir cette trajectoire.
Loin de moi aussi l’idée de dire qu’il ne faut pas tenir compte des évolutions de consommation depuis vingt ou trente ans. On sait que la consommation connaît une baisse structurelle et qu’il existe un report de la viande rouge vers la viande blanche. Il faut examiner cette tendance avec lucidité.
En revanche, ce qui est choquant, c’est de proposer comme seule perspective à un éleveur de ne plus être éleveur ! Or c’est bien l’objet de l’une des recommandations.
Madame la sénatrice, votre question fait écho à un rapport de la Cour des comptes et à plusieurs questions qui m’ont été posées.
D’abord, j’invite chacun d’entre vous à lire la totalité du rapport de la Cour des comptes, sans vous limiter à la page 9 et à ses deux recommandations. Il faut rendre justice au travail qui a été accompli.
Ensuite, il est normal qu’un débat puisse avoir lieu, y compris avec la Cour des comptes, sur les équilibres à trouver. Au fond, la Cour des comptes propose la décroissance, c’est-à-dire une décapitalisation, pour répondre à des objectifs carbone que nous avons par ailleurs l’obligation de tenir.
Loin de moi l’idée de dire que l’élevage ne doit pas prendre sa part des efforts qu’il faut consentir en termes de décarbonation. D’ailleurs, les éleveurs se sont lancés dans cette voie. Ainsi, des travaux de recherche et d’innovation portant par exemple sur l’alimentation sont en cours pour tenir cette trajectoire.
Loin de moi aussi l’idée de dire qu’il ne faut pas tenir compte des évolutions de consommation depuis vingt ou trente ans. On sait que la consommation connaît une baisse structurelle et qu’il existe un report de la viande rouge vers la viande blanche. Il faut examiner cette tendance avec lucidité.
En revanche, ce qui est choquant, c’est de proposer comme seule perspective à un éleveur de ne plus être éleveur ! Or c’est bien l’objet de l’une des recommandations.
Voilà qui ne me semble pas acceptable. Ce n’est pas acceptable non seulement humainement, mais aussi au regard de certains territoires, en particulier ceux sur lesquels se trouvent les bovins allaitants, où il n’y a pas d’autre solution que de faire de l’élevage.
D’ailleurs, dans son rapport que je vous invite de nouveau à consulter, la Cour des comptes insiste sur la façon de mieux prendre en compte les autres services que rend l’élevage, en plus de celui, primordial, qui consiste à nous alimenter.
Nous devons réfléchir non seulement à la quantité de viande qu’il nous faut produire en France pour répondre aux besoins de consommation, mais aussi aux aménités qu’apporte l’élevage : les haies, le maintien des paysages ouverts, la lutte contre les incendies de forêt, le maintien des prairies, la préservation de la biodiversité… Tout cela a de la valeur et il faut en tenir compte dans les soutiens financiers qui sont apportés à l’élevage.
Ne caricaturons pas les positions des uns et des autres. Nous avons besoin d’avoir une trajectoire carbone à l’échelon national, mais nous avons aussi besoin de respecter les éleveurs dans leur travail et dans les différentes aménités que leurs élevages apportent à la société française tout entière.
Je mets aux voix le texte adopté par la commission sur ce projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée (projet n° 307, texte de la commission n° 619, rapport n° 618).
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées est favorable à l'adoption de ce texte.
Je mets aux voix le texte adopté par la commission sur ce projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée (projet n° 307, texte de la commission n° 619, rapport n° 618).
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées est favorable à l'adoption de ce texte.
On avait un peu l’impression que des experts s’étaient rendus dans une prairie pour mesurer le méthane émis… Vous qui vous y connaissez, vous savez qu’une vache qui pète au Brésil ou au Canada a exactement le même effet sur la planète que si elle le fait en France ! §Blague à part, monsieur le ministre, vous avez compris mon propos.
Si les politiques publiques et les experts de la Cour des comptes doivent maintenant tenir compte du bilan carbone dans les évaluations des politiques publiques, il va falloir cesser de soutenir le pouvoir d’achat des ménagères qui mettent dans leurs caddies des bananes ou du café, qui sont autant de produits au bilan carbone déplorable.
Je mets aux voix le texte adopté par la commission sur ce projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée (projet n° 529, texte de la commission n° 621, rapport n° 620).
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées est favorable à l'adoption de ce texte.
Je mets aux voix le texte adopté par la commission sur ce projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée (projet n° 529, texte de la commission n° 621, rapport n° 620).
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées est favorable à l'adoption de ce texte.
L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi visant à donner à la douane les moyens de faire face aux nouvelles menaces (projet n° 531, texte de la commission n° 615, rapport n° 614, avis n° 613).
La procédure accélérée a été engagée sur ce texte.
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre délégué.
Discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission
Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, au moment de vous présenter le premier projet de loi consacré aux douanes depuis plus de soixante ans, permettez-moi de vous dire la très grande fierté qui est la mienne d'être le ministre en charge des douanes.
C'est une administration dont l'histoire se confond avec celle de la construction, puis de l'affermissement de l'État, comme avec celle de la construction, puis de l'affermissement de l'Union européenne.
C'est une administration qui assure depuis des siècles – bien avant l'avènement de la République – des missions régaliennes par excellence : assurer l'intégrité de notre territoire, consolider la puissance économique et commerciale de la France et maîtriser les frontières.
Nos douaniers ont vécu et accompagné les grandes transformations de notre histoire récente. Ils ont accompagné l'accélération de la mondialisation, l'internationalisation des échanges et la diversification du commerce extérieur.
Ils ont constitué la figure de proue de la construction européenne avec la création de l'Union douanière en 1968 et, en 1993, la disparition des frontières intérieures de l'Union européenne. Ils en ont accompagné tous les soubresauts, très récemment encore avec le Brexit et le rétablissement de la frontière de la Manche. Et ils étaient encore au premier rang il y a quelques mois pour mettre en œuvre les sanctions à l'encontre de la Russie à la suite de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.
Oui, nous sommes fiers de cette administration ancrée au ministère des finances qui, dans la paix comme dans la guerre, n'a jamais manqué à ses devoirs envers la Nation, tout en démontrant une exceptionnelle capacité d'adaptation et une formidable capacité à affronter des enjeux nouveaux, avec pour seule boussole l'intérêt du pays.
Oui, nos douaniers ont su constamment s'adapter aux bouleversements du monde. Mais le cadre juridique dans lequel ils agissent n'a pas fait preuve de la même plasticité. Aucune loi n'a été consacrée à la douane depuis soixante ans. Voilà bien un sujet sur lequel les gouvernements successifs n'ont pas été pris de frénésie normative ! Cela n'a pas empêché nos douaniers d'agir efficacement, mais, vous en conviendrez, il est grand temps de moderniser le cadre de leur action.
C'est pourquoi le Gouvernement propose dans ce texte à la fois des évolutions immédiatement utiles et le lancement d'une recodification à droit constant du code des douanes.
La mission qui est la nôtre aujourd'hui est tout simplement de permettre à nos douaniers d'agir le plus efficacement possible. C'est l'objet de ce projet de loi.
Nous devons en effet continuer à agir pour assurer notre protection, et pas seulement celle de nos frontières, mais aussi celle de nos compatriotes et de nos entreprises. Car c'est bien de cela qu'il est question aujourd'hui : protéger les Français, protéger notre économie et protéger notre souveraineté.
Oui, c'est bien cette mission essentielle qu'hier comme aujourd'hui les agents de la douane assurent jour après jour. Ces femmes et ces hommes agissent dans un environnement où les menaces se multiplient et se métamorphosent, notamment sous l'effet de la révolution numérique. Ces femmes et ces hommes livrent jour après jour, avec sang-froid, courage et détermination, des combats que nous n'avons tout simplement pas le droit de perdre.
Non, nous n'avons pas le droit de perdre la guerre qu'il faut mener contre la drogue, un fléau qui détruit tant de vies. J'étais il y a quelques mois en déplacement aux États-Unis, où j'ai rencontré les hauts responsables de la douane américaine. Ceux-ci m'ont parlé des ravages faits par les nouvelles drogues. En 2021, 70 000 Américains sont morts d'une overdose de Fentanyl, cet opioïde de synthèse qui se diffuse à grande vitesse. Nous ne voulons pas de cela en France, et c'est ici et maintenant que ce combat se joue.
Nous n'avons pas le droit d'échouer, contre la fraude et les trafics ou contre la contrebande – celle-ci n'est pas seulement une fraude, mais un danger insidieux pour la santé publique et le consommateur français. Nous n'avons pas le droit de perdre la bataille que nous livrons contre la criminalité organisée, contre ces organisations tentaculaires, qui mobilisent des moyens parfois considérables pour déstabiliser notre société et qui sont prêtes à tout par seul appât du gain.
Mesdames, messieurs les sénateurs, les agents que j'ai l'honneur de diriger appartiennent à l'administration de la marchandise et de la frontière, celle qui facilite les échanges économiques et garde nos frontières. Ils appartiennent à une administration qui lutte sans relâche pour protéger nos compatriotes de dangers dont ceux-ci ne mesurent pas toujours l'ampleur. Ils consacrent leur vie, et la risquent parfois, pour tenir nos frontières terrestres, maritimes, aériennes et numériques. De fait, l'espace virtuel est encore trop souvent une zone de non-droit qui charrie des menaces aux effets bien réels.
Ils obtiennent des résultats exceptionnels, à nos frontières comme à l'intérieur du territoire national. Près de 105 tonnes de stupéfiants ont été saisies l'année dernière : nos douaniers font 70 % des saisies de drogues opérées en France. Ils ont retiré du marché 11, 5 millions d'articles contrefaits et saisi près de 650 tonnes de tabacs de contrebande ou de contrefaçon.
Pour eux, pour nous tous, nous devons être à la hauteur.
Être à la hauteur, c'est d'abord donner à la douane les moyens d'exercer ses missions.
C'est l'objet du contrat d'objectifs et de moyens dont nous avons doté la douane. Sur la période 2022-2025, ce contrat prévoit que la douane bénéficiera de plus de 148 millions d'euros supplémentaires et d'une garantie de stabilité de ses effectifs. Nos priorités d'investissement sont claires : le e-commerce, la professionnalisation du métier de garde-frontière et la lutte contre la criminalité organisée.
Six mois après mon arrivée, j'ai souhaité affirmer une autre priorité face à la croissance fulgurante des trafics : la contrebande et la contrefaçon des tabacs. Il s'agit en effet d'un fléau pour la santé publique…
L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi visant à donner à la douane les moyens de faire face aux nouvelles menaces (projet n° 531, texte de la commission n° 615, rapport n° 614, avis n° 613).
La procédure accélérée a été engagée sur ce texte.
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre délégué.
Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, au moment de vous présenter le premier projet de loi consacré aux douanes depuis plus de soixante ans, permettez-moi de vous dire la très grande fierté qui est la mienne d'être le ministre en charge des douanes.
C'est une administration dont l'histoire se confond avec celle de la construction, puis de l'affermissement de l'État, comme avec celle de la construction, puis de l'affermissement de l'Union européenne.
C'est une administration qui assure depuis des siècles – bien avant l'avènement de la République – des missions régaliennes par excellence : assurer l'intégrité de notre territoire, consolider la puissance économique et commerciale de la France et maîtriser les frontières.
Nos douaniers ont vécu et accompagné les grandes transformations de notre histoire récente. Ils ont accompagné l'accélération de la mondialisation, l'internationalisation des échanges et la diversification du commerce extérieur.
Ils ont constitué la figure de proue de la construction européenne avec la création de l'Union douanière en 1968 et, en 1993, la disparition des frontières intérieures de l'Union européenne. Ils en ont accompagné tous les soubresauts, très récemment encore avec le Brexit et le rétablissement de la frontière dans la Manche. Et ils étaient encore au premier rang il y a quelques mois pour mettre en œuvre les sanctions à l'encontre de la Russie à la suite de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.
Oui, nous sommes fiers de cette administration ancrée au ministère des finances qui, dans la paix comme dans la guerre, n'a jamais manqué à ses devoirs envers la Nation, tout en démontrant une exceptionnelle capacité d'adaptation et une formidable capacité à affronter des enjeux nouveaux, avec pour seule boussole l'intérêt du pays.
Oui, nos douaniers ont su constamment s'adapter aux bouleversements du monde. Mais le cadre juridique dans lequel ils agissent n'a pas fait preuve de la même plasticité. Aucune loi n'a été consacrée à la douane depuis soixante ans. Voilà bien un sujet sur lequel les gouvernements successifs n'ont pas été pris de frénésie normative ! Cela n'a pas empêché nos douaniers d'agir efficacement, mais, vous en conviendrez, il est grand temps de moderniser le cadre de leur action.
C'est pourquoi le Gouvernement propose dans ce texte à la fois des évolutions immédiatement utiles et le lancement d'une recodification à droit constant du code des douanes.
La mission qui est la nôtre aujourd'hui est tout simplement de permettre à nos douaniers d'agir le plus efficacement possible. C'est l'objet de ce projet de loi.
Nous devons en effet continuer à agir pour assurer notre protection, et pas seulement celle de nos frontières, mais aussi celle de nos compatriotes et de nos entreprises. Car c'est bien de cela qu'il est question aujourd'hui : protéger les Français, protéger notre économie et protéger notre souveraineté.
Oui, c'est bien cette mission essentielle qu'hier comme aujourd'hui les agents de la douane assurent jour après jour. Ces femmes et ces hommes agissent dans un environnement où les menaces se multiplient et se métamorphosent, notamment sous l'effet de la révolution numérique. Ces femmes et ces hommes livrent jour après jour, avec sang-froid, courage et détermination, des combats que nous n'avons tout simplement pas le droit de perdre.
Non, nous n'avons pas le droit de perdre la guerre qu'il faut mener contre la drogue, un fléau qui détruit tant de vies. J'étais il y a quelques mois en déplacement aux États-Unis, où j'ai rencontré les hauts responsables de la douane américaine. Ceux-ci m'ont parlé des ravages faits par les nouvelles drogues. En 2021, 70 000 Américains sont morts d'une overdose de Fentanyl, cet opioïde de synthèse qui se diffuse à grande vitesse. Nous ne voulons pas de cela en France, et c'est ici et maintenant que ce combat se joue.
Nous n'avons pas le droit d'échouer contre la fraude et les trafics ou contre la contrebande – celle-ci n'est pas seulement une fraude, c'est aussi un danger insidieux pour la santé publique et le consommateur français. Nous n'avons pas le droit de perdre la bataille que nous livrons contre la criminalité organisée, contre ces organisations tentaculaires, qui mobilisent des moyens parfois considérables pour déstabiliser notre société et qui sont prêtes à tout par seul appât du gain.
Mesdames, messieurs les sénateurs, les agents que j'ai l'honneur de diriger appartiennent à l'administration de la marchandise et de la frontière, celle qui facilite les échanges économiques et garde nos frontières. Ils appartiennent à une administration qui lutte sans relâche pour protéger nos compatriotes de dangers dont ceux-ci ne mesurent pas toujours l'ampleur. Ils consacrent leur vie, et la risquent parfois, pour tenir nos frontières terrestres, maritimes, aériennes et numériques. De fait, l'espace virtuel est encore trop souvent une zone de non-droit qui charrie des menaces aux effets bien réels.
Ils obtiennent des résultats exceptionnels, à nos frontières comme à l'intérieur du territoire national. Près de 105 tonnes de stupéfiants ont été saisies l'année dernière : nos douaniers font 70 % des saisies de drogues opérées en France. Ils ont retiré du marché 11, 5 millions d'articles contrefaits et saisi près de 650 tonnes de tabac de contrebande ou de contrefaçon.
Pour eux, pour nous tous, nous devons être à la hauteur.
Être à la hauteur, c'est d'abord donner à la douane les moyens d'exercer ses missions.
C'est l'objet du contrat d'objectifs et de moyens dont nous avons doté la douane. Sur la période 2022-2025, ce contrat prévoit que la douane bénéficiera de plus de 148 millions d'euros supplémentaires et d'une garantie de stabilité de ses effectifs. Nos priorités d'investissement sont claires : le e-commerce, la professionnalisation du métier de garde-frontière et la lutte contre la criminalité organisée.
Six mois après mon arrivée, j'ai souhaité affirmer une autre priorité face à la croissance fulgurante des trafics : la contrebande et la contrefaçon de tabac. Il s'agit en effet d'un fléau pour la santé publique…
L’activité cidricole génère de nombreux emplois et représente une filière économique importante dans certains territoires ruraux. C’est notamment le cas en Normandie, mais aussi dans d’autres régions françaises.
Les cidres français sont des productions de qualité, souvent valorisées sous label. Ils sont fabriqués à partir de 100 % de jus de pomme ou de moût concentré de pommes fraîches.
D’autres États européens produisent eux aussi une boisson également appelée cidre, dont la teneur en jus de pommes est bien plus faible, de l’ordre de 5 %, 10 % ou 25 %. Elle contient en plus de l’eau et du sucre en quantité, voire des exhausteurs de goût.
L’activité cidricole crée de nombreux emplois et représente une filière économique importante dans certains territoires ruraux. C’est notamment le cas en Normandie, mais aussi dans d’autres régions françaises.
Les cidres français sont des productions de qualité, souvent valorisées sous label. Ils sont fabriqués à partir de 100 % de jus de pomme ou de moût concentré de pommes fraîches.
D’autres États européens produisent eux aussi une boisson également appelée cidre, dont la teneur en jus de pommes est bien plus faible, de l’ordre de 5 %, 10 % ou 25 %. Elle contient en plus de l’eau et du sucre en quantité, voire des exhausteurs de goût.
…et d'un fléau pour la sécurité, car ces trafics alimentent des réseaux criminels et mafieux responsables de traite d'êtres humains et faisant commerce de produits stupéfiants – parfois même impliqués dans des activités terroristes.
C'est un fléau pour nos territoires, car ces trafics déstabilisent le réseau des buralistes, dont nous avons besoin, car ces commerces d'utilité locale assument quasiment des missions de service public, en permettant le paiement d'amendes et de factures du quotidien, en assumant des fonctions de relais pour les colis, en constituant des interlocuteurs du quotidien et des promoteurs du lien social sur nos territoires.
…comme pour la sécurité, car ces trafics alimentent des réseaux criminels et mafieux responsables de traite d'êtres humains et faisant commerce de produits stupéfiants – ils sont même parfois impliqués dans des activités terroristes.
C'est un fléau pour nos territoires : ces trafics déstabilisent le réseau des buralistes, dont nous avons besoin, car ces commerces d'utilité locale assument quasiment des missions de service public, en permettant le paiement d'amendes et de factures du quotidien, en assumant des fonctions de relais pour les colis, en constituant des interlocuteurs du quotidien et des promoteurs du lien social sur nos territoires.
Devant ces disparités, la Commission européenne souhaite, semble-t-il, harmoniser la définition des cidres commercialisés. Les professionnels s’inquiètent d’une harmonisation par le bas, qui serait préjudiciable à la filière.
Monsieur le ministre, où en sont réellement les travaux sur ce sujet ? Comment le Gouvernement entend-il préserver le cidre français et ses spécificités à l’échelon européen ?
Nous devons aussi à notre réseau des buralistes une lutte intraitable contre les trafics de tabac dans notre pays, et nos douaniers sont au premier rang de ce combat.
Pour ce combat, nous devons changer d'échelle, de méthodes et de moyens. J'ai annoncé dans ce cadre la densification du réseau de lecteurs automatisés de plaques d'immatriculation (Lapi) ou la généralisation du déploiement de scanners, qui seront des adjuvants essentiels dans la lutte contre la drogue et les trafics de tabacs. Quatorze nouveaux scanners seront déployés d'ici 2025 et j'ai fixé pour objectif que nous soyons alors en mesure de scanner 100 % des colis dans les centres de tri postal. On sait en effet qu'une part importante du trafic passe par des colis. D'ici 2027, je souhaite que nous investissions 45 millions d'euros supplémentaires dans ces équipements.
Être à la hauteur du courage et de l'engagement de nos douaniers, c'est aussi sécuriser leur action sur le plan juridique – je pense bien sûr au droit de visite. C'est aussi leur donner de nouveaux moyens, de nouveaux outils, de nouvelles capacités pour toujours mieux protéger les Français.
Oui, nous devons donner à nos douaniers les moyens d'exercer leurs missions. C'est la condition pour qu'ils continuent à obtenir des résultats. Et nous devons le faire en veillant à respecter scrupuleusement les droits humains et les libertés individuelles.
Je veux saluer les travaux qui ont préparé l'examen de ce projet de loi, notamment ceux des deux rapporteurs Albéric de Montgolfier et Alain Richard, qui ont réalisé, avec leurs commissions respectives, un travail absolument remarquable, avec une seule boussole : encadrer sans entraver.
Nous devons avoir cette boussole à l'esprit. Le partage des seize articles du projet de loi entre ces deux commissions a permis qu'un travail approfondi soit engagé par chacune d'elle, et je tiens à remercier l'ensemble des sénatrices et sénateurs qui ont voulu enrichir ce texte, en commission comme en séance publique.
Je souhaite d'emblée souligner deux points.
D'abord, nous partageons l'essentiel, c'est-à-dire les objectifs finaux visés par ce texte. Et je crois donc que ce texte peut rassembler très largement, par-delà les clivages partisans.
Puis, nous devons toujours avoir à l'esprit que les spécificités du droit douanier s'expliquent par la réalité opérationnelle du travail effectué et par le cadre juridique européen dans lequel il s'exerce et qu'elles sont sans doute l'un des ingrédients de l'efficacité incontestée de la douane française.
Cette ligne de crête invite à la prudence. Le Gouvernement, comme chacun d'entre vous, tient à garantir les droits de la manière la plus complète possible ; tel est l'objectif du dispositif du droit de visite douanière proposé par ce texte. Mais, pour ma part, je veux que notre première priorité soit d'éviter que les bouleversements introduits dans le code des douanes compliquent la tâche de nos douaniers et, de fait, facilitent la vie des trafiquants.
Je l'ai dit, le premier enjeu de ce texte – son fait générateur, pour ainsi dire –, c'est d'offrir à nos douaniers la sécurité juridique indispensable à l'exercice du droit de visite, dont je rappelle qu'il a été, dans ses termes actuels, déclaré non conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel.
Il faut mesurer le choc qu'a été la décision du Conseil constitutionnel pour l'ensemble des douaniers et l'insécurité qu'elle a fait régner. On a vu certaines procédures annulées, alors même qu'elles n'étaient pas concernées par cette décision. Une forme de flou s'est installée, qu'il nous faut écarter aussi rapidement que possible. C'est l'objet de ce projet de loi.
Pour répondre aux critiques formulées par le Conseil constitutionnel, ce texte réécrit intégralement l'article 60 du code des douanes pour sécuriser le droit de visite. Celui-ci, vous le savez, constitue une prérogative essentielle des douaniers, puisqu'il s'agit tout simplement du pouvoir de contrôler les marchandises, les moyens de transport et les personnes afin de rechercher des fraudes.
Les articles 1er à 5 du projet de loi assurent la mise en conformité du droit de visite par trois grands moyens.
D'abord, le texte inscrit dans la loi les principes dégagés au fil des années par la jurisprudence de la Cour de cassation. Sont ainsi codifiés le caractère contradictoire des contrôles, l'interdiction de la fouille à corps et le maintien à disposition des personnes pendant le temps strictement nécessaire aux opérations de visite.
Ensuite, il maintient, dans la zone frontière, une prérogative de contrôle étendue, justifiée par la nature même des infractions douanières. Dans le rayon des douanes, fixé à 40 kilomètres de nos frontières, ainsi que dans les ports, aéroports, gares ferroviaires et routières internationales, le droit de visite pourra continuer à s'exercer sans modification par rapport à l'état actuel du droit.
Enfin, le texte encadre l'exercice du droit de visite à l'intérieur du territoire. L'exercice de cette prérogative devra désormais s'inscrire dans deux cas bien précis. Le premier est lorsqu'elle s'exerce sur le fondement de raisons plausibles de soupçonner que la personne contrôlée a commis une infraction douanière. Le second est lorsqu'elle a lieu après information préalable du procureur de la République pour la recherche d'infractions douanières – il s'agit d'une information, et non pas d'une autorisation du procureur, j'y insiste, afin de ne pas entraver ou ralentir l'action de nos services.
Cette distinction entre le rayon des douanes et l'intérieur du territoire est le cœur de la mise en conformité mettant en œuvre la décision du Conseil constitutionnel.
Nous avons beaucoup travaillé pour aboutir à cette rédaction. Nous avons évidemment associé à notre réflexion des juristes et les organisations syndicales de douaniers. Nous avons testé chacune des rédactions auprès de douaniers du terrain afin de vérifier qu'elles étaient compatibles avec leur activité du quotidien. Et ce texte a été validé par le Conseil d'État.
Nous sommes profondément convaincus que l'équilibre trouvé est le meilleur pour la douane comme pour la protection des libertés. Comme vous, je veux que le droit protège et non qu'il entrave de manière excessive. Et je pense que nous pouvons nous retrouver sur ce point.
Mais, vous l'avez compris, ce projet de loi ne consiste pas seulement à assurer la mise en conformité d'une prérogative essentielle. Il s'agit aussi d'adapter nos moyens d'action, de mettre nos douaniers en situation de lutter le plus efficacement possible contre les grandes menaces d'aujourd'hui et de demain.
D'abord, nous voulons donner à nos douaniers les moyens de lutter contre la cyberdélinquance et la cybercriminalité. L'article 9 leur permet de prendre connaissance et de saisir, au cours d'une retenue douanière, des objets et des documents qui se rapportent à un flagrant délit douanier, y compris lorsque le support est numérique. De quoi parle-t-on ? De données contenues dans un ordinateur, un disque dur, un smartphone, que nos agents pourront saisir et dont ils pourront faire une copie, sur autorisation du procureur de la République. Ce dispositif accélérera considérablement les enquêtes douanières et leur efficacité.
De plus, nous proposons de permettre à nos agents de procéder au gel des données stockées sur des serveurs informatiques, lorsque ceux-ci se trouvent à l'extérieur du lieu perquisitionné. L'objectif est que les données qui sont conservées dans des clouds, comme c'est souvent le cas, ne soient pas effacées par les suspects et puissent être effectivement saisies.
Vous le savez, un nombre croissant d'infractions douanières sont commises à partir de contenus en ligne. Je pense par exemple à la vente en ligne de produits de contrefaçon ou de tabac de contrebande. C'est pourquoi l'article 12 de ce texte donne la possibilité à nos agents d'exiger des plateformes qu'elles procèdent au retrait de ces contenus. Et si ces plateformes ne répondent pas, nos agents pourront demander aux moteurs de recherche de procéder au déréférencement du contenu ou à la suspension du nom de domaine.
La conception de ce dispositif a été rendue complexe par l'impossibilité, au regard du droit européen, de présumer une responsabilité générale des plateformes au titre des marchandises dont elles facilitent la vente. Pour autant, nous avons trouvé une voie de passage qui permettra à la douane d'établir un dialogue permanent avec les grandes plateformes, allant jusqu'à la sanction pour celles qui entretiennent l'opacité du e-commerce.
Ensuite, ce texte propose de mieux utiliser les nouvelles technologies en matière d'enquête et de renseignement douaniers. À ce titre, l'article 11 prévoit l'expérimentation d'une extension à quatre mois de la durée de conservation étendue des données issues des Lapi. Ce que nous voulons, pour lutter efficacement contre le trafic de stupéfiants, c'est être en mesure de détecter les convois routiers organisés par les trafiquants.
Pour cela, nous proposons d'expérimenter une utilisation des données des Lapi profondément différente du dispositif actuellement en vigueur. Alors que le fonctionnement actuel des Lapi sert essentiellement à rapprocher les plaques d'immatriculation détectées de fichiers déjà constitués, pour détecter par exemple les mouvements de personnes déjà connues ou des véhicules volés, le dispositif proposé permettra de procéder à des recherches pour identifier des véhicules circulant ensemble en convois et de détecter ainsi les mouvements des trafiquants. Bien souvent, ces convois commencent par une voiture ouvreuse. Grâce à l'expérimentation de ce dispositif, nous serons en mesure d'identifier automatiquement des véhicules qui circulent très régulièrement ensemble, parfois à des dates régulières, ce qui peut laisser penser qu'il s'agit de convois qui procèdent à du trafic de stupéfiants ou de tabac.
Je tiens à insister sur la nécessité, dans le cadre protecteur qui est celui de l'expérimentation et du contrôle du Parlement et de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), de disposer de cet outil pour arrêter les trafics à nos frontières.
En son article 6, le projet de loi propose de sécuriser le recours par la douane aux techniques de sonorisation et de captation d'image, en reproduisant le dispositif prévu par le code de procédure pénale pour les enquêtes douanières. C'est une disposition essentielle et protectrice, qui permettra de mieux séparer les utilisations préventives et les utilisations répressives de ces techniques spéciales d'enquête.
Je veux également souligner que le Gouvernement a déposé un amendement actualisant le régime d'utilisation des drones par la douane. Ce régime est aujourd'hui incomplet : il ne comprend pas la lutte contre les trafics de tabacs manufacturés et il ne couvre pas la surveillance des frontières, alors même qu'une telle surveillance est possible pour les services de police et de gendarmerie.
Je le dis très clairement : les réseaux criminels n'hésitent pas à utiliser des technologies dernier cri pour commettre leurs méfaits. Si nous ne combattons pas à armes égales, je ne vois pas comment nous pourrions remporter la bataille. Agir dans l'espace numérique, faire coopérer les plateformes et les moteurs de recherche, voilà ce que nous voulons. Exploiter pleinement les nouvelles technologies pour être aussi efficaces que ceux que nous affrontons, voilà ce que nous devons faire.
Oui, les organisations que nous affrontons ne manquent pas de moyens. C'est la raison pour laquelle nous devons les frapper au portefeuille. C'est sans doute une manière efficace de les affaiblir.
L'article 6 crée un dispositif de retenue temporaire d'argent liquide circulant à l'intérieur du territoire, lorsqu'il existe des indices que cet argent est lié aux activités criminelles les plus graves. Ce délit existait uniquement pour les flux d'argent liquide en provenance ou à destination de l'étranger. Il fallait impérativement corriger cela. C'est d'ailleurs une évolution qui va dans le sens des préconisations du rapporteur Albéric de Montgolfier, formulées dans le rapport d'information qu'il a rédigé avec le sénateur Claude Nougein. Elle permettra notamment à la douane de mieux lutter contre le phénomène des mules entre le territoire métropolitain et la Guyane.
Nous voulons aussi réformer le délit de blanchiment douanier. Il s'agit d'inclure en particulier les cryptoactifs dans les types de fonds pouvant relever du délit de blanchiment douanier.
Enfin, vous le savez, je veux mener un combat sans merci contre le trafic de tabacs. J'avais à la fin de l'année dernière fait un certain nombre d'annonces en ce sens dans le cadre du plan tabac 2023-2025. Le texte prévoit un renforcement des sanctions applicables. Nous voulons par exemple créer une peine complémentaire d'interdiction du territoire pour les étrangers qui ont fait l'objet d'une condamnation pour contrebande de tabac, comme c'est le cas pour le trafic de stupéfiants. Par ailleurs, nous durcissons les sanctions pénales applicables à la fabrication et à la détention de tabac de contrebande. Celles-ci sont portées de un à trois ans d'emprisonnement et, si ces délits sont commis en bande organisée, la peine d'emprisonnement passera de cinq à dix ans.
Nous voyons que des réseaux mafieux et criminels, jusqu'alors occupés au trafic de stupéfiants, se sont reportés massivement sur le trafic de tabac, prenant probablement en compte le fait que les sanctions sont moins importantes. Nous devons donc sanctionner le trafic de tabac de la même manière que nous sanctionnons le trafic de stupéfiants. C'est l'objet de cet alourdissement des sanctions.
La menace a changé d'échelle. Nous ne sommes plus dans le transport de quelques cartouches de cigarettes cachées dans un sac en traversant la frontière. Nous avons démantelé sur le sol national l'an dernier cinq usines de fabrication clandestine de tabac. Il s'agit de hangars situés sur le sol national, au sein desquels étaient produites chaque jour entre un et deux millions de cigarettes de contrefaçon pour alimenter le circuit parallèle en France. Le trafic a changé d'échelle. Notre réponse doit elle aussi changer d'échelle. C'est l'un des objets de ce texte.
Vous le voyez, mesdames, messieurs les sénateurs, ce texte est bien plus qu'un projet de mise en conformité. C'est un texte de mobilisation générale contre tous les trafics et de soutien total à nos douaniers, qui agissent chaque jour pour nous protéger, protéger nos frontières et les Français. Permettez-moi de saluer ceux qui sont dans les tribunes à cet instant, qui appartiennent à la direction interrégionale des douanes d'Île-de-France, à la direction générale des douanes ou à la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières – et, à travers eux, de remercier et de saluer l'ensemble des agents douaniers sur le territoire national.
Je sais que nous aurons d'ici quelques minutes des débats importants sur les garanties apportées en matière de droits fondamentaux. J'espère que nous saurons ensemble trouver les bons points d'équilibre sur les différents dispositifs, afin de permettre à nos douaniers d'agir efficacement, sans renoncer aux exigences qui doivent être les nôtres.
Les douanières et les douaniers comptent sur nous. Ils attendent de la clarté, de la précision et des moyens d'action. Je sais qu'ensemble nous serons capables de leur apporter cela, leur permettant ainsi d'assurer la protection de nos frontières et, surtout, de nos compatriotes. Nous le leur devons. §
(À suivre)
Nous devons aussi à notre réseau des buralistes une lutte intraitable contre les trafics de tabac dans notre pays, et nos douaniers sont au premier rang de ce combat.
Pour ce combat, nous devons changer d'échelle, de méthodes et de moyens. J'ai annoncé dans ce cadre la densification du réseau de lecteurs automatisés de plaques d'immatriculation (Lapi) ou la généralisation du déploiement de scanners, qui seront des adjuvants essentiels dans la lutte contre la drogue et les trafics de tabac. Quatorze nouveaux scanners seront déployés d'ici 2025 et j'ai fixé pour objectif que nous soyons alors en mesure de scanner 100 % des colis dans les centres de tri postal. On sait en effet qu'une part importante du trafic passe par des colis. D'ici 2027, je souhaite que nous investissions 45 millions d'euros supplémentaires dans ces équipements.
Être à la hauteur du courage et de l'engagement de nos douaniers, c'est aussi sécuriser leur action sur le plan juridique – je pense bien sûr au droit de visite. C'est également leur donner de nouveaux moyens, de nouveaux outils, de nouvelles capacités pour toujours mieux protéger les Français.
Oui, nous devons donner à nos douaniers les moyens d'exercer leurs missions. C'est la condition pour qu'ils continuent à obtenir des résultats. Et nous devons le faire en veillant à respecter scrupuleusement les droits humains et les libertés individuelles.
Je veux saluer les travaux qui ont préparé l'examen de ce projet de loi, notamment ceux des deux rapporteurs Albéric de Montgolfier et Alain Richard, qui ont réalisé, avec leurs commissions respectives, un travail absolument remarquable, avec une seule boussole : encadrer sans entraver.
Nous devons avoir cette boussole à l'esprit. Le partage des seize articles du projet de loi entre ces deux commissions a permis qu'un travail approfondi soit engagé par chacune d'elle, et je tiens à remercier l'ensemble des sénatrices et sénateurs qui ont voulu enrichir ce texte, en commission comme en séance publique.
Je souhaite d'emblée souligner deux points.
D'abord, nous partageons l'essentiel, c'est-à-dire les objectifs finaux visés par ce texte. Par conséquent, je crois qu'il peut rassembler très largement, par-delà les clivages partisans.
Puis, nous devons toujours avoir à l'esprit que les spécificités du droit douanier s'expliquent par la réalité opérationnelle du travail effectué et par le cadre juridique européen dans lequel il s'exerce. Ces spécificités constituent sans doute l'un des ingrédients de l'efficacité incontestée de la douane française.
Cette ligne de crête invite à la prudence. Le Gouvernement, comme chacun d'entre vous, tient à garantir les droits de la manière la plus complète possible ; tel est l'objectif du dispositif du droit de visite douanière proposé par ce texte. Mais, pour ma part, je veux que notre première priorité soit d'éviter que les bouleversements introduits dans le code des douanes compliquent la tâche de nos douaniers et, de fait, facilitent la vie des trafiquants.
Je l'ai dit, le premier enjeu de ce texte – son fait générateur, pour ainsi dire –, c'est d'offrir à nos douaniers la sécurité juridique indispensable à l'exercice du droit de visite – je rappelle qu'il a été, dans ses termes actuels, déclaré non conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel.
Il faut mesurer le choc qu'a été la décision du Conseil constitutionnel pour l'ensemble des douaniers et l'insécurité qu'elle a fait régner. On a vu certaines procédures annulées, alors même qu'elles n'étaient pas concernées par cette décision. Une forme de flou s'est installée, qu'il nous faut écarter aussi rapidement que possible. C'est l'objet de ce projet de loi.
Pour répondre aux critiques formulées par le Conseil constitutionnel, ce texte réécrit intégralement l'article 60 du code des douanes pour sécuriser le droit de visite. Celui-ci, vous le savez, constitue une prérogative essentielle des douaniers, puisqu'il s'agit tout simplement du pouvoir de contrôler les marchandises, les moyens de transport et les personnes afin de rechercher des fraudes.
Les articles 1er à 5 du projet de loi assurent la mise en conformité du droit de visite par trois grands moyens.
D'abord, le texte inscrit dans la loi les principes dégagés au fil des années par la jurisprudence de la Cour de cassation. Sont ainsi codifiés le caractère contradictoire des contrôles, l'interdiction de la fouille à corps et le maintien à disposition des personnes pendant le temps strictement nécessaire aux opérations de visite.
Ensuite, il maintient, dans la zone frontière, une prérogative de contrôle étendue, justifiée par la nature même des infractions douanières. Dans le rayon des douanes, fixé à 40 kilomètres de nos frontières, ainsi que dans les ports, aéroports, gares ferroviaires et routières internationales, le droit de visite pourra continuer à s'exercer sans modification par rapport à l'état actuel du droit.
Enfin, le texte encadre l'exercice du droit de visite à l'intérieur du territoire. L'exercice de cette prérogative devra désormais s'inscrire dans deux cas bien précis. Le premier est lorsqu'elle s'exerce sur le fondement de raisons plausibles de soupçonner que la personne contrôlée a commis une infraction douanière. Le second est lorsqu'elle a lieu après information préalable du procureur de la République pour la recherche d'infractions douanières – il s'agit d'une information, et non d'une autorisation du procureur, j'y insiste, afin de ne pas entraver ou ralentir l'action de nos services.
Cette distinction entre le rayon des douanes et l'intérieur du territoire est le cœur de la mise en conformité mettant en œuvre la décision du Conseil constitutionnel.
Nous avons beaucoup travaillé pour aboutir à cette rédaction. Nous avons évidemment associé à notre réflexion des juristes et les organisations syndicales de douaniers. Nous avons testé chacune des rédactions auprès de douaniers du terrain afin de vérifier qu'elles étaient compatibles avec leur activité du quotidien. Et ce texte a été validé par le Conseil d'État.
Nous sommes profondément convaincus que l'équilibre trouvé est le meilleur pour la douane comme pour la protection des libertés. Comme vous, je veux que le droit protège et non qu'il entrave de manière excessive. Et je pense que nous pouvons nous retrouver sur ce point.
Mais, vous l'avez compris, ce projet de loi ne consiste pas seulement à assurer la mise en conformité d'une prérogative essentielle. Il s'agit aussi d'adapter nos moyens d'action, de mettre nos douaniers en situation de lutter le plus efficacement possible contre les grandes menaces d'aujourd'hui et de demain.
D'abord, nous voulons donner à nos douaniers les moyens de lutter contre la cyberdélinquance et la cybercriminalité. L'article 9 leur permet de prendre connaissance et de saisir, au cours d'une retenue douanière, des objets et des documents qui se rapportent à un flagrant délit douanier, y compris lorsque le support est numérique. De quoi parle-t-on ? De données contenues dans un ordinateur, un disque dur, un smartphone, que nos agents pourront saisir et dont ils pourront faire une copie, sur autorisation du procureur de la République. Ce dispositif accélérera considérablement les enquêtes douanières et leur efficacité.
De plus, nous proposons de permettre à nos agents de procéder au gel des données stockées sur des serveurs informatiques, lorsque ceux-ci se trouvent à l'extérieur du lieu perquisitionné. L'objectif est que les données qui sont conservées dans des clouds, comme c'est souvent le cas, ne soient pas effacées par les suspects et puissent être effectivement saisies.
Vous le savez, un nombre croissant d'infractions douanières sont commises à partir de contenus en ligne. Je pense par exemple à la vente en ligne de produits de contrefaçon ou de tabac de contrebande. C'est pourquoi l'article 12 de ce texte donne la possibilité à nos agents d'exiger des plateformes qu'elles procèdent au retrait de ces contenus. Et si ces plateformes ne répondent pas, nos agents pourront demander aux moteurs de recherche de procéder au déréférencement du contenu ou à la suspension du nom de domaine.
La conception de ce dispositif a été rendue complexe par l'impossibilité, au regard du droit européen, de présumer une responsabilité générale des plateformes au titre des marchandises dont elles facilitent la vente. Pour autant, nous avons trouvé une voie de passage qui permettra à la douane d'établir un dialogue permanent avec les grandes plateformes, allant jusqu'à la sanction pour celles qui entretiennent l'opacité du e-commerce.
Ensuite, ce texte propose de mieux utiliser les nouvelles technologies en matière d'enquête et de renseignement douaniers. À ce titre, l'article 11 prévoit l'expérimentation d'une extension à quatre mois de la durée de conservation étendue des données issues des Lapi. Ce que nous voulons, pour lutter efficacement contre le trafic de stupéfiants, c'est être en mesure de détecter les convois routiers organisés par les trafiquants.
Pour cela, nous proposons d'expérimenter une utilisation des données des Lapi profondément différente du dispositif actuellement en vigueur.
Alors que le fonctionnement actuel des Lapi sert essentiellement à rapprocher les plaques d'immatriculation détectées de fichiers déjà constitués, pour détecter par exemple les mouvements de personnes déjà connues ou des véhicules volés, le dispositif proposé permettra de procéder à des recherches pour identifier des véhicules circulant ensemble en convoi et de détecter ainsi les mouvements des trafiquants. Bien souvent, ces convois commencent par une voiture ouvreuse. Grâce à l'expérimentation de ce dispositif, nous serons en mesure d'identifier automatiquement des véhicules qui circulent très régulièrement ensemble, parfois à des dates régulières, ce qui peut laisser penser qu'il s'agit de convois qui procèdent à du trafic de stupéfiants ou de tabac.
Je tiens à insister sur la nécessité, dans le cadre protecteur qui est celui de l'expérimentation et du contrôle du Parlement et de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), de disposer de cet outil pour arrêter les trafics à nos frontières.
En son article 6, le projet de loi propose de sécuriser le recours par la douane aux techniques de sonorisation et de captation d'image, en reproduisant le dispositif prévu par le code de procédure pénale pour les enquêtes douanières. C'est une disposition essentielle et protectrice, qui permettra de mieux séparer les utilisations préventives et les utilisations répressives de ces techniques spéciales d'enquête.
Je veux également souligner que le Gouvernement a déposé un amendement actualisant le régime d'utilisation des drones par la douane. Ce régime est aujourd'hui incomplet : il ne comprend pas la lutte contre les trafics de tabac manufacturé et il ne couvre pas la surveillance des frontières, alors même qu'une telle surveillance est possible pour les services de police et de gendarmerie.
Je le dis très clairement : les réseaux criminels n'hésitent pas à utiliser des technologies dernier cri pour commettre leurs méfaits. Si nous ne combattons pas à armes égales, je ne vois pas comment nous pourrions remporter la bataille. Agir dans l'espace numérique, faire coopérer les plateformes et les moteurs de recherche, voilà ce que nous voulons. Exploiter pleinement les nouvelles technologies pour être aussi efficaces que ceux que nous affrontons, voilà ce que nous devons faire.
Oui, les organisations que nous affrontons ne manquent pas de moyens. C'est la raison pour laquelle nous devons les frapper au portefeuille. C'est sans doute une manière efficace de les affaiblir.
L'article 6 crée un dispositif de retenue temporaire d'argent liquide circulant à l'intérieur du territoire, lorsqu'il existe des indices que cet argent est lié aux activités criminelles les plus graves. Ce délit existait uniquement pour les flux d'argent liquide en provenance ou à destination de l'étranger. Il fallait impérativement corriger cela. C'est d'ailleurs une évolution qui va dans le sens des préconisations du rapporteur Albéric de Montgolfier, formulées dans le rapport d'information qu'il a rédigé avec le sénateur Claude Nougein. Elle permettra notamment à la douane de mieux lutter contre le phénomène des mules entre le territoire métropolitain et la Guyane.
Nous voulons aussi réformer le délit de blanchiment douanier. Il s'agit d'inclure en particulier les cryptoactifs dans les types de fonds pouvant relever du délit de blanchiment douanier.
Enfin, vous le savez, je veux mener un combat sans merci contre le trafic de tabac. J'avais à la fin de l'année dernière fait un certain nombre d'annonces en ce sens dans le cadre du plan tabac 2023-2025. Le texte prévoit un renforcement des sanctions applicables. Nous voulons par exemple créer une peine complémentaire d'interdiction du territoire pour les étrangers qui ont fait l'objet d'une condamnation pour contrebande de tabac, comme c'est le cas pour le trafic de stupéfiants. Par ailleurs, nous durcissons les sanctions pénales applicables à la fabrication et à la détention de tabac de contrebande. Celles-ci sont portées de un à trois ans d'emprisonnement et, si ces délits sont commis en bande organisée, la peine d'emprisonnement passera de cinq à dix ans.
Nous voyons que des réseaux mafieux et criminels, jusqu'alors occupés au trafic de stupéfiants, se sont reportés massivement sur le trafic de tabac, prenant probablement en compte le fait que les sanctions sont moins importantes. Nous devons donc sanctionner le trafic de tabac de la même manière que nous sanctionnons le trafic de stupéfiants. C'est l'objet de cet alourdissement des sanctions.
La menace a changé d'échelle. Nous ne sommes plus dans le transport de quelques cartouches de cigarettes cachées dans un sac en traversant la frontière. Nous avons démantelé sur le sol national l'an dernier cinq usines de fabrication clandestine de tabac. Il s'agit de hangars situés sur le sol national, au sein desquels étaient produites chaque jour entre un et deux millions de cigarettes de contrefaçon pour alimenter le circuit parallèle en France. Le trafic a changé d'échelle. Notre réponse doit elle aussi changer d'échelle. C'est l'un des objets de ce texte.
Vous le voyez, mesdames, messieurs les sénateurs, ce texte est bien plus qu'un projet de mise en conformité. C'est un texte de mobilisation générale contre tous les trafics et de soutien total à nos douaniers, qui agissent chaque jour pour nous protéger, protéger nos frontières et les Français. Permettez-moi de saluer ceux qui sont dans les tribunes à cet instant, qui appartiennent à la direction interrégionale des douanes d'Île-de-France, à la direction générale des douanes ou à la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières – et, à travers eux, de remercier et de saluer l'ensemble des agents douaniers sur le territoire national.
Je sais que nous aurons d'ici quelques minutes des débats importants sur les garanties apportées en matière de droits fondamentaux. J'espère que nous saurons ensemble trouver les bons points d'équilibre sur les différents dispositifs, afin de permettre à nos douaniers d'agir efficacement, sans renoncer aux exigences qui doivent être les nôtres.
Les douanières et les douaniers comptent sur nous. Ils attendent de la clarté, de la précision et des moyens d'action. Je sais qu'ensemble nous serons capables de leur apporter cela, leur permettant ainsi d'assurer la protection de nos frontières et, surtout, de nos compatriotes. Nous le leur devons. §
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, vous avez employé à l'instant, monsieur le ministre, l'expression : « encadrer, sans entraver ». C'est la volonté affichée par le Gouvernement ; c'est également celle qui a guidé la commission des finances tout au long de ses travaux.
Le présent texte sur les douanes est le fruit d'un compromis. Ce travail était nécessaire non seulement pour mieux encadrer certaines pratiques des agents des douanes qui apparaissaient, comme vous l'avez souligné, monsieur le ministre, quelque peu datées au regard de l'évolution de la jurisprudence, mais aussi pour assurer une meilleure protection des libertés individuelles.
Ce texte comporte également des dispositions visant à étendre les prérogatives de la douane et à les adapter aux nouvelles formes de criminalité et de fraude, notamment sur internet, que le code des douanes, un peu ancien, n'avait pas envisagées.
Monsieur le ministre, je voudrais tout d'abord corriger l'un de vos propos. Vous avez dit que ce code n'avait presque jamais été réformé. Ce n'est pas tout à fait exact en ce qui concerne les dispositions relatives au tabac : chaque année, les douanes font adopter de nouvelles dispositions en loi de finances ou en loi de finances rectificative pour mieux lutter contre le trafic de tabac.
En revanche, il est vrai que les autres dispositions du code des douanes sont quelque peu datées, raison pour laquelle vous nous proposerez d'habiliter le Gouvernement à légiférer par ordonnance pour procéder à la recodification du code des douanes.
Ce texte est donc le fruit d'un travail de compromis. Certains parleront d'un équilibre à trouver comme s'il s'agissant d'une contrainte. Je ne partage pas ce point de vue : cet équilibre n'est pas une contrainte, mais la condition même du bon fonctionnement et de la portée opérationnelle des pouvoirs des agents des douanes.
Ce projet de loi répond à la décision du Conseil constitutionnel du 22 septembre dernier, qui a déclaré non conforme à la Constitution le droit de visite des agents des douanes. Faute d'équilibre, c'est l'une des principales prérogatives des douanes, sans doute la plus utilisée, qui est menacée, à savoir la possibilité de fouiller les marchandises, les moyens de transport et les personnes.
Cette décision, comme vous l'avez souligné lors de vos auditions, monsieur le ministre, a fait l'effet d'un électrochoc auprès des agents des douanes, mais elle a aussi démontré combien la modernisation du code des douanes était nécessaire. C'est la raison pour laquelle nous examinons, pour la première fois depuis de nombreuses années, un projet de loi qui lui est dédié.
Alors que certaines de ses dispositions n'ont pas été modifiées depuis des décennies, il apparaît nécessaire d'adapter ce code aux nouvelles menaces et aux nouvelles technologies.
La commission des finances, saisie au fond, a délégué à la commission des lois l'examen des articles l à 5, 8 et 11. Je laisserai leur présentation au rapporteur pour avis, notre collègue Alain Richard, que je salue et que je remercie pour notre travail en commun et la qualité de nos échanges. Je vous présenterai quant à moi la position et les apports de la commission des finances sur les autres articles.
L'article 6 crée un dispositif de retenue temporaire d'argent liquide circulant à l'intérieur du territoire, lorsqu'il existe des indices que cet argent est lié à une activité criminelle. Je suis très favorable à cette disposition.
Vous l'avez rappelé à l'instant, monsieur le ministre, Claude Nougein et moi-même avions porté cette recommandation dans le cadre de notre rapport Donner à la Douane les moyens d'accomplir sa mission dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, qui faisait suite à plusieurs déplacements sur le terrain au cours desquels nous avions pu constater que le trafic de stupéfiants s'accompagnait d'une circulation d'argent liquide difficile à appréhender.
On ne peut lutter contre les flux illicites si on ne lutte pas en parallèle contre les flux financiers, de manière plus fortement dissuasive. Or, s'il existe bien des procédures de retenue de l'argent liquide aux frontières, il n'en existe pas pour l'argent circulant à l'intérieur du territoire national. Les organisations criminelles l'ont bien compris et ont de plus en plus recours à des collecteurs de fonds sur le territoire national.
Il faut bien évidemment que cette retenue temporaire soit encadrée. Sur cet aspect, la commission a précisé que le propriétaire de l'argent liquide, s'il est différent de la personne à laquelle a été notifiée la décision de retenue, pouvait tout de même exercer un recours contre cette décision.
L'article 13 vise à moderniser le délit de blanchiment douanier en prévoyant une triple extension du champ d'application de cette infraction.
Premièrement, une extension de son champ d'application territorial afin de sanctionner pour blanchiment douanier non seulement des opérations financières réalisées sur le seul territoire français, mais également les activités de transport de fonds par des mules entre le territoire métropolitain et la Guyane, où il existe un fort trafic de cocaïne et une activité importante de blanchiment douanier. Cette extension permettra en outre de cibler des activités portant sur des infractions d'origine commises à l'étranger. Sur ce dernier point, les travaux de notre commission contribueront à la sécurisation de l'article 13.
Deuxièmement, une extension du périmètre des fonds couverts par le délit de blanchiment pour y inclure les cryptoactifs. Il s'agit, là encore, d'adapter notre droit aux nouvelles réalités, notamment numériques.
Troisièmement, une extension du champ de la notion de « personnes intéressées à la fraude », permise par l'adoption d'un amendement de la commission des finances, qui permet d'étendre le périmètre des personnes susceptibles d'être sanctionnées au titre non seulement du délit de blanchiment douanier, mais également de l'ensemble des délits d'importation et d'exportation.
Sur un sujet connexe de lutte contre la fraude, j'insiste, monsieur le ministre, sur la nécessité d'améliorer la lutte contre la fraude de détaxe à la TVA. C'est un point de fuite majeur, contre lequel le Gouvernement me semble agir très peu. Il n'est ainsi fait aucune mention de la TVA dans le plan de lutte anti-fraude aux finances publiques que vous avez présenté à grand renfort de publicité. Nous en avons été très étonnés – le rapporteur général de la commission des finances ne me contredira pas…
Monsieur le sénateur, vous m’interrogez sur la filière du cidre. Nous sommes nombreux, y compris la Première ministre, à être sensibles à cette question, certains ici étant de bons Normands.
Il s'agit à la fois du principal impôt et, d'après la Commission européenne, de l'impôt le plus fraudé. Or vous n'avez pas prononcé le mot « TVA » lors de votre conférence de presse. La commission des finances vous rejoint sur d'autres sujets, mais la fraude à la détaxe de la TVA, y compris pour les douanes, fait partie de nos préoccupations.
L'article 14 renforce les sanctions applicables aux trafics de tabac. La commission a considéré que ce dispositif était tout à fait opportun, tout en veillant à la proportionnalité des peines. Vous l'avez dit à l'instant, monsieur le ministre : 650 tonnes de tabac ont été saisies en 2022, soit plus du double de la quantité saisie voilà cinq ans. Cela signifie-t-il que les douanes sont plus efficaces ou que les trafics augmentent avec les prix du tabac ? Il est en tout cas certain que de plus en plus d'organisations criminelles se reportent vers ce trafic, moins risqué mais tout aussi lucratif que celui des stupéfiants.
Ne soyons pas naïfs : renforcer les sanctions ne permettra sans doute pas d'assécher le trafic de tabac, qui s'intensifiera au fur et à mesure que les prix augmenteront. Monsieur le ministre, espérons que le nouveau plan tabac que vous avez présenté portera ses fruits.
L'article 7 concerne le renforcement des moyens des douanes au travers de la création d'une réserve opérationnelle douanière. Plusieurs amendements de suppression de cet article ont été déposés, notamment par le groupe CRCE. M. Bosquet, qui s'exprimera dans un instant, pourra nous expliquer sa position.
N'allons pas nous méprendre sur l'ampleur de cette disposition : la réserve opérationnelle représentera 350 douaniers à mobiliser d'ici à 2025, sur un effectif total d'environ 16 500 agents – rien de révolutionnaire !
Il s'agira toutefois d'un renfort bienvenu pour faire face à certaines situations d'urgence ou en cas de pics d'activité – je pense, par exemple, aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 ou d'autres événements – sans détourner les agents permanents de leurs missions.
J'aborde à présent le sujet du numérique.
L'article 9 permet aux agents des douanes de prendre connaissance et de saisir, au cours d'une retenue douanière, des objets et des documents, y compris numériques, se rapportant à un flagrant délit douanier. Ces informations nécessaires aux enquêtes douanières peuvent être contenues, par exemple, dans un ordinateur ou dans un téléphone portable.
Les travaux de la commission des finances, en lien étroit avec la commission des lois, ont permis de sécuriser le dispositif, en particulier pour ce qui concerne la copie des données et la restitution des objets saisis. Nous nous sommes rapprochés des garanties prévues dans le code de procédure pénale, tout en préservant les spécificités douanières.
Monsieur le ministre, j'espère que le Gouvernement saura entendre les deux commissions sur ce point. Il faut bien évidemment parvenir à protéger les libertés publiques sans entraver l'activité des douanes.
L'article 10 permet aux agents des douanes de procéder au gel des données stockées sur des serveurs informatiques. Notre commission se satisfait de l'équilibre qui a été trouvé : les agents disposeront d'un délai de trente jours pour procéder au téléchargement des données gelées et ne pourront ensuite saisir que les données ayant un lien avec l'infraction recherchée. Avec Alain Richard, nous avons également proposé des amendements tendant à prévoir que les occupants qui s'opposeront au téléchargement de ces données soient effectivement sanctionnés.
L'article 12 vise à donner de nouvelles prérogatives aux agents des douanes, cette fois pour prévenir la commission d'infractions par l'intermédiaire d'internet.
Les travaux de notre commission ont permis de clarifier le dispositif et de mieux l'encadrer. Nous avons toujours été soucieux du respect de la liberté d'expression et de communication et de la jurisprudence. J'espère, monsieur le ministre, que les ajustements de la commission des finances sauront vous convaincre.
Il est nécessaire de moderniser le code des douanes, qui est un peu ancien. Sur ce point, très technique, nous sommes favorables à l'habilitation législative. Nous n'y sommes pas favorables par nature, mais la technicité du sujet nous y entraîne. L'article 15 permettra ainsi au Gouvernement de recodifier la partie législative du code des douanes, qui est devenue largement illisible et obsolète.
Votre question porte principalement sur l’harmonisation de la législation et sur l’étiquetage du cidre.
La vérité, c’est que, aujourd’hui, il n’y a pas de règle. Chacun peut dénommer cidre, ou cider dans certains pays, des produits qui ne satisfont pas tous aux mêmes exigences. Vous l’avez rappelé, le cidre que l’on boit en France est constitué à 100 % de pommes ; elles ne sont pas mélangées à autre chose.
Dans ce contexte, la France défend une harmonisation vers le haut. Alors que nos frontières sont ouvertes et qu’il est possible de dénommer « cidre » un produit qui n’en est pas vraiment un, notre objectif est de mieux valoriser la qualité du cidre français, en particulier celui qui provient de la région que vous connaissez bien. Nous travaillons sur cette base avec la Commission européenne.
À l’échelon européen, ce qui compte, c’est non pas d’avoir raison ou de défendre une position, c’est de trouver une majorité et pour cela de parvenir à convaincre ses collègues. C’est le travail que nous menons afin que la dénomination « cidre » soit réservée aux produits composés à 100 % de pommes. Les autres produits pourraient être appelés comme on veut, mais en aucun cas « cidre », si l’on parvenait à une telle harmonisation européenne.
Tels sont les éléments dont je peux vous faire part aujourd’hui. Le processus sera assez long, mais il n’est pas acceptable pour la France de dégrader la qualité du cidre français, laquelle est appréciée par les Français, mais aussi au-delà de nos frontières. Nous avons besoin de mieux la faire reconnaître. À cet égard, l’étiquetage est un élément important.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, je ne m'étendrai pas sur le rappel de l'importance de la fonction des douanes. Le ministre l'a soulignée de manière tout à fait convaincante et illustrative tout à l'heure.
Je souhaite simplement ajouter à cette description très juste la très forte évolutivité des techniques et des formes d'intervention de la douane au cours des vingt à trente dernières années – tendance qui se poursuit, notamment du fait du développement du champ numérique.
Il est survenu également un événement politique non dénué d'importance. Les douanes exercent beaucoup plus d'interventions au nom du code des douanes de l'Union européenne qu'au nom du code des douanes national. Leur cadre d'intervention a donc beaucoup changé. En conséquence, la question de l'actualisation du code des douanes se pose, d'autant que ce texte a sérieusement vieilli.
Le projet de loi qui nous est proposé poursuit un double objectif. D'une part, l'idée est de mettre en conformité les interventions contraignantes de la douane avec les droits individuels tels qu'ils sont interprétés dans les évolutions récentes de la jurisprudence. En effet, la déclaration d'inconstitutionnalité que nous avons subie en septembre dernier n'est pas la première. D'autres déclarations d'inconstitutionnalité ont été émises concernant des dispositions importantes du code des douanes, ce qui nous incite évidemment à la vigilance.
D'autre part – et le ministre a été tout à fait explicite quant à la nouvelle dynamique envisagée –, le texte vise à instaurer des mécanismes complémentaires de contrôle pour mieux appréhender des trafics devenus de plus en plus préoccupants.
Les commissions des finances et des lois du Sénat ne sont pas intervenues sur le projet de loi en décalage ni en divergence par rapport à ces deux objectifs, mais en les partageant. Nous avons néanmoins développé des propositions consistant, pour ce qui concerne la commission des lois, à préciser les limites de lieu et de durée des contrôles de la douane sur les voies et sur les lieux de transit et à prévoir l'information et le contrôle de l'autorité judiciaire chaque fois que le contrôle douanier entraîne une contrainte importante pour la liberté de mouvement des personnes.
Comme l'a très bien souligné M. le rapporteur de la commission des finances, nous avons calqué les modalités d'encadrement de ces interventions contraignantes, la plupart du temps, sur celles figurant dans le code de procédure pénale. Ce code est en effet celui qui fait l'objet de la vigilance juridique la plus importante – bien qu'il donne lieu, lui aussi, de temps à autre, à des déclarations d'inconstitutionnalité. Nous devons vraiment partager cette vigilance.
Notre appréciation diffère légèrement de celle du Gouvernement sur ces modalités d'encadrement. Néanmoins, nous sommes en réalité très près d'avoir la même approche.
Les deux nouvelles modalités de contrôle sur lesquelles je veux attirer votre attention sont le développement de l'accès aux données numériques, dans des conditions beaucoup plus intrusives qu'auparavant – développement nécessaire pour l'autre fonction essentielle de la douane qu'est la lutte contre les mouvements de fonds illicites et le blanchiment – et l'exploitation des vérifications des plaques d'immatriculation, outil de renseignement de sérieuse qualité pour repérer les mouvements de transport de stupéfiants de grande ampleur.
Ce dernier point constituant une opération de surveillance généralisée, il suppose également un encadrement précis. À la suite du Gouvernement, nous avons choisi d'en faire une expérimentation sur une durée de trois ans, qui paraît suffisamment représentative. Il y a donc lieu d'affiner les conditions d'encadrement et d'évaluation de cette expérimentation.
Je souhaite insister par ailleurs sur une autre composante du projet de loi, à savoir l'habilitation demandée au Parlement – et que je soutiens fortement – pour recodifier le code des douanes. Sa structure ne correspond en effet pas du tout à celle, beaucoup plus accessible, que nous avons adoptée pour les codes de la dernière génération. À la lumière du principe d'intelligibilité et d'accessibilité du droit mis en avant par le Conseil constitutionnel, le code des douanes ne passe pas l'examen pour un bon nombre de ses dispositions.
Le Gouvernement nous a proposé, déjà, de réécrire dans son intégralité l'article 60 de ce code, relatif aux visites douanières. Nous serons amenés, dans le cadre de la recodification, à revoir complètement la structure du code. Ce sera un travail considérable, indispensable pour que le droit soit effectivement accessible à tous.
Le texte, tel que nous le proposons au Sénat, tient compte pleinement des charges opérationnelles de la douane. Nous partageons l'hommage rendu par le ministre à ses personnels, reconnus pour leur engagement, leur fiabilité et leur volonté de lutter efficacement contre les délits.
La Commission européenne précise que le rapport qu’elle a réalisé sur cette question « ne conduira pas forcément à une proposition législative ». Or, nous le savons, la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre : la méfiance et la vigilance sont donc de mise.
On connaît le zèle de certains « normateurs », ainsi que leur capacité à prendre le bon sens à contre-pied. Vous l’avez compris, monsieur le ministre, nous comptons sur vous !
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, au nom du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, je tiens à saluer le travail minutieux de nos deux rapporteurs, qui a conduit à un texte consensuel et équilibré. Ce travail répondait à la nécessité d'encadrer les nouvelles prérogatives des agents de la douane sans entraver leurs missions.
Le Conseil constitutionnel a rappelé à l'occasion de la présentation de ce projet de loi qu'il était de notre devoir d'assurer « une conciliation équilibrée entre, d'une part, la recherche des auteurs d'infractions et, d'autre part, la liberté d'aller et de venir et le droit au respect de la vie privée ».
C'est la recherche de cet équilibre qui a guidé nos rapporteurs, en commission des lois comme en commission des finances – un équilibre d'autant plus subtil que le code des douanes n'avait pour ainsi dire jamais été réformé depuis 1948.
La montée de nouvelles formes de fraude et de nouveaux outils au service des délinquants et des contrebandiers impose de recourir à des outils plus efficaces et plus puissants.
C'est en ce sens, monsieur le ministre, que le présent projet de loi est une réforme d'une ampleur inédite depuis 1948. Il s'agit du premier projet de loi qui prévoit de revoir en profondeur le code des douanes et de moderniser les outils à la disposition de cette administration.
Il n'est pas surprenant que ce texte soit très technique ; il n'en revêt pas moins une grande importance, dans la mesure où il permet de répondre à l'impérieuse nécessité d'entourer le droit de visite douanière de nouvelles garanties légales pour les personnes contrôlées tout en maintenant le même niveau d'efficacité et d'agilité pour les douaniers.
Il est urgent d'agir, car, comme vous l'avez relevé, monsieur le ministre, « la décision du Conseil constitutionnel est devenue le prétexte fallacieux de certains malfrats pour contester les procédures douanières ». Cette décision nous impose donc de rénover le cadre juridique de l'action de la douane avant la date fatidique du 1er septembre 2023, à partir de laquelle sera abrogé l'article 60 du code des douanes dans sa rédaction actuelle.
Le présent texte vise également à accompagner la modernisation de la douane, laquelle pourra ainsi mettre pleinement en œuvre sa stratégie 2022-2025. À cet égard, je rappelle que le Gouvernement a doté la direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) d'un budget supplémentaire de 148 millions d'euros pour la période 2022-2025.
Je tiens à saluer l'efficacité, le professionnalisme et le dévouement des 17 000 agents des douanes. Leur travail et leur engagement sont d'autant plus remarquables que ces agents sont mobilisés sur tous les fronts et qu'ils se trouvent en première ligne face au trafic de stupéfiants.
Grâce à ce texte, les douaniers seront en mesure de lutter plus efficacement contre les trafics et la criminalité organisée. Ils pourront notamment renforcer leur présence à la frontière numérique, dans le contexte du développement exponentiel du commerce électronique et de l'utilisation des actifs numériques à des fins de blanchiment d'argent. Le défi à relever est d'autant plus grand que les trafiquants ont souvent un train d'avance sur les services répressifs.
Au fond, mes chers collègues, je pense que ce texte est consensuel au regard tant des nouveaux outils qu'il propose que des garanties qu'il offre aux citoyens en termes de respect de leur liberté et de leur vie privée.
Nous avons bien évidemment relevé les amendements déposés par quelques-uns de nos collègues aux articles 7 et 11. Certains estiment en effet que la création d'une réserve opérationnelle douanière empêcherait le Gouvernement de tenir la trajectoire de renforcement des effectifs de la douane. C'est oublier que la douane était le seul corps de fonctionnaires en tenue à ne pas disposer d'une réserve opérationnelle et que, par définition, ce corps de réserve n'aura vocation qu'à agir comme une force d'appui pour des missions ponctuelles. Ce sera, chers collègues, un outil précieux pour la douane.
L'article 11 constitue l'un des piliers majeurs de la nouvelle stratégie de lutte contre la contrebande aux frontières. Il illustre parfaitement la nécessité de réarmer la douane face à des organisations criminelles de mieux en mieux structurées. Il est bien évidemment essentiel de limiter la conservation des données ainsi prélevées et d'encadrer leur usage, mais les garanties apportées par le ministre et le caractère expérimental de la mesure nous permettront de la voter sans arrière-pensée et d'ajuster le dispositif le cas échéant.
Pour toutes ces raisons, le groupe RDPI votera en faveur de ce projet de loi avec un grand élan.
Ma question s’adresse à M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse.
Le 1er mars dernier, sur l’initiative de notre groupe, un débat a été organisé sur la mixité sociale à l’école. Le constat, implacable, était partagé sur l’ensemble de nos travées : alors que la proportion d’élèves issus de milieux défavorisés est en moyenne de 42, 6 % dans le public, elle est de seulement 18 % dans le privé.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi qui nous est soumis aujourd'hui visait initialement à tirer les conséquences de la décision de censure du Conseil constitutionnel relative au droit de visite douanier qui impose l'élaboration d'un nouveau cadre législatif avant le 1er septembre 2023.
Vous avez souhaité, monsieur le ministre, profiter de ce texte pour moderniser plusieurs dispositions législatives, notamment celles relatives aux enjeux de modernisation et de numérisation de notre société – je pense, par exemple, aux cryptoactifs ou à la numérisation des données.
À cette fin, vous nous présentez un texte d'aspect technique et opérationnel au périmètre relativement limité.
Je tiens d'ores et déjà à souligner que ce projet de loi va globalement dans le bon sens et qu'il ne suscite au sein du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain aucune opposition majeure.
Cependant, à l'occasion des auditions que j'ai conduites sur ce texte, les organisations syndicales m'ont fait part de leurs inquiétudes quant aux changements structurels qu'il induit.
Je tiens également à porter à votre connaissance les doutes qui s'expriment concernant l'article 7. Celui-ci me laisse perplexe, en ce qu'il instaure une réserve opérationnelle composée de retraités de l'administration des douanes et de volontaires dans des conditions similaires à celles qui existent pour les autres réserves. Il s'agirait de recruter 300 douaniers réservistes pour un temps de mobilisation de quarante-cinq jours.
La direction générale des douanes et droits indirects insiste sur le fait que cette réserve doit répondre à des besoins ponctuels. Cependant, lors de l'examen du texte par la commission des finances, vous avez estimé, monsieur le rapporteur, que cette réserve allait permettre de se doter de compétences rares, ce qui atteste, vous en conviendrez, du flou entourant les perspectives générées par cette disposition.
Cet article a été adopté conforme par la commission. Toutefois, bien que la douane soit le seul corps de fonctionnaires en tenue à ne pas disposer d'une telle réserve à ce jour, des interrogations subsistent quant aux réelles motivations présidant à la création de ladite réserve.
En effet, les activités des douanes sont spécifiques et ne font pas l'objet de fluctuations comparables à celles que connaissent, par exemple, les forces de l'ordre. De plus, si l'on peut comprendre la logique consistant à identifier des besoins ponctuels lors de pics d'activités récurrents – contrôles aux frontières en période saisonnière dans certaines zones, par exemple – ou exceptionnels – les jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 –, l'article ne précise pas suffisamment les missions de ces réservistes.
Je m'interroge grandement sur la pertinence d'un tel dispositif qui ne visera probablement qu'à justifier à terme une diminution, ou à tout le moins un gel, des effectifs des douanes. C'est la raison pour laquelle je proposerai un amendement de suppression de l'article 7 – chat échaudé craint l'eau froide, et les douanes ont de quoi être échaudées !
Je rappelle que le projet de loi de finances pour 2023 a supprimé 680 postes dans la mission « Gestion des finances publiques et des ressources humaines », après une réduction de près de 1 400 postes en 2022. Plus généralement, près de 10 000 emplois ont été supprimés depuis 2017 dans le cadre de cette mission. Je crains qu'un système de vases communicants ne s'instaure entre la suppression de ces équivalents temps plein (ETP) et la création de la réserve opérationnelle.
Enfin, monsieur le ministre, nous avons découvert par voie de presse les mesures de lutte contre la fraude fiscale que vous souhaitez intégrer par voie d'amendements dans le texte.
Je note qu'après des années passées à nous expliquer que la fraude fiscale était marginale et qu'il fallait se concentrer sur la fraude sociale
Vous allez me répondre que vous avez créé 1 500 postes dédiés à ces missions. Ce chiffre est pourtant peu cohérent avec la politique générale de cette administration qui vise à supprimer 3 000 postes d'ici à 2027 au sein la direction générale des finances publiques (DGFiP). Nous devrions donc assister davantage à un redéploiement de postes qu'à des créations nettes…
Une telle démarche paraît peu ambitieuse au regard des objectifs que vous affichez et notamment de votre volonté d'instaurer un contrôle bisannuel des cent plus grandes capitalisations boursières.
Monsieur le ministre, vous l'aurez pressenti, nous appréhendons ce texte de manière plutôt positive. C'est toutefois à la fin de son examen que nous déterminerons notre position.
Voilà le véritable séparatisme à l’œuvre dans notre pays !
Lors de ce débat du 1er mars, le ministre de l’éducation nationale a déclaré : « Parce que l’argent public finance l’enseignement privé sous contrat » – à hauteur de 73 %, je le rappelle –, « il est normal d’exiger de ce dernier qu’il favorise aussi la mixité des élèves. »
Il parlait alors de moyens de pression sur les établissements privés sous contrat et envisageait notamment de moduler leur subvention, sous forme de bonus-malus, mais aussi de jouer sur les allocations de postes. Il avait même abordé la question de la sectorisation, qui, selon lui, avait donné « des résultats probants ».
Nous attendions donc avec impatience des annonces fortes de la part du Gouvernement pour mettre fin à cette ségrégation scolaire qui mine notre pacte social et fait de notre pays l’un des plus inégalitaires de l’OCDE.
Or le protocole d’accord qui a été dévoilé le 17 mai, après deux reports, a fait pschitt ! Il ne prévoit ni exigences contraignantes, ni modulation des subventions ou des allocations de postes, ni bonus-malus, encore moins de sectorisation !
Nous comprenons donc que ce gouvernement, qui défend toujours les plus privilégiés, n’agira pas pour accroître la mixité scolaire.
Quand le Gouvernement prendra-t-il la mesure du problème ? Quand prendra-t-il…
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, « Il faut sauver l'article 60 ! »
Tel est le cri d'alerte envoyé par toutes les organisations syndicales depuis la censure du Conseil constitutionnel émanant de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) du 22 septembre 2022. Sans ce projet de loi, le couperet interviendrait le 1er septembre prochain avec la disparition du droit de visite, outil des douaniers par excellence et cœur de leurs moyens d'action.
L'article 2 de ce projet de loi, sur lequel nous reviendrons au cours de nos débats, offre un équilibre plutôt fin tout en restreignant le rayon des douanes de façon trop importante, notamment au travers de l'oubli volontaire des axes routiers et de certains aéroports.
Nous défendrons des amendements visant à redonner toute sa vigueur au rayon des douanes et à consacrer un droit de visite étendu, mais proportionné, au service des agents et donc à celui de l'intérêt général.
Nous avons bien compris la double volonté du Gouvernement, qui s'inscrit à cet égard dans la continuité des précédents : recentrer les activités des douanes aux frontières, singulièrement sur les missions migratoires, et gérer la pénurie.
Quand certains s'inquiètent à outrance de l'immigration des personnes, la France est ouverte aux quatre vents pour les contrefaçons et autres marchandises non imposées ou non conformes prohibées – drogues, armes, biens culturels, etc. Moins de 1 % des marchandises acheminées au port du Havre font l'objet d'un contrôle physique. Dans un entrepôt Fedex, on recense 100 visites des douanes pour 100 000 colis déposés.
En France, il faut être particulièrement malchanceux pour se faire contrôler par les douanes, malgré le dévouement des brigades de surveillance.
La tragédie débute avec l'Union douanière instaurée en 1968 et se poursuit avec un marché intérieur absorbé en un marché unique, « un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée ». Or assurer la libre circulation, c'est faire des douaniers des facilitateurs d'échanges. Qu'en est-il de la douane et des agents, dépossédés du contrôle aux frontières ? Les communistes s'opposaient déjà à cette disposition en 1987.
S'en est suivi la journée du 4 juin 1991, au cours de laquelle seul le groupe communiste à l'Assemblée nationale a su résister aux injonctions de voter la création de l'espace Schengen. La France devient le hub d'une mondialisation incontrôlée et incontrôlable.
Les douaniers, comme les usines, seraient devenus inutiles, effacés d'un trait de plume, comme par magie, de la carte administrative française. Près d'un arrondissement sur deux – précisément 48, 7 % – ne compte plus d'agent des douanes ; huit départements ne disposent d'aucun douanier. Depuis 1997, l'implantation territoriale a disparu, alors que seuls 10, 69 % des arrondissements n'étaient pas couverts à l'époque.
Les douanes affrontent selon vous de « nouvelles menaces », monsieur le ministre, mais vous en avez oublié au moins une : la disparition progressive de la douane elle-même !
Cela a de graves conséquences, qui s'articulent autour de la concentration des structures, de la désertification du territoire et de la détérioration des conditions de travail et du service rendu à la population et à la société. On ne résoudra pas ce problème, tant s'en faut, avec une réserve opérationnelle, car pour avoir une réserve il faut que les effectifs soient au complet. Dans une équipe de football, on n'a pas de remplaçants si l'on n'a pas assez de titulaires.
Notre territoire est exposé à une pluralité de menaces, qui ne se limitent pas au trafic de cigarettes, seule infraction directement traitée dans ce texte, à l'article 14, par un alourdissement des peines de prison. On peut citer le trafic international de drogue, qui pèse 250 milliards d'euros, selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, les 4, 2 milliards d'euros partis en fumette et autres consommations, les trafics d'armes, qui pullulent, ou encore les trafics de médicaments de contrefaçon.
Ce dernier fléau avait déjà été pointé en 2009 par un chargé de mission de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique : « Les produits proposés ne sont pas toujours des contrefaçons ; il y a aussi d'autres formes de délinquance. Il peut s'agir de médicaments volés ou détournés, de charlatanisme ou encore de médicaments qui n'ont pas d'autorisation de mise sur le marché. La démarche de protection de la santé publique (et par conséquent du consommateur) est une valeur ajoutée à la protection des marques et des brevets. Le risque sanitaire est réel et doit être pris en compte par tous. » La diversité des risques donne une vision panoptique de l'utilité des douanes et de la pluralité des pratiques frauduleuses qu'enrayent ses agents.
Nous portons une ambition forte pour les douanes, qui doivent recouvrer une place centrale en métropole et réinvestir sérieusement les territoires ultra-marins. La France doit prendre toute sa place en Europe dans le contrôle des marchandises et des capitaux, assumer sa charge dans la lutte contre tous les trafics.
La France ne peut plus être submergée de biens issus du commerce mondial sans moyens de s'assurer de leur acheminement dans les règles. Or nous ne voyons sur ce point aucun signe encourageant dans le présent texte, qui privilégie le numérique au physique, le contrôle en ligne au contrôle de marchandises, une douane 2.0 à une douane présente dans tous les territoires.
Nous voterons donc contre ce projet de loi, sauf adoption de nos amendements et évolution positive du texte.
Monsieur le sénateur Yan Chantrel, je vous prie tout d’abord de bien vouloir excuser l’absence de M. le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, qui est retenu pour la remise des prix « Non au harcèlement ».
Vous le savez, notre ambition est de mener une action résolument concrète de réduction de la ségrégation sociale au sein de nos établissements scolaires. En effet, nous ne pouvons pas nous satisfaire de la situation actuelle. Vous l’avez rappelé, l’écart de composition sociale entre élèves des établissements du public, mais aussi entre établissements du public et du privé, se creuse depuis les années 2000.
Pour remédier à cette situation, le ministre de l’éducation nationale a d’abord voulu agir sur les établissements publics, qui rassemblent, je le rappelle, 90 % des élèves. C’est pourquoi il a demandé à l’ensemble des recteurs de s’emparer de différents leviers, l’objectif étant de faire progresser de 20 % la mixité sociale dans les établissements publics d’ici à 2027.
Ensuite, le ministre a souhaité privilégier la concertation plutôt que la contrainte avec les établissements d’enseignement privés, d’autant que les acteurs de l’enseignement catholique se préoccupent de la mixité sociale et scolaire et qu’ils ont très vite montré leur volonté de s’engager sur ce sujet.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, c'est un texte important que nous examinons aujourd'hui.
Le groupe Union Centriste est particulièrement attaché – comme vous, monsieur le ministre – à la lutte contre l'ensemble des fraudes. En témoignent les nombreux amendements que ses membres, notamment Nathalie Goulet, ont déposés sur ce sujet, en particulier lors de l'examen des projets de loi de finances.
Cette lutte, qui requiert évidemment des moyens adaptés, est extrêmement importante, car la fraude gangrène la société dans laquelle nous vivons. D'une part, elle empêche l'État de disposer d'un certain nombre de moyens au service de l'action publique, ce qui pose un grave préjudice à l'ensemble de nos concitoyens. D'autre part, la fraude est une porte d'entrée à toutes les dérives possibles, par le biais des trafics de tout genre qui sévissent dans le monde entier. Je pense à la drogue, bien entendu, fléau particulièrement dramatique dans de nombreux pays et qui pourrait le devenir en France également, mais aussi au tabac ou à la contrefaçon et à tout ce qui a pour but d'empêcher que s'établissent des relations tout à fait normales entre les uns et les autres.
Il faut donc s'attacher à faire les choses dans le bon ordre. Notre code des douanes n'avait pas été refondu depuis des décennies ; il était donc important de le faire, ne fût-ce que, comme Éric Bocquet vient de le rappeler, pour répondre à l'obligation qui découle de la récente décision du Conseil constitutionnel. Cela nous donne également l'occasion d'adapter notre droit aux moyens technologiques dont on dispose aujourd'hui et dont il est indispensable de doter les services des douanes.
Monsieur le ministre, je veux vous remercier de l'initiative que vous avez prise en invitant les parlementaires volontaires à aller voir, sur le terrain, la manière dont les douanes travaillent. Pour ma part, je me suis rendu auprès des agents de la direction régionale des douanes d'Amiens, pour voir comment ils opéraient sur l'axe Paris-Lille. Je veux saluer le travail qu'ils mènent dans des conditions qui sont loin d'être faciles : l'activité, proportionnelle au flux de véhicules, est extrêmement importante et les moyens dont disposent les agents sont parfois trop réduits pour bien appréhender la réalité de ceux qui veulent détourner la législation de notre pays. Cependant, j'ai trouvé là des agents particulièrement volontaires et mobilisés, des personnes attachées à une bonne réalisation de leur travail.
Cet engagement porte ses fruits : l'an dernier, comme cela a été rappelé, 650 tonnes de cigarettes de contrebande et plus de 100 tonnes de stupéfiants ont été saisies par les douanes. Tout cela est à mettre à l'actif des nombreux agents qui effectuent cette mission sur le territoire national.
Mais pour que cela continue, monsieur le ministre, disons-le très clairement, il faut s'assurer que le périmètre dans lequel les agents des douanes peuvent agir soit le même que celui dans lequel les trafiquants opèrent.
On sait, et l'expérience qu'il m'a été donné de vivre l'a confirmé, que la plupart des marchandises de contrebande arrivent de ports étrangers, notamment de ceux de Rotterdam et Anvers, soit parce que leurs services de douane y sont, peut-être, moins regardants sur ce qui y arrive, soit du fait de l'ampleur des flux de marchandises qui y transitent. Cela nous amène d'ailleurs à nous interroger aussi sur la capacité de nos installations portuaires.
Puisque l'essentiel du commerce international et du transport de marchandises s'effectue par voie maritime, en développant nos ports pour qu'ils puissent réaliser plus d'opérations de transport, nous permettrions à nos services de mieux maîtriser la réalité des trafics qu'ils combattent. Devoir saisir ces marchandises illégales alors qu'elles transitent entre les pays de débarquement et ceux auxquels elles sont destinées, entre le nord et le sud de l'Europe, rend la tâche de nos agents particulièrement compliquée.
Je voudrais aussi appeler votre attention, monsieur le ministre, sur la fraude à la TVA évoquée par le rapporteur Albéric de Montgolfier. Comme il le soulignait, il faudra que le dispositif présent dans ce texte soit complété à l'avenir par d'autres volets si l'on veut lutter efficacement contre les fraudes ; les avancées déjà permises ici devraient néanmoins permettre aux agents d'être plus efficients.
Ma collègue Sylvie Vermeillet, qui suit attentivement ces questions, est particulièrement préoccupée par la lutte contre la contrefaçon et le trafic de tabac, dont l'ampleur est démontrée par les chiffres que j'ai cités. Les services des douanes m'ont affirmé avoir récemment pu démanteler cinq ateliers de fabrication de tabac installés illégalement sur notre territoire. C'est dire que, au vu des perspectives de profit qu'ils offrent, les opérateurs n'hésitent plus à installer des ateliers sur notre territoire.
Il faut donc que nous soyons beaucoup plus vigilants sur ce sujet. Nous devons nous assurer que les moyens donnés à nos agents pour lutter contre ces ateliers soient plus opérants, sans quoi ce type de contrefaçon va encore se développer.
Fort heureusement, le Gouvernement propose que les sanctions soient nettement renforcées, parce qu'il n'y a pas de raison que les sanctions soient particulièrement lourdes pour le trafic de stupéfiants, mais moindres pour le trafic de tabac. Bien sûr, la lutte contre les stupéfiants doit encore être renforcée, mais la lutte contre la fraude au tabac doit l'être aussi. Il faudra sans doute doter nos agents de meilleurs outils pour y parvenir.
J'espère à ce propos, monsieur le ministre, que le Conseil d'État va rejeter le recours en référé déposé contre le décret pris le 19 avril dernier pour permettre l'utilisation de moyens aéroportés de surveillance par les douanes et les forces de l'ordre. Là aussi, clairement, il s'agit de dispositions visant à doter nos services de douanes d'outils modernes, dispositions que certains attaquent au nom de je ne sais quel esprit de liberté, ce qui est particulièrement regrettable. Il faut que nous puissions continuer dans cette voie.
Vous nous demandez également, monsieur le ministre, de vous habiliter à refondre le code des douanes par ordonnance. Le groupe Union Centriste y est, bien entendu, tout à fait favorable. Simplement, nous souhaitons que cette ordonnance fasse ensuite l'objet d'une ratification. Il est important que le Parlement, quand il confie ses responsabilités à l'exécutif, puisse ensuite contrôler ce que celui-ci a réalisé. La question de la ratification des ordonnances se pose de manière générale, comme le recours à cette procédure a augmenté ces dernières années, mais elle se pose ici de manière plus spécifique : il importe particulièrement que nous puissions ratifier cette ordonnance-ci.
Cela étant dit, monsieur le ministre, le groupe Union Centriste votera avec enthousiasme ce projet de loi.
C’est bien grâce à cette concertation, fruit d’un travail de plusieurs mois, que nous avons pu signer mercredi dernier un protocole d’engagement commun avec le secrétaire général de l’enseignement catholique. Cela n’avait pas été fait depuis plus de trente ans, cela mérite d’être souligné.
Ce protocole prévoit notamment un suivi, au moyen d’indicateurs précis, des effets des actions engagées sur l’évolution de la mixité sociale et scolaire au sein des établissements privés sous contrat. C’est une avancée importante, qu’il faut souligner.
Nous pensons que, pour mettre en œuvre une politique en faveur de l’égalité des chances et pour que tous les élèves réussissent, il faut convaincre et non contraindre.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, la criminalité en bande organisée, dont les méthodes assassines, barbares, font grand bruit depuis le début de l'année à Marseille, prend racine dans les trafics transfrontaliers de contrefaçons, d'armes, de tabac et, bien évidemment, de stupéfiants.
On déplore vingt et un morts depuis le début de l'année dans la cité phocéenne. Des quartiers entiers passés sous un autre droit vivent dans la peur des balles perdues et d'éventuelles représailles de la part des narcoterroristes qui font la loi.
Ce texte, qui vise à sécuriser les capacités de fouille des douaniers, à alourdir les peines réprimant le trafic de tabac et à prendre des dispositions pour lutter contre les go fast, va dans le bon sens. Cependant, il ne change pas la philosophie du problème.
Dans un rapport de 2015, la Cour des comptes pointe très précisément les enjeux : « Il existe une contradiction latente entre la volonté (…) d'assurer la plus grande fluidité du marché intérieur (…) et la nécessité de garantir le respect des normes et règles dont les douanes veillent à l'application. (…) La tendance de la Commission a jusqu'à présent été de favoriser la libre circulation plutôt que le contrôle. » La Commission européenne, encore et toujours ce boulet idéologique qui refuse de prendre en compte la réalité !
En effet, l'absence de frontières nationales a engendré laxisme, désordre et ensauvagement. Les différents élargissements de l'Union n'ont d'ailleurs pas du tout été pris en considération dans l'évolution des moyens attribués aux douanes, bien au contraire.
Les flux de marchandises et de personnes intra et extra-européens ayant explosé, le besoin en douaniers augmente fortement. Pourtant, depuis vingt ans, la France a perdu 3000 agents, passant de 20 000 à 17 000 douaniers.
À Marseille, la direction régionale des douanes m'a fait part de ce problème : même si l'on doublait les effectifs sur le port, les douaniers ne seraient toujours pas assez nombreux pour répondre à l'ampleur des trafics.
On entend souvent parler des effectifs de la police nationale, municipale et de la gendarmerie, mais jamais de ceux des douaniers. Pourtant, si nous avions plus de douaniers, nous aurions certainement besoin de moins de forces de l'ordre à l'intérieur du territoire. Plus de saisies en amont, c'est moins de trafics en aval ! Or, sur les 900 emplois promis au moment du Brexit, en 2019, il en manque toujours un tiers, soit 300.
Ce lundi 22 mai, au col de Larche, dans les Alpes-de-Haute-Provence, un passeur a forcé un barrage des douanes avec son véhicule : douze clandestins ont été découverts à l'intérieur. Les douaniers, on le voit, jouent un rôle primordial de sécurité, avec la police aux frontières.
Par ailleurs, le marché de la cocaïne explose dans notre pays. En plus des saisies historiques effectuées en 2022 sur le port du Havre, avec 10 tonnes découvertes, le port de Marseille-Fos a connu lui aussi un record, avec 1, 7 tonne de cocaïne saisie par les douanes. Celles-ci sont à l'origine de 70 % des saisies de stupéfiants en France, mais elles sont victimes de la politique du chiffre qui les oblige, faute d'effectifs, à délaisser les stups pour atteindre les autres objectifs imposés par les bureaucrates des ministères.
Monsieur le ministre, plutôt que de communiquer sur des centaines de postes créés à la DGFiP, il serait plus judicieux de rendre à la douane sa compétence d'enquête sur les fraudes à la TVA, qui représentent 25 milliards d'euros, et de lui accorder les effectifs dont elle a besoin pour remplir sereinement et efficacement l'intégralité de ses missions.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, même si elle est en prise directe avec les enjeux les plus contemporains, la douane a pourtant une longue histoire.
Les échanges de marchandises sont régulés depuis l'Antiquité : pensons au teloneion grec, qui a donné le « tonlieu » du Moyen-Âge, à la pratique de l'affermage, qui a de beaucoup précédé l'instauration d'une douane proprement étatique, ou encore aux nombreux octrois, droits de haut-passage, droits de traite, et j'en passe.
Créé en 1791 à la suite du démantèlement de la Ferme générale, ce qui s'est d'abord appelé la Régie nationale des douanes joue, depuis plus de deux siècles, un rôle essentiel dans l'exercice de notre souveraineté économique, au gré des vicissitudes de l'histoire, oscillant entre des périodes protectionnistes et des périodes plus libre-échangistes.
Aujourd'hui, la direction générale des douanes et droits indirects compte un peu plus de 16 000 agents, soit à peu près l'équivalent des effectifs du ministère des affaires étrangères, pour un budget de 1, 6 milliard d'euros par an. Toutefois, l'échelle de la politique douanière est désormais européenne, dans le cadre de l'Union douanière qui constitue l'un des piliers de l'UE.
Certains types de fraudes sont répandus au sein de l'Union. Ainsi, en matière fiscale, de la fraude « carrousel » sur la TVA, qui consiste à se faire rembourser dans un pays voisin des montants de TVA qui n'ont en fait jamais été acquittés. La douane française intègre la lutte contre les fraudes intra-européennes dans sa politique de renforcement du contrôle aux frontières intérieures de Schengen.
Les techniques de fraude apparaissent toujours plus sophistiquées et les douanes sont engagées dans une lutte permanente entre le glaive et le bouclier. La situation actuelle se caractérise par une recrudescence des grands trafics illégaux : stupéfiants, tabac et autres produits contrefaits, objets d'art, antiquités ou animaux, mais également, hélas ! trafic d'êtres humains... Ces flux illicites sont d'autant plus difficiles à combattre qu'ils s'insèrent dans la masse du fret légal, ce qui les rend moins aisément détectables. La numérisation de l'économie, en particulier l'usage de cryptoactifs, démultiplie aussi les outils de contournement des contrôles douaniers.
Face à ces défis, l'administration des douanes doit pouvoir disposer de moyens d'action efficaces et correctement dimensionnés. La recherche des auteurs d'infractions douanières est ainsi un objectif à valeur constitutionnelle qui doit être préservé dans le nouveau cadre légal que nous nous apprêtons à examiner.
L'origine de ce projet de loi, cela a déjà été dit, est la décision rendue par le Conseil constitutionnel le 22 septembre 2022 invalidant l'article 60 du code des douanes, à la suite d'une question prioritaire de constitutionnalité. On mesure à nouveau la portée majeure de cette procédure, introduite dans notre droit par la révision de 2008, qui permet d'effectuer un contrôle de constitutionnalité a posteriori.
Il est vrai que la rédaction de cet article 60 pouvait apparaître un peu succincte. Alors que les échanges extérieurs se sont considérablement développés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en même temps que les droits de l'individu et l'intégration européenne, les bases juridiques du contrôle douanier, elles, sont restées en grande partie jurisprudentielles.
Le présent projet de loi procède à une réécriture en profondeur du code des douanes, en particulier à l'article 2, qui remplace la disposition déclarée inconstitutionnelle par une série d'articles nettement plus détaillés – d'aucuns diront peut-être un peu bavards… Cette réécriture sera complétée par une ordonnance prise sur le fondement de l'habilitation qui figure à l'article 15, habilitation dont je propose par ailleurs de réduire le délai à deux ans, conformément à l'avis du Conseil d'État.
Quoi qu'il en soit, ce projet de loi constitue une base indispensable à la pérennité du cadre légal des interventions des agents des douanes, le cadre actuel devenant caduc à compter du 1er septembre prochain.
Plusieurs modifications adoptées en commission tendent à rapprocher le droit des visites douanières de la procédure pénale, en posant des conditions comme l'information du procureur de la République. Ma collègue Nathalie Delattre a pour sa part déposé une série d'amendements visant à préserver des moyens légaux suffisants pour la pleine réalisation des missions des agents des douanes. Il s'agit toujours d'assurer un équilibre subtil entre les libertés individuelles et les moyens de la puissance publique.
La création d'une réserve opérationnelle, sur le modèle de celles de l'armée ou de la police, est une proposition intéressante pour une administration dont près de la moitié des agents sont sous uniforme. Ne faudrait-il pas également un renforcement pérenne des moyens matériels et humains de la douane, à l'instar de ce qui se fait chez certains de nos voisins ?
En conclusion, les membres du RDSE reconnaissent la nécessité de légiférer rapidement sur cette question. Ils se montreront attentifs au sort des différents amendements déposés, avec néanmoins un avis a priori favorable sur ce texte.
Ma question s’adresse à M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, même s’il est toujours désagréable de s’adresser à un absent…
En 2022, pour faire face à la hausse continue du nombre d’atteintes à la laïcité, le ministre a élaboré un plan. Depuis sa publication, que constate-t-on ?
Au mois d’octobre dernier, le nombre de signalements avait atteint 720, soit une hausse de 130 % par rapport au mois précédent. Au mois de mars, il a encore dépassé 500.
Comme l’a déclaré M. le ministre, la hausse du mois d’octobre est liée à la commémoration de l’assassinat de Samuel Paty. Les 500 cas du mois de mars correspondent, selon lui, à une « remontée chaque année au moment du ramadan ». Ses explications très catégoriques ont d’ailleurs eu pour seul effet de susciter une polémique, notamment avec la Grande Mosquée de Paris.
Les données communiquées par les services du ministère concernant le mois d’avril, dans l’académie de Paris, ne sont pas bonnes. Je laisse au ministre le soin de les annoncer… Ce sont les chiffres les plus élevés depuis la rentrée de septembre.
À cela s’ajoutent les signalements d’actes d’antisémitisme, qui, eux, ne constituent pas des atteintes à la laïcité, mais relèvent de procédures pénales.
Ces statistiques sont-elles fiables ? La réponse est non ! Ces chiffres sont manifestement sous-estimés ! Pour le principal syndicat des personnels de direction des collèges et lycées, les tenues litigieuses, les contestations d’enseignement ou même les difficultés lors des sorties scolaires ne font pas l’objet de signalements de manière systématique.
Ces statistiques sont-elles utiles ? La réponse est encore non ! Les atteintes à la laïcité ne font l’objet d’aucune réponse.
Les chefs d’établissement se sentent bien seuls. Ils attendent des réponses concrètes. Ils demandent des outils réglementaires pour mieux gérer ces situations. L’absence de fermeté du ministre sur tous ces sujets laisse la porte ouverte à toutes les revendications communautaires.
Ma question est simple : le ministre va-t-il se contenter mois après mois de recenser les atteintes à la laïcité et de les commenter ? Ou va-t-il enfin donner aux responsables d’établissement des directives claires ?
Ma question s’adresse à M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, même s’il est toujours désagréable de s’adresser à un absent…
En 2022, pour faire face à la hausse continue du nombre d’atteintes à la laïcité, le ministre a élaboré un plan. Depuis sa publication, que constate-t-on ?
Au mois d’octobre dernier, le nombre de signalements avait atteint 720, soit une hausse de 130 % par rapport au mois précédent. Au mois de mars, il a encore dépassé 500.
Comme l’a déclaré M. le ministre, la hausse du mois d’octobre est liée à la commémoration de l’assassinat de Samuel Paty. Les 500 cas du mois de mars correspondent, selon lui, à une « remontée chaque année au moment du ramadan ». Ses explications très catégoriques ont d’ailleurs eu pour seul effet de susciter une polémique, notamment avec la Grande Mosquée de Paris.
Les données communiquées par les services du ministère concernant le mois d’avril, dans l’académie de Paris, ne sont pas bonnes. Je laisse au ministre le soin de les annoncer… Ce sont les chiffres les plus élevés depuis la rentrée de septembre.
À cela s’ajoutent les signalements d’actes d’antisémitisme, qui, eux, ne constituent pas des atteintes à la laïcité, mais relèvent de procédures pénales.
Ces statistiques sont-elles fiables ? La réponse est non ! Ces chiffres sont manifestement sous-estimés ! Pour le principal syndicat des personnels de direction des collèges et lycées, les tenues litigieuses, les contestations d’enseignement ou même les difficultés lors des sorties scolaires ne font pas l’objet de signalements de manière systématique.
Ces statistiques sont-elles utiles ? La réponse est encore non ! Les atteintes à la laïcité ne font l’objet d’aucune réponse.
Les chefs d’établissement se sentent bien seuls. Ils attendent des réponses concrètes. Ils demandent des outils réglementaires pour mieux gérer ces situations. L’absence de fermeté du ministre sur tous ces sujets laisse la porte ouverte à toutes les revendications communautaires.
Ma question est simple : le ministre va-t-il se contenter mois après mois de recenser les atteintes à la laïcité et de les commenter, ou va-t-il enfin donner aux responsables d’établissement des directives claires ?
Monsieur le sénateur Charon, avant de répondre à votre question, permettez-moi de rappeler plusieurs actions engagées par M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, absent aujourd’hui, car il remet les prix « Non au harcèlement ».
Le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse a demandé la publication du nombre mensuel d’atteintes à la laïcité. Vous avez rappelé ces chiffres, qui sont désormais disponibles sur le site du ministère de l’éducation nationale, afin de favoriser la transparence, améliorer le suivi et mieux organiser la mobilisation contre les atteintes à la laïcité.
Il a par ailleurs renforcé, là où c’est nécessaire, les équipes académiques Valeurs de la République et étendu la formation sur ce sujet à tous les personnels de l’éducation nationale. Je rappelle que le plan qu’il a annoncé en novembre 2022 a déjà permis à 300 000 personnels d’éducation, dont 5 000 chefs d’établissement et adjoints, d’être ainsi formés. Cette formation concrète permet aux uns et aux autres d’être mieux accompagnés et de disposer d’outils efficaces pour lutter contre les atteintes à la laïcité.
Le ministre de l’éducation nationale a également renforcé les mesures disciplinaires en cas d’atteinte au principe de laïcité et diffusé une circulaire très claire aux chefs d’établissement, pour qui, jusqu’à présent, les procédures à mettre en œuvre étaient floues.
Enfin, il a institutionnalisé le Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République en complétant sa composition, cinq ans après la création de cette instance. Ses membres historiques ont d’ailleurs tous été confirmés dans leurs fonctions.
Monsieur le sénateur, l’engagement du Gouvernement, en particulier celui du ministre de l’éducation nationale, dans la lutte contre les atteintes à la laïcité est sans faille. Plus que des mots, la situation requiert des actions fortes : l’accompagnement des personnels, ainsi que des mesures disciplinaires, lesquelles relèvent du domaine réglementaire.
Monsieur le sénateur Charon, avant de répondre à votre question, permettez-moi de rappeler plusieurs actions engagées par M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, absent aujourd’hui, car il remet les prix « Non au harcèlement ».
Le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse a demandé la publication du nombre mensuel d’atteintes à la laïcité. Vous avez rappelé ces chiffres, qui sont désormais disponibles sur le site du ministère de l’éducation nationale, afin de favoriser la transparence, d’améliorer le suivi et de mieux organiser la mobilisation contre les atteintes à la laïcité.
Il a par ailleurs renforcé, là où c’est nécessaire, les équipes académiques Valeurs de la République et étendu la formation sur ce sujet à tous les personnels de l’éducation nationale. Je rappelle que le plan qu’il a annoncé en novembre 2022 a déjà permis à 300 000 personnels d’éducation, dont 5 000 chefs d’établissement et adjoints, d’être ainsi formés. Cette formation concrète permet aux uns et aux autres d’être mieux accompagnés et de disposer d’outils efficaces pour lutter contre les atteintes à la laïcité.
Le ministre de l’éducation nationale a également renforcé les mesures disciplinaires en cas d’atteinte au principe de laïcité et diffusé une circulaire très claire aux chefs d’établissement, pour qui, jusqu’à présent, les procédures à mettre en œuvre étaient floues.
Enfin, il a institutionnalisé le Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République en complétant sa composition, cinq ans après la création de cette instance. Ses membres historiques ont d’ailleurs tous été confirmés dans leurs fonctions.
Monsieur le sénateur, l’engagement du Gouvernement, en particulier celui du ministre de l’éducation nationale, dans la lutte contre les atteintes à la laïcité est sans faille. Plus que des mots, la situation requiert des actions fortes : l’accompagnement des personnels, ainsi que des mesures disciplinaires, lesquelles relèvent du domaine réglementaire.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, à l'heure où la mondialisation entre dans une nouvelle phase, la frontière représente une limite utile, qui permet de filtrer les allées et venues des personnes et des marchandises.
La frontière est également un signe d'humilité et de modestie : comme le souligne Régis Debray, « non, je ne suis pas partout chez moi ». Depuis les années 1990, 27 000 kilomètres de frontières ont été tracés et un monde virtuel est apparu, ce qui nous oblige à imaginer des répliques adaptées.
Le projet de loi que nous examinons aujourd'hui vise à donner à la douane les moyens de faire face aux nouvelles menaces. Il tire également les conséquences de la décision par laquelle, le 22 septembre 2022, le Conseil constitutionnel a déclaré contraires à la Constitution les dispositions de l'article 60 du code des douanes.
Si la lutte contre la fraude peut être assimilée, historiquement, à une course entre le chat et la souris, cela ne signifie pas qu'il faille renoncer : au contraire, il faut innover pour ne pas se laisser distancer.
Grâce à la mise en commun du travail de trois ministères et à l'efficacité de l'Office antistupéfiants (Ofast), l'État a pu procéder à des saisies record de stupéfiants en 2022. Au total, ce sont 104 tonnes de drogue, dont 17 tonnes de cocaïne, qui ont été saisies sur le territoire national.
Au Havre sans doute plus qu'ailleurs, la douane signifie quelque chose. Véritable porte d'entrée et de sortie pour la France, le port du Havre est aussi, malheureusement, une place convoitée par les trafiquants.
Ainsi, plus de 7 tonnes de cocaïne ont été saisies l'année dernière, dont une saisie record de près de 1 900 kilos, soit « la plus grosse saisie de l'histoire de la douane », selon le ministre Gabriel Attal. De même, les saisies de tabac comme de déchets illégaux ne cessent d'augmenter, comme l'illustre bien la saisie effectuée en avril dernier sur le port du Havre. En 2022, les douaniers ont également intercepté et retiré du marché près de 11 millions d'articles de contrefaçon, véritable gangrène pour l'économie.
Pourtant, et malgré leur dévouement, nos douaniers sont à la peine. Leur combat quotidien ressemble parfois à celui de David contre Goliath. Ils ressentent plus que quiconque l'effet de ciseau entre hausse du trafic, d'une part, et baisse des effectifs, de l'autre. Ces derniers, ayant fondu d'un quart depuis les années 1990, n'ont pas été compensés par les gains de productivité liés notamment à l'informatique et à la mise en œuvre de l'espace Schengen.
Les moyens restent insuffisants et les méthodes d'action demeurent limitées par une législation aujourd'hui dépassée, tandis que les trafiquants ne manquent, eux, ni d'idées ni de ressources, tant l'économie souterraine rapporte. Dès lors, il est plus que nécessaire de fourbir des armes légales correspondant à la réalité rencontrée au Havre comme partout en France.
La mise en conformité du droit de visite douanière a été l'occasion, pour la commission des lois, de clarifier les dispositifs proposés. Ainsi de la précision apportée à la notion d'« abords » des lieux où les opérations des agents des douanes peuvent être conduites à toute heure : la définition d'un rayon de 10 kilomètres autour des ports, aéroports et gares ferroviaires ou routières apporte une limite spatiale claire. Le renforcement des garanties accordées aux personnes a été un autre cheval de bataille de notre commission, qui a voulu veiller au respect des principes fondamentaux et de la dignité humaine lors des fouilles individuelles.
Le cadre d'exercice des pouvoirs douaniers est également modernisé, qu'il s'agisse des capacités d'enquête au service de la performance dans la lutte contre les réseaux de criminalité organisée ou de la clarification du régime de transfert à l'État de la propriété des objets saisis et non restitués.
L'intégration du numérique dans les missions des douanes est au cœur de cette nouvelle approche. Ainsi, la possibilité de copier des données stockées dans un système informatique non implanté sur les lieux visités par les agents habilités illustre la prise en considération de ces aspects innovants et essentiels. Le numérique doit être traité avec la même rigueur que les aspects physiques de leur travail et être soumis au même examen de nos principes et libertés.
Un renforcement de l'échange d'informations entre l'autorité judiciaire et l'administration des douanes a également été apporté par la commission des lois, pour améliorer la coordination et l'efficacité.
L'expérimentation des données des lecteurs automatisés de plaques d'immatriculation (Lapi) devra être évaluée rigoureusement pour envisager sa pérennisation, comme pour toute expérimentation. Conformément aux préconisations de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), les données ne devront pas systématiquement être conservées pendant la durée maximale de quatre mois.
Puisque le juste équilibre entre l'impératif d'efficacité des enquêtes douanières et la préservation des droits individuels a été trouvé dans ce projet de loi, tel que modifié et enrichi par les travaux des rapporteurs, le groupe Les Républicains votera en faveur de ce texte.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, « le pays où le commerce est le plus libre sera toujours le plus riche et le plus florissant », écrivait Voltaire. Par le commerce, notamment international, la France bâtit sa prospérité.
La création en Europe de l'Union douanière, qui garantit la liberté de circulation des personnes, des biens et des capitaux au sein des pays membres, a offert un atout majeur à notre économie. En facilitant les échanges, nous avons stimulé la création d'emplois et de richesses.
Cette évolution a profondément modifié le travail de l'administration des douanes et rendu plus nécessaire encore la coopération avec les services étrangers.
Une Europe plus ouverte offre plus d'opportunités, mais elle présente aussi plus de menaces. Il nous faut en effet assurer le contrôle d'un nombre toujours croissant de marchandises et détecter les flux clandestins de marchandises illicites.
La contrebande est une activité par nature difficile à détecter et à endiguer, a fortiori lorsque les trafiquants emploient toutes les technologies disponibles pour échapper aux contrôles.
Nous devons donc veiller à moderniser les outils de l'administration des douanes pour qu'elle puisse continuer à lutter efficacement contre ce fléau.
La nature par essence fugace des infractions douanières justifie que la douane soit dotée de pouvoirs de contrôle étendus. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la loi donnait aux agents des douanes le pouvoir général de procéder à la visite des marchandises et des moyens de transport et à la fouille des personnes. Cette prérogative générale, sans limites de temps, de lieu ni de circonstances, a été jugée à bon droit contraire à la Constitution.
Il nous faut donc désormais bâtir un régime d'équilibre permettant aux douanes d'accomplir leurs missions tout en respectant la vie privée et la liberté d'aller et venir.
Tel est l'objet du texte que nous examinons. Laborieusement, mais avec précision, il dessine les contours du nouveau régime, en organisant le pouvoir de visite douanière en fonction des lieux et des circonstances. Certainement plus techniques et plus complexes à mettre en œuvre que les précédentes, ces nouvelles règles répondent cependant aux exigences de notre État de droit.
En outre, le projet de loi modernise les outils de la douane, en tenant compte des pratiques les plus récentes des trafiquants. Les paiements de contrebande sont de plus en plus souvent effectués en cryptoactifs. Il était donc grand temps de les faire entrer dans le champ de la compétence douanière.
Dans les trafics, comme dans la société en général, l'informatique occupe désormais une place prépondérante. Plusieurs dispositions du texte permettent de s'adapter à cette réalité, en autorisant la saisie non seulement des données contenues dans les appareils des personnes contrôlées, mais aussi de celles qui seraient hébergées dans les nuages de l'internet.
Via leurs 16 000 agents, les douanes doivent développer des compétences très fines dans des domaines extrêmement variés. Dans ces conditions, la création d'une réserve opérationnelle nous apparaît particulièrement utile.
Les réservistes seront appelés à prêter main-forte aux agents lors de surcharges d'activité. Il faut, en effet, s'attendre à ce que les grands événements que la France va accueillir soient l'occasion d'une augmentation des fraudes.
Ces réservistes pourront, en outre, apporter à l'administration des compétences rares en tant que spécialistes, notamment en matière numérique.
Pour entrer pleinement dans la modernité, les douanes doivent pouvoir compter sur les technologies les plus récentes. L'expérimentation envisagée par le projet de loi, portant sur les fichiers de lecture de plaques d'immatriculation, nous semble à cet égard particulièrement pertinente. Elle permettra d'identifier les convois et de remonter les filières.
Si le monde change vite, certaines choses ne varient pas : la raison d'être de tous les trafics reste le profit. Le groupe Les Indépendants – République et Territoires est donc particulièrement favorable à ce que les flux financiers provenant d'infractions soient ciblés. À cet égard, la procédure de retenue temporaire d'argent vient combler une importante lacune. En confisquant les profits, nous pourrons espérer tarir les trafics.
La mission des douanes est essentielle, cela a été dit et répété. Notre pays doit conserver la maîtrise de ses frontières. En offrant aux douanes des prérogatives modernisées et rendues conformes aux exigences de notre droit, ce projet de loi y contribue utilement. Par conséquent, nous le voterons.
Ma question s’adresse à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.
Dimanche matin, au commissariat de Roubaix, une équipe de policiers qui prenait la relève de l’équipe de nuit a répondu à l’appel de détresse d’une jeune fille. Une patrouille de jeunes policiers s’est vue confier la mission de recueillir une mineure présumée violée afin de la protéger et de la conduire à l’hôpital.
Cette intervention au service des autres aura été la dernière pour Paul, Steven et Manon. Ce matin-là, ils sont partis de chez eux heureux, ignorant qu’ils ne reverraient jamais leurs proches.
À Roubaix, il existe une véritable solidarité entre la police nationale, la police municipale et les pompiers. C’est une ville méritante.
À l’École nationale de police de Roubaix, la directrice, la commissaire Kichtchenko, apprend aux nouvelles recrues les difficultés de la profession. Il leur faudra faire preuve de beaucoup de professionnalisme et de rigueur pour exercer ce métier. Manon, stagiaire, était prête à entrer dans cette grande famille.
Abdelkader Haroune, le commissaire principal de Roubaix, dirige le commissariat avec bienveillance et fermeté. Il dit toujours à ses agents combien la police est un réel ascenseur social pour tous ceux qui ont à cœur de défendre les valeurs de la République.
Monsieur le ministre, vous êtes fier de vos hommes ; vous avez bien raison de les défendre.
La mort de ces trois jeunes policiers de Roubaix démontre encore une fois les risques de ce métier. Ces jeunes ont été tués par un chauffard ivre, sous l’emprise de stupéfiants, roulant à grande vitesse et à contresens, un récidiviste connu des services de police.
Leur décès est un choc immense pour tous leurs collègues, leurs proches, le Nord et, plus largement, notre pays tout entier. Ce qui s’est produit est inacceptable.
Au nom de tous mes collègues, j’adresse mes sincères condoléances aux familles et aux proches de ces jeunes. Aujourd’hui, l’heure est au recueillement, monsieur le ministre, mais que pourrons-nous faire dès demain pour mettre fin à ce fléau ?
Le Gouvernement entend-il prendre des mesures pour intensifier la lutte contre les conducteurs dangereux, sous l’emprise de drogue ou d’alcool ? Envisage-t-il de durcir les peines encourues en pareil cas ?
Madame la présidente, monsieur le ministre, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, ce projet de loi est le premier texte entièrement consacré à la douane depuis 1965 ; en cela, il est bienvenu. Comme vous, monsieur le ministre, nous sommes fiers de ce service public, dont les moyens doivent être confortés.
La réécriture de l'article 60 du code des douanes, déclaré contraire à la Constitution par le Conseil constitutionnel en septembre dernier, est indispensable. Cet article concerne le cœur du métier de douanier : procéder à la visite des marchandises, des moyens de transport et des personnes en vue de la recherche de fraude.
Par conséquent, nous examinons un texte essentiel. Nous pensons d'ailleurs qu'il serait utile de créer un code des procédures douanières sur le modèle de ceux qui régissent les procédures judiciaires.
Ce projet de loi vise à adapter les pouvoirs douaniers au numérique pour mieux appréhender la cyberdélinquance douanière, notamment par la possibilité de geler les données hébergées sur un serveur distant au cours de visites domiciliaires douanières et de sécuriser la saisie des matériels et des documents numériques.
Il est aussi proposé de créer un pouvoir d'incitation à la vigilance des opérateurs de plateformes de vente en ligne quant aux marchandises disponibles sur leurs sites.
Autant de défis qu'il faut relever !
Les agents des douanes jouent un rôle important dans notre société. Ils sont au centre de la lutte contre les trafics de toute nature et protègent l'État, les acteurs économiques, les citoyens et l'environnement. Toutefois, concernant cette réforme de la procédure et des actes d'enquêtes réalisés par les agents des douanes habilités, le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires veillera, comme chacun, à l'existence d'une articulation équilibrée entre les objectifs de lutte contre la fraude douanière et le nécessaire respect des droits, des libertés individuelles et de la vie privée.
Vous procédez aussi, monsieur le ministre, à la création d'une réserve opérationnelle de l'administration des douanes. Notre groupe exprimera ses réserves à l'encontre de cette disposition au travers d'un amendement de suppression de l'article, à l'instar des autres groupes des travées de gauche de cet hémicycle.
Si le recrutement d'une réserve peut utilement renforcer les forces disponibles pendant les périodes estivales ou de surcroît de travail, même si ces dernières sont permanentes au regard des échanges commerciaux, les services douaniers connaissent surtout une situation de sous-effectif, encore aggravée par la suppression de 680 postes dans la dernière loi de finances. C'est à cela, monsieur le ministre, qu'il faut apporter une réponse, en recrutant et en formant de nouveaux agents titulaires.
Si la France emploie près de 18 000 douaniers, l'Allemagne en compte 48 000. À due proportion de la population, la France devrait ainsi disposer de 39 000 douaniers, d'autant que le territoire à réguler est bien plus vaste. D'autres critères peuvent également être pris en compte.
Toutefois, nous considérons que la création d'une réserve opérationnelle de l'administration des douanes n'est pas une réponse à la hauteur des défis que vous avez vous-même soulignés. L'annonce du recrutement de 300 nouveaux douaniers pour lutter contre le trafic de cigarettes n'est, à l'évidence, pas suffisante.
Sans jouer les oiseaux de mauvais augure, je ne voudrais pas, monsieur le ministre, que cette disposition se révèle être un cheval de Troie financier ou budgétaire destiné à créer des réserves dans tous les services publics pour faire face aux baisses de postes de titulaires – professeurs, infirmiers, médecins… – que vous souhaitez imposer en cette période de sévères cadrages budgétaires.
Monsieur le ministre, il est enfin important d'accorder à l'administration douanière des moyens à la hauteur de l'hommage que vous lui rendez. Le manque de ressources a de fortes répercussions non seulement sur la répression des fraudes, mais également sur l'environnement – je pense notamment au contrôle des importations et au commerce d'espèces protégées, faune ou flore sauvages, aux conséquences désastreuses et dont pâtissent les écosystèmes mondiaux.
D'après les Études de l'environnement douanier de l'Organisation mondiale des douanes (OMD), le volume de déchets ayant fait l'objet d'un commerce est passé de 45, 6 millions de tonnes à plus de 220 millions de tonnes, entre 1992 et 2012. Cette augmentation de 400 % en deux décennies seulement a des conséquences redoutables pour l'environnement et pour les personnes, notamment en Afrique et en Asie-Pacifique.
En 2019, ma collègue Laurence Cohen avait interpellé le Gouvernement sur le risque de contamination aux pesticides des produits importés depuis le Brésil – oranges, café, soja... Pour le soja, massivement importé à destination de l'élevage industriel, les normes brésiliennes autorisent la présence de 200 fois plus de résidus de glyphosate que les normes européennes ! Or les douaniers ne peuvent rien faire quand la loi est ainsi faite qu'elle permet d'importer en toute légalité des substances interdites.
La loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, dite loi Égalim, prévoit l'interdiction d'exporter des produits phytosanitaires contenant des substances bannies de l'Union européenne, mais ne proscrit pas l'exportation des substances actives.
Ainsi, entre janvier et septembre 2022, les autorités françaises ont approuvé 150 demandes d'exportation de pesticides interdits sur notre territoire, soit 7 475 tonnes de produits fongicides, herbicides ou insecticides.
Il faut protéger les consommateurs, mais aussi nos agriculteurs et nos industriels, contre les importations de produits aux normes environnementales, sanitaires ou sociales incompatibles avec les exigences d'un pays comme le nôtre ou d'un continent européen qui a choisi d'affronter les crises climatiques et sociales.
Il n'est pas temps de faire une « pause » sur les normes environnementales ; les douaniers doivent nous aider à l'éviter.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, si l'Allemagne dispose de plus de 47 000 douaniers pour environ 6 000 kilomètres de frontières terrestres et maritimes, principalement internes à l'Union européenne, la France ne compte pas plus de 17 000 douaniers pour 23 000 kilomètres de frontières terrestres et maritimes, principalement extérieures.
En dépit de prérogatives qui ne sont peut-être pas identiques §l'exemple de la Guardia di Finanza italienne ou celui de services similaires d'autres pays européens montrent que cette administration française est loin d'être surdotée au regard de la longueur des frontières à surveiller. D'autant que ce sont surtout les frontières extérieures de l'Union européenne qui doivent être contrôlées pour assurer la liberté de circulation des biens et des personnes.
En outre, la croissance d'un certain nombre de trafics, notamment de stupéfiants, gangrène à la fois les États et la cohésion sociale. Les effets de ces trafics sont perceptibles dans plusieurs pays d'Amérique latine, mais aussi sur le territoire européen. Cela doit nous mobiliser.
Pourquoi ce projet de loi était-il nécessaire ?
D'une part, parce que l'article 60 du code des douanes, qui n'a pas été revu depuis sa rédaction en 1948, a été censuré par le Conseil constitutionnel en septembre 2022. Son abrogation a toutefois été reportée au 1er septembre 2023, compte tenu du coup de tonnerre que cette décision représente pour le fonctionnement des douanes.
Par conséquent, il était indispensable de définir un cadre juridique conforme aux exigences de l'État de droit et du droit européen pour permettre aux prérogatives centrales des douanes que sont les fouilles et les visites douanières de perdurer.
D'autre part, parce que ce projet de loi vise à adapter un certain nombre d'outils au cybercrime et à l'évolution du numérique et à moderniser les méthodes d'enquête.
Bien sûr, de nombreux douaniers se sont inquiétés des conséquences de la censure de l'article 60 du code des douanes sur leur capacité à remplir leurs missions. Celles-ci doivent s'exercer dans le cadre du droit européen et international – les infractions douanières étant par essence internationales – et dans le respect des engagements de la France.
Nous ne pouvons nous extraire de ce droit européen, comme l'a souligné notre rapporteur pour avis. C'est à cette condition que la confiance entre les partenaires européens ou mondiaux peut être construite et que des échanges d'informations peuvent exister.
Par conséquent, rien ne sert de crier au loup face à la censure du Conseil constitutionnel : il importe d'encadrer les dispositions de cet article pour les rendre efficaces et respectueuses des libertés individuelles.
Je tiens d'ailleurs à rappeler, monsieur le ministre, combien cette administration est indispensable et mérite d'être mieux dotée. L'année dernière, 4 000 agents supplémentaires sont venus renforcer les effectifs des douanes allemandes ; nous en sommes très loin en France...
Le projet de loi prévoit une gradation des pouvoirs en fonction des lieux et des motifs : les visites effectuées dans une même zone ne pourront plus excéder une durée de douze heures consécutives et le contrôle ne pourra porter sur l'ensemble du public concerné.
Par ailleurs, le texte vise à définir un rayon des douanes conforme au code frontières Schengen.
Enfin, en cas d'infraction de droit commun constatée en flagrance par des agents des douanes, …
Merci, madame la sénatrice Brigitte Lherbier, des mots très touchants que vous avez eus au sujet de ces trois jeunes policiers du commissariat de Roubaix.
Ce commissariat compte parmi les plus difficiles de France. Ses moyens sont à la hauteur des difficultés auxquelles font face ses policiers et ses personnels administratifs, qui, comme le commissaire Haroune dont vous avez parlé, font l’honneur de la police nationale.
Demain, à l’École nationale de la police de Roubaix, le Président de la République rendra officiellement hommage à ces policiers, qui sont à 24 ans, à 25 ans, à 26 ans, je tiens à le dire, l’honneur de la France et du service public. Nous pensons tous à leurs familles, en particulier à ce petit garçon qui aura un an dans les prochains jours et à la jeune femme enceinte de l’un de ces jeunes policiers.
L’assassin, celui qui conduisait la voiture roulant à contresens, a brisé trois destins, mais il a également blessé toute la police nationale.
Après le temps de l’hommage, il faudra évidemment engager une réflexion, madame la sénatrice, ce fait divers n’étant malheureusement pas le seul de ce type. Trop de chauffards, trop d’assassins tuent sur les routes sous l’emprise de stupéfiants ou d’alcool. Nous travaillons avec le garde des sceaux afin de limiter la survenue de tels drames.
Nous avons ainsi proposé le retrait des douze points du permis de conduire pour ceux qui conduisent sous l’emprise de stupéfiants – il s’agit là d’une mesure d’ordre réglementaire. Le garde des sceaux a également proposé de renommer cet homicide et de le qualifier d’homicide routier. Beaucoup de propositions émanent par ailleurs de votre assemblée, de toutes ses travées.
Nous espérons que le travail que font les policiers et les gendarmes tous les jours sur les routes permettra d’empêcher ces chauffards de continuer à tuer. M. le garde des sceaux et moi-même, sous l’autorité de Mme la Première ministre, sommes à la disposition du Parlement, en particulier du Sénat, et de vous-même, madame la sénatrice, pour travailler sur cette question, en mémoire de ces trois jeunes policiers.
la personne concernée sera remise aux forces de l'ordre sous le contrôle du procureur.
Ces dispositions nous paraissent intéressantes et à même d'assurer un cadre juridique adéquat à l'action des douaniers. Aussi, je tiens à saluer le travail des rapporteurs ainsi que du Gouvernement.
Nous soutiendrons ces évolutions, sous réserve de la suppression de la réserve opérationnelle.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, administration de la frontière et de la marchandise, la douane remplit deux missions simultanées : elle soutient l'attractivité économique du territoire tout en assurant la sécurité de celui-ci et de sa population.
Les chiffres de l'année 2022 attestent de l'importance de ces deux missions : 104 tonnes de drogue ont été saisies par nos services douaniers, comme vous l'avez rappelé, monsieur le ministre, pour une valeur de revente estimée à plus de 1 milliard d'euros, et cela sans compter le tabac et les articles de contrefaçon.
À l'ère du numérique, l'administration des douanes fait face à un double défi : adapter ses méthodes d'action à une frontière désormais également numérique et à l'intensification des flux illégaux avec la complexification des pratiques délinquantes et l'adaptabilité de plus en plus forte des réseaux criminels avec l'appui des nouvelles technologies.
L'année 2022 a également marqué un tournant dans les prérogatives des douanes françaises.
En effet, le 22 septembre dernier, le Conseil constitutionnel a censuré le droit de visite douanière, lequel était autant nécessaire à l'action douanière répressive que potentiellement porteur d'atteintes aux droits individuels.
Ce projet de loi répond à deux enjeux majeurs.
Dans un premier temps, il me semble primordial d'éviter le vide juridique que pourrait entraîner la décision du Conseil constitutionnel.
En effet, le droit de visite permettait aux agents douaniers « de procéder à la visite des marchandises et des moyens de transport et à celle des personnes », et cela sans limitation ni de lieu, ni d'horaire, ni de circonstances.
La censure de ce droit affaiblit l'action douanière et empêche tout simplement l'exercice des prérogatives des agents lors d'un contrôle, lequel doit nécessairement rester inopiné.
Pour rétablir l'équilibre, le texte issu des travaux de la commission des lois du Sénat redéfinit deux caractéristiques essentielles du droit de visite.
D'abord, il restreint le rayon des douanes, périmètre établi à partir des frontières terrestres et du littoral au sein duquel les agents des douanes disposent de prérogatives étendues de contrôle.
Ensuite, il crée une gradation en matière de visite, en fonction du lieu et des motifs, adaptant en conséquence le contrôle exercé par les juges et les garanties offertes aux personnes contrôlées.
La visite douanière répond désormais aux exigences de proportionnalité de l'atteinte au droit d'aller et de venir et au respect de la vie privée des personnes tout en associant l'autorité judiciaire à la recherche des infractions douanières les plus graves.
Dans un second temps, ce projet de loi vise à adapter un code douanier datant de 1948 aux nouveaux enjeux de lutte contre les trafics à nos frontières.
En effet, l'administration douanière ne dispose pas des leviers juridiques nécessaires pour faire face aux nouveaux usages des trafiquants, notamment pour appréhender le volet numérique des infractions en cas de commission en ligne de certains délits douaniers ou pour recueillir des preuves informatiques.
Les agents des douanes, par exemple, ne peuvent à ce jour prendre connaissance des pièces et documents se trouvant sur un support informatique ni les saisir, ce qui est en décalage total avec les enjeux économiques de notre époque.
De même, bien que la vente en ligne de marchandises prohibées à l'importation soit courante, aucun dispositif de lutte contre les contenus illicites en ligne n'est prévu à ce jour dans le code des douanes.
Ce projet de loi vise à renforcer la lutte contre la criminalité en ligne et à moderniser les procédures d'enquête pour mieux prendre en compte la cyberdélinquance, qui doit être une priorité de l'action douanière. Ce texte vise à y parvenir efficacement.
Cette réforme constitue l'opportunité de doter les douanes de l'arsenal juridique approprié, mais aussi d'encadrer dès maintenant son utilisation afin de prévenir toute restriction disproportionnée des droits individuels.
C'est dans cet objectif que la commission des lois a cherché à clarifier le régime juridique des nouveaux outils dont le Gouvernement entend doter l'administration.
Elle a ainsi précisé que les opérations de visite ne pouvaient durer plus de douze heures consécutives sur un même lieu et que le contrôle ne pouvait porter que sur une fraction limitée du public présent.
De même, la définition d'un rayon de 10 kilomètres autour des ports, des aéroports et des gares se substitue à la référence aux « abords » de ces lieux, notion bien trop équivoque pour être juridiquement acceptable.
Ces ajouts ont un objectif précis : éviter les écueils que provoquerait une nouvelle décision d'inconstitutionnalité d'une autre disposition du code des douanes.
Le rôle même des douanes est par nature dérogatoire au droit commun tant il peut conduire à restreindre la liberté des individus.
Néanmoins, les enjeux frontaliers de demain s'imposent déjà à nous. Ce texte vise non pas seulement à corriger nos lacunes passées ou à se conformer aux enjeux actuels, mais à anticiper nos futures difficultés et à donner à notre administration les moyens d'y faire face. §
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la décision d'inconstitutionnalité qui a frappé le code des douanes a provoqué une onde de choc au sein de l'administration des douanes, et au-delà.
Au cœur des préoccupations de ses agents se trouve la non-conformité de leur droit de visite à la Constitution, comme cela a déjà été souligné à de nombreuses reprises.
Cette décision a eu un effet retentissant, car elle porte sur une prérogative majeure des douaniers, acteurs centraux de la lutte contre les trafics et première ligne de protection de notre territoire et de la population.
La réaction de l'exécutif n'a heureusement pas tardé, en dépit d'un certain cafouillage à l'automne dernier, qui avait d'ailleurs été anticipé par le Sénat.
Nous pouvons a priori espérer qu'un nouveau cadre légal entrera bien en vigueur d'ici au 1er septembre prochain, « délai de grâce » octroyé par les juges.
Pourtant, parmi les douaniers, l'inquiétude ne faiblit pas. Je l'ai d'ailleurs mesurée en participant lundi dernier à une opération de contrôle routier à la barrière de péage de Fontaine, dans le Territoire de Belfort.
Nos douaniers mènent des opérations difficiles, où les techniques de dissimulation évoluent sans cesse et sont de plus en plus sophistiquées. Ainsi, selon les explications d'un chef divisionnaire des douanes, les trafiquants ont recours à des caches aménagées parfois élaborées, y compris lorsque les quantités dissimulées ne semblent pas le justifier.
Très récemment, la brigade de Delle, à la frontière suisse, a saisi onze kilogrammes d'herbe de cannabis cachés dans le réservoir d'essence d'un véhicule léger ou encore des centaines de grammes de cocaïne dissimulés derrière le tableau de bord d'une Citroën C3.
Les moyens de dissimulation se multiplient et concernent tous les types de véhicules, y compris les poids lourds – plancher, réservoir, marchandises cachées au milieu du fret légal.
De même, les moyens déployés sont de plus en plus importants, comme l'illustre la mise en place de convois comptant des véhicules éclaireurs et suiveurs, même pour des quantités limitées. Cette manière de procéder est également utilisée pour les trafics de tabac.
Les agents des douanes sont au cœur des activités régaliennes de l'État. Dès lors, comment imaginer que les douaniers ne détiennent pas de prérogatives spécifiques ? Cela nous rendrait un peu schizophrènes…
C'est pourquoi nous ne pouvons entraver leur action. Nous avons aussi le devoir d'aller vite.
Ce projet de loi parvient-il à préserver l'efficacité et la simplicité nécessaires tout en répondant aux interrogations et aux exigences du Conseil constitutionnel ?
C'est le délicat équilibre recherché et trouvé par nos rapporteurs, dont les travaux ont été guidés par une volonté très claire, rappelée à plusieurs reprises, celle d'encadrer sans entraver.
Je me félicite de leur opiniâtreté qui leur a permis d'introduire des dispositions déjà promues par le Sénat, comme le dispositif de retenue temporaire d'argent liquide circulant à l'intérieur du territoire, lorsque des indices existent en faveur d'un lien entre cet argent et une activité criminelle comme le terrorisme, le trafic de stupéfiants ou la fraude fiscale grave.
Je salue aussi la modernisation du délit de blanchiment douanier, en particulier la disposition qui inclue explicitement les cryptoactifs parmi les fonds couverts par ce délit.
À ce sujet, les rapporteurs rappellent le constat du directeur de Tracfin, selon lequel les trafiquants ont vite compris qu'il était plus facile de payer en cryptomonnaies qu'en argent liquide.
La modernisation et l'adaptation des moyens des douanes aux nouvelles réalités numériques adoptent la même logique. Alors que de plus en plus de données sont conservées sur des clouds, il est indispensable de rendre possible l'enregistrement des données afin d'éviter leur effacement et permettre ainsi leur exploitation ultérieure par les agents.
Là encore, nous pouvons saluer l'exigence de nos rapporteurs pour assurer la sécurité juridique de ces dispositifs et prévenir tout risque d'inconstitutionnalité.
Pour conclure, j'encourage également la création d'une réserve opérationnelle de l'administration des douanes, même modeste, pour faire face à des situations d'urgence. Dernier corps en uniforme de l'État à ne pas avoir de réservistes, il est très pertinent de pallier cette lacune, ce qui permettra notamment de conserver des profils précieux, car très spécialisés.
Je souhaite remercier l'ensemble des sénatrices et des sénateurs qui se sont exprimés.
Nous aurons l'occasion de débattre des sujets qui viennent d'être abordés lors de la discussion des articles. Je voudrais toutefois revenir sur une question importante soulevée par plusieurs d'entre vous : celle des effectifs.
Tout d'abord, les comparaisons avec des pays européens voisins sont à prendre avec des pincettes, notamment parce que les missions de l'administration des douanes et celles de ses homologues sont parfois très différentes. Comparer les effectifs des douanes françaises avec ceux de pays où les missions ne sont pas les mêmes comporte donc une certaine limite.
En Allemagne, par exemple, 8 000 à 10 000 douaniers sont engagés dans la lutte contre le travail illégal, ce qui ne relève pas de la compétence des douanes en France. En outre, les douaniers allemands ont le statut d'officier de police judiciaire et réalisent de facto un certain nombre de missions dévolues à la police nationale en France.
De même, en Italie, autre exemple cité, les douanes réalisent des missions de police fiscale et de renseignement fiscal, ce qui n'est pas le cas de la douane française. Celle-ci dispose certes d'un service de renseignement, mais doté de missions différentes.
Monsieur Cozic, vous avez insisté sur la réduction du schéma d'emplois opérée dans le cadre d'un récent projet de loi de finances. Sachez que cette réduction est liée au transfert à la DGFiP de la gestion et du recouvrement de certaines taxes des douanes.
Ce transfert a par ailleurs permis de réaliser un gain de productivité, puisque la DGFiP gère et assure le recouvrement de nombreuses taxes. Ce gain étant partagé à parts égales entre ces deux administrations, cette disposition a plutôt permis de renforcer les effectifs dédiés à la lutte contre les fraudes.
Enfin, nous tenons beaucoup à la création d'une réserve opérationnelle de l'administration des douanes, prévue à l'article 7 de ce projet de loi.
Les autres corps en uniforme qui ont vu la création d'une réserve opérationnelle, que ce soit les policiers ou les gendarmes, n'ont pas pour autant connu de réduction de leurs effectifs. Au contraire, on a constaté ces dernières années une augmentation sensible dans certains corps tels que la police ou les armées. Ce phénomène est appelé à perdurer puisque la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur prévoit un renforcement très important des effectifs.
Concrètement, la réserve opérationnelle de l'administration des douanes répondra à deux principaux enjeux.
Il s'agit, d'abord, de répondre aux pics d'activité liés à un événement très important organisé sur un temps court – je pense évidemment aux jeux Olympiques et Paralympiques qui engendreront un surcroît d'activité pour nos douanes, comme pour beaucoup d'autres fonctions publiques, et qui nécessiteront de mobiliser des forces supplémentaires – ou à un événement imprévu. Ainsi, lorsque le navire Ocean Viking accoste sur les côtes françaises, ce sont les douaniers qui sont mobilisés pour le débarquement. Dans un tel cas, il est possible d'imaginer un soutien de la réserve opérationnelle.
Il s'agit, ensuite, de faire bénéficier la douane de compétences de pointe apportées par des personnes qui souhaitent non pas changer de métier ou travailler pour les douanes, mais partager leurs compétences sur certains sujets, même si de nombreuses compétences sont déjà présentes au sein des douanes et que nous allons continuer de les développer.
L'amendement n° 17 rectifié bis, présenté par MM. Bocquet, Savoldelli et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :
Avant le TITRE Ier : MAINTENIR LA SURVEILLANCE DOUANIÈRE SUR L'ENSEMBLE DU TERRITOIRE
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport analysant les causes et les conséquences de la disparition depuis 1997 de la présence douanière dans plus de la moitié des sous-préfectures du territoire et des outre-mer. Il évaluera ainsi la diminution du périmètre du rayon des douanes dans un contexte de recul général de l'action douanière engendrée par la mise en œuvre du traité de Maastricht. Ce rapport devra également présenter un parangonnage des effectifs des douanes et du nombre de bureaux présents dans chacun des pays de l'Union européenne et le cas échéant une pondération des effectifs nécessaires inhérents aux caractéristiques géographiques du territoire français.
La parole est à M. Éric Bocquet.
En application du cinquième alinéa de l’article 13 de la Constitution, ainsi que de la loi organique et de la loi ordinaire prises pour son application, la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable a émis, lors de sa réunion de ce jour, un avis favorable, par 34 voix pour et aucune voix contre, à la nomination de M. Olivier Thibault aux fonctions de directeur général de l’Office français de la biodiversité.
Monsieur le ministre, vous évoquez la question importante des effectifs.
Vous commencez par créer une cellule de renseignement fiscal au sein de la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières, avant de confirmer le redéploiement de cent équivalents temps plein, conformément au contrat d'objectifs et de moyens de la douane. Cette dernière décision signifie que les effectifs ne vont pas augmenter, puisqu'il s'agit d'un simple « redéploiement ». Il faut donc croire que vous estimez que le nombre d'agents est aujourd'hui suffisant.
Je voudrais toutefois rappeler quelques chiffres. Depuis 1997, plus d'un tiers des implantations douanières – 37 % exactement – ont disparu, 48 % des préfectures et sous-préfectures ne disposent plus de services douaniers et la douane est purement et simplement absente de huit départements de métropole.
J'entends bien les bémols que vous mettez au sujet de la comparaison avec l'Allemagne. Néanmoins, la France est avant-dernière du classement européen du nombre de bureaux des douanes et occupe la vingt-quatrième position d'une Union européenne à 27 quand l'Allemagne est troisième avec six fois et demie plus de bureaux de douane par kilomètre de frontières. Or, sur le plan démographique, nous sommes le deuxième pays d'Europe., ce qui est tout de même révélateur d'un certain déséquilibre.
En application de l’article 16 bis, alinéa 2, du règlement, M. le Président du Sénat propose la constitution d’une commission spéciale en vue de l’examen du projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique.
Nous pourrions inscrire à l’ordre du jour du jeudi 1er juin à 10 heures 30 l’examen de cette proposition du Président du Sénat, puis, le cas échéant, la nomination des membres de cette commission spéciale. Les candidatures devront être transmises avant le mercredi 31 mai à 15 heures.
Il n’y a pas d’opposition ?…
Il en est ainsi décidé.
Vous ne l'ignorez pas, la commission n'est pas très favorable aux demandes de rapport. Néanmoins, je ne veux pas éluder la question.
Pour ce qui est de l'appréciation des effectifs rapportés à ceux d'autres pays européens qui exerceraient des missions différentes, le ministre est le plus à même de répondre.
Pour autant, les missions des douanes évoluent – je pense notamment aux transferts à la DGFiP. À cet égard, je voudrais vous faire part d'une conviction plus personnelle. Cela fait des années que je m'intéresse à la question des douanes : voilà maintenant plus de dix ans, les membres de la commission des finances peuvent en témoigner, j'étais sans doute parmi les premiers à soulever la question de la fraude à la TVA.
Je m'étais alors rendu au fret de l'aéroport Charles-de-Gaulle où je m'étais aperçu et de l'ampleur de la mission et de la modestie, des effectifs : seuls cinq douaniers et cinq postiers étaient dévolus au contrôle du fret postal !
J'ai ensuite continué de m'intéresser aux douanes, y compris dans le cadre de la mission sur l'organisation et les moyens de la douane face au trafic de stupéfiants, conduite avec Claude Nougein.
J'en ai conclu que la réponse résidait parfois moins dans l'augmentation des effectifs que dans les évolutions technologiques.
Je prendrai l'exemple du fret douanier : je préfère un scanner qui contrôle 100 % des marchandises à des augmentations d'effectifs qui ne permettront de contrôler que quelques paquets supplémentaires.
Il en va de même pour le trafic de cocaïne au départ des aéroports de Guyane. Claude Nougein et moi-même sommes allés à l'arrivée des avions, à Orly. : les effectifs douaniers permettent d'appréhender trois ou quatre mules, lorsqu'un avion en compte des dizaines ! Je préfère donc disposer de scanners corporels assurant un contrôle à 100 %, comme dans d'autres pays, à une hausse des effectifs qui ne permettra pas de répondre à la lourdeur de la tâche.
Face à des trafics et à des volumes aussi considérables, je ne crois pas que les effectifs constituent une réponse suffisante.
Nonobstant le fait que cette question relève davantage d'un projet de loi de finances, la commission est défavorable à cet amendement pour les raisons que je viens d'évoquer.
J’informe le Sénat que des candidatures pour siéger au sein de la commission mixte paritaire chargée d’élaborer un texte sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi visant à garantir le respect du droit à l’image des enfants ont été publiées.
Ces candidatures seront ratifiées si la présidence n’a pas reçu d’opposition dans le délai d’une heure prévu par notre règlement.
Cet amendement concerne la question des effectifs, sur laquelle je me suis exprimé à l'instant.
Je sais que les sénateurs n'apprécient pas beaucoup les demandes de rapports. Or l'examen de chaque projet de loi de finances est l'occasion d'échanger sur ce sujet.
Par ailleurs, un rapport remis par la Cour des comptes en 2020 porte déjà sur la question des effectifs des douanes et de leurs missions.
Votre amendement me semblant satisfait, monsieur Bocquet, j'y serai défavorable.
Je mets aux voix l'amendement n° 17 rectifié bis.
L'amendement n° 55 rectifié, présenté par Mmes N. Delattre et M. Carrère, MM. Requier, Artano, Bilhac, Fialaire, Gold, Roux, Cabanel et Guérini et Mmes Pantel et Guillotin, est ainsi libellé :
Alinéas 3 et 4
Remplacer le mot :
quarante
par le mot :
cinquante
La parole est à M. Jean-Claude Requier.
L'article 1er du projet de loi redéfinit le champ d'action terrestre des douanes figurant à l'article 44 du code des douanes.
Jusqu'à présent, la limite standard était de 20 kilomètres en deçà des frontières maritimes et terrestres et pouvait être portée jusqu'à 60 kilomètres par arrêté du ministre de l'économie et des finances.
La nouvelle rédaction, qui n'a pas été modifiée en commission, fixe une limite médiane de 40 kilomètres, sans extension possible.
Or la configuration du terrain aux abords des frontières peut entraîner des distorsions dans l'application de cette limite. Ainsi, en zone de montagne, par exemple, que l'on rencontre fréquemment dans les régions frontalières, le dénivelé peut entraîner des distances plus importantes que sur un terrain plat, ce qui rend la limite des 40 kilomètres moins pertinente.
Cet amendement, dont Mme Nathalie Delattre est la première signataire, vise donc à repousser la limite du champ d'action terrestre des douanes à 50 kilomètres en deçà de la frontière.
Mon cher collègue, gardons à l'esprit que nous ne disposons pas d'une liberté complète pour la fixation de ces distances d'intervention.
Le rayon douanier est une zone de surveillance spéciale permettant des interventions plus générales et plus rapides ; mais la douane intervient partout dès lors qu'un risque de fraude peut être démontré.
Quant à la règle des 40 kilomètres, elle représente à mon avis l'élastique le plus tendu par rapport aux règles européennes et, à cet égard, il n'y a pas d'inquiétude à avoir au sujet des zones de montagne. En effet, il s'agit d'une distance cartographique. Si, comme dans une région de montagne que je connais bien, il est nécessaire d'emprunter une longue route pour franchir tel ou tel col, le périmètre d'intervention de la douane reste inchangé. J'y insiste, les 40 kilomètres sont mesurés à vol d'oiseau.
Tout l'enjeu de ce projet de loi est de préserver un équilibre entre les pouvoirs très importants accordés à nos douaniers, notamment aux frontières, et le respect des libertés publiques, auquel veille le Conseil constitutionnel ; sa récente décision en témoigne. Cet équilibre est tout à fait possible à atteindre, à condition qu'un encadrement soit clairement prévu.
M. le rapporteur pour avis l'a rappelé : un rayon de 40 kilomètres à partir de la frontière offre à la douane un vaste champ d'intervention, y compris quand on compare la France à d'autres pays européens. De surcroît, les douaniers peuvent tout à fait exercer leurs missions au-delà : en pareil cas, c'est simplement un autre régime qui s'applique, comme je l'ai souligné au cours de la discussion générale.
Enfin – j'insiste sur ce point –, en vertu du 5. de l'article 44 du code des douanes, que le présent texte ne modifie pas, « les distances sont calculées à vol d'oiseau sans égard aux sinuosités des routes ».
Monsieur le sénateur, une réponse est donc déjà apportée aux problèmes que vous évoquez. Voilà pourquoi je vous prie à mon tour de bien vouloir retirer votre amendement.
L'amendement n° 55 rectifié est retiré.
L'amendement n° 56 rectifié, présenté par Mme N. Delattre, MM. Requier, Artano et Bilhac, Mme M. Carrère, MM. Fialaire, Gold, Roux, Cabanel et Guérini et Mmes Pantel et Guillotin, est ainsi libellé :
Alinéa 3
Compléter cet alinéa par les mots :
du rivage de la mer et des rives des estuaires
La parole est à M. Jean-Claude Requier.
La rédaction actuelle de l'article 44 du code des douanes précise que, pour les frontières maritimes de la zone terrestre du rayon des douanes, le champ d'action s'étend entre le littoral « et une ligne tracée à 20 kilomètres en deçà du rivage de la mer et des rives des fleuves, rivières et canaux affluant à la mer jusqu'au dernier bureau de douane situé en amont, ainsi que dans un rayon de 20 kilomètres autour dudit bureau ».
La nouvelle rédaction indique quant à elle que la zone terrestre est comprise « entre le littoral et une ligne tracée à 40 kilomètres en deçà », sans plus de précision. Ainsi, rien ne garantit que les rives des estuaires des fleuves sont incluses dans le rayon d'action des douanes.
Par cet amendement, nous voulons nous assurer que le champ d'action terrestre des douanes inclut bien les rives des estuaires. Vous l'avez deviné : Mme Delattre, qui a déposé cet amendement, pense notamment à l'estuaire de la Gironde, dans le département dont elle est élue.
Mon cher collègue, en droit domanial, l'estuaire est une zone maritime. Il relève en conséquence de la partie maritime de la zone douanière et commence à la limite de salinité.
Les 40 kilomètres en retrait peuvent se compter à partir de tout point d'une côte : tout le territoire autour de la Gironde entre donc bien dans le rayon des douanes. Aussi, je vous prie de bien vouloir retirer votre amendement, car il est pleinement satisfait.
(Non modifié)
Est autorisée l’approbation de la convention d’entraide judiciaire en matière pénale entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Sénégal, signée à Paris le 7 septembre 2021, et dont le texte est annexé à la présente loi.
Même avis, madame la présidente.
Monsieur Requier, l'amendement n° 56 rectifié est-il maintenu ?
(Non modifié)
Est autorisée l’approbation de la convention d’extradition entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Sénégal, signée à Paris le 7 septembre 2021, et dont le texte est annexé à la présente loi.
Je mets aux voix le texte adopté par la commission sur ce projet de loi, adopté par l’Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée (projet n° 307, texte de la commission n° 619, rapport n° 618).
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées est favorable à l’adoption de ce texte.
Je mets aux voix le texte adopté par la commission sur ce projet de loi, adopté par l’Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée (projet n° 307, texte de la commission n° 619, rapport n° 618).
La procédure accélérée a été engagée sur ce texte.
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées est favorable à l’adoption de ce texte.
L'amendement n° 56 rectifié est retiré.
L'amendement n° 9, présenté par MM. Bocquet, Savoldelli et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :
Alinéa 5
Supprimer les mots :
Le 4 de l'article 44,
La parole est à M. Pascal Savoldelli.
Ces dispositions suivent le même esprit que celles des deux amendements précédents.
Monsieur le ministre, nous vous avons demandé d'étendre le rayon des douanes à 60 kilomètres, au moins temporairement, dans les zones qui le nécessiteraient.
Bien sûr, j'entends les arguments que l'on nous oppose. Mais il faut aussi que vous entendiez ce qu'a dit mon ami et camarade Éric Bocquet : ce n'est pas un hasard si ce sont des sénateurs qui vous posent la question du périmètre.
Actuellement, huit départements sont privés de toute présence douanière et près de 50 % des préfectures et sous-préfectures sont désormais sans douanier : le périmètre n'est pas un petit sujet !
De plus, vous l'avez dit vous-même, nous y reviendrons à l'article 7, la réserve opérationnelle a vocation à faire face aux pics de charge. Mais ces derniers justifient précisément l'accroissement du nombre de contrôles. À ce titre, l'action des douaniers doit connaître le moins d'entraves possible et pouvoir se déployer dans un rayon plus vaste.
Voilà pourquoi nous persistons à penser que le rayon des douanes doit pouvoir être porté à 60 kilomètres.
M. Savoldelli a parfaitement résumé le débat.
Le rayon des douanes est une zone d'intervention privilégiée, où les services douaniers n'ont pas à démontrer un risque de fraude ou une suspicion de trafic avant d'intervenir. Toutefois, pour des raisons de sécurité juridique et de conformité au droit européen, cette zone d'intervention généralisée doit être limitée.
J'y insiste, dès lors qu'elles peuvent démontrer un risque de fraude ou une suspicion de trafic, ou encore lorsqu'elles ont saisi le procureur de leur intention d'opérer un contrôle sous la forme d'une visite douanière, les douanes peuvent intervenir partout.
Le ministre l'a bien expliqué : nos 17 000 douaniers doivent faire face à des trafics multiformes, certains dans l'espace physique, d'autres dans l'espace numérique. Pour garantir la bonne distribution de cette ressource humaine rare et très qualifiée, mieux vaut ne pas multiplier les délimitations territoriales. L'enjeu est de préserver une souplesse d'utilisation : c'est tout le sens de l'article 60 du code des douanes, que nous allons examiner dans quelques instants.
J'émets, en conséquence, un avis défavorable.
(Non modifié)
Est autorisée l’approbation de l’accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la Principauté d’Andorre concernant l’amélioration de la résilience climatique et de la viabilité des routes nationales 116, 20, 320 et 22 liées aux risques naturels entre Prades et la frontière franco-andorrane, signé à Paris le 20 avril 2022, et dont le texte est annexé à la présente loi.
Je mets aux voix le texte adopté par la commission sur ce projet de loi, adopté par l’Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée (projet n° 529, texte de la commission n° 621, rapport n° 620).
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées est favorable à l’adoption de ce texte.
Je mets aux voix le texte adopté par la commission sur ce projet de loi, adopté par l’Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée (projet n° 529, texte de la commission n° 621, rapport n° 620).
La procédure accélérée a été engagée sur ce texte.
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées est favorable à l’adoption de ce texte.
Je mets aux voix l'amendement n° 9.
L’ordre du jour appelle la discussion du projet de loi visant à donner à la douane les moyens de faire face aux nouvelles menaces (projet n° 531, texte de la commission n° 615, rapport n° 614, avis n° 613).
La procédure accélérée a été engagée sur ce texte.
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre délégué.
Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, au moment de vous présenter le premier projet de loi consacré aux douanes depuis plus de soixante ans, permettez-moi de vous dire la très grande fierté qui est la mienne d’être le ministre en charge des douanes.
C’est une administration dont l’histoire se confond avec celle de la construction, puis de l’affermissement de l’État, comme avec celle de la construction, puis de l’affermissement de l’Union européenne.
C’est une administration qui assure depuis des siècles – bien avant l’avènement de la République – des missions régaliennes par excellence : assurer l’intégrité de notre territoire, consolider la puissance économique et commerciale de la France et maîtriser les frontières.
Nos douaniers ont vécu et accompagné les grandes transformations de notre histoire récente. Ils ont accompagné l’accélération de la mondialisation, l’internationalisation des échanges et la diversification du commerce extérieur.
Ils ont constitué la figure de proue de la construction européenne avec la création de l’Union douanière en 1968 et, en 1993, la disparition des frontières intérieures de l’Union européenne. Ils en ont accompagné tous les soubresauts, très récemment encore avec le Brexit et le rétablissement de la frontière dans la Manche. Et ils étaient encore au premier rang il y a quelques mois pour mettre en œuvre les sanctions à l’encontre de la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
Oui, nous sommes fiers de cette administration ancrée au ministère des finances qui, dans la paix comme dans la guerre, n’a jamais manqué à ses devoirs envers la Nation, tout en démontrant une exceptionnelle capacité d’adaptation et une formidable capacité à affronter des enjeux nouveaux, avec pour seule boussole l’intérêt du pays.
Oui, nos douaniers ont su constamment s’adapter aux bouleversements du monde. Mais le cadre juridique dans lequel ils agissent n’a pas fait preuve de la même plasticité. Aucune loi n’a été consacrée à la douane depuis soixante ans. Voilà bien un sujet sur lequel les gouvernements successifs n’ont pas été pris de frénésie normative ! Cela n’a pas empêché nos douaniers d’agir efficacement, mais, vous en conviendrez, il est grand temps de moderniser le cadre de leur action.
C’est pourquoi le Gouvernement propose dans ce texte à la fois des évolutions immédiatement utiles et le lancement d’une recodification à droit constant du code des douanes.
La mission qui est la nôtre aujourd’hui est tout simplement de permettre à nos douaniers d’agir le plus efficacement possible. C’est l’objet de ce projet de loi.
Nous devons en effet continuer à agir pour assurer notre protection, et pas seulement celle de nos frontières, mais aussi celle de nos compatriotes et de nos entreprises. Car c’est bien de cela qu’il est question aujourd’hui : protéger les Français, protéger notre économie et protéger notre souveraineté.
Oui, c’est bien cette mission essentielle qu’hier comme aujourd’hui les agents de la douane assurent jour après jour. Ces femmes et ces hommes agissent dans un environnement où les menaces se multiplient et se métamorphosent, notamment sous l’effet de la révolution numérique. Ces femmes et ces hommes livrent jour après jour, avec sang-froid, courage et détermination, des combats que nous n’avons tout simplement pas le droit de perdre.
Non, nous n’avons pas le droit de perdre la guerre qu’il faut mener contre la drogue, un fléau qui détruit tant de vies. J’étais il y a quelques mois en déplacement aux États-Unis, où j’ai rencontré les hauts responsables de la douane américaine. Ceux-ci m’ont parlé des ravages faits par les nouvelles drogues. En 2021, 70 000 Américains sont morts d’une overdose de Fentanyl, cet opioïde de synthèse qui se diffuse à grande vitesse. Nous ne voulons pas de cela en France, et c’est ici et maintenant que ce combat se joue.
Nous n’avons pas le droit d’échouer contre la fraude et les trafics ou contre la contrebande – celle-ci n’est pas seulement une fraude, c’est aussi un danger insidieux pour la santé publique et le consommateur français. Nous n’avons pas le droit de perdre la bataille que nous livrons contre la criminalité organisée, contre ces organisations tentaculaires, qui mobilisent des moyens parfois considérables pour déstabiliser notre société et qui sont prêtes à tout par seul appât du gain.
Mesdames, messieurs les sénateurs, les agents que j’ai l’honneur de diriger appartiennent à l’administration de la marchandise et de la frontière, celle qui facilite les échanges économiques et garde nos frontières. Ils appartiennent à une administration qui lutte sans relâche pour protéger nos compatriotes de dangers dont ceux-ci ne mesurent pas toujours l’ampleur. Ils consacrent leur vie, et la risquent parfois, pour tenir nos frontières terrestres, maritimes, aériennes et numériques. De fait, l’espace virtuel est encore trop souvent une zone de non-droit qui charrie des menaces aux effets bien réels.
Ils obtiennent des résultats exceptionnels, à nos frontières comme à l’intérieur du territoire national. Près de 105 tonnes de stupéfiants ont été saisies l’année dernière : nos douaniers font 70 % des saisies de drogues opérées en France. Ils ont retiré du marché 11, 5 millions d’articles contrefaits et saisi près de 650 tonnes de tabac de contrebande ou de contrefaçon.
Pour eux, pour nous tous, nous devons être à la hauteur.
Être à la hauteur, c’est d’abord donner à la douane les moyens d’exercer ses missions.
C’est l’objet du contrat d’objectifs et de moyens dont nous avons doté la douane. Sur la période 2022-2025, ce contrat prévoit que la douane bénéficiera de plus de 148 millions d’euros supplémentaires et d’une garantie de stabilité de ses effectifs. Nos priorités d’investissement sont claires : le e-commerce, la professionnalisation du métier de garde-frontière et la lutte contre la criminalité organisée.
Six mois après mon arrivée, j’ai souhaité affirmer une autre priorité face à la croissance fulgurante des trafics : la contrebande et la contrefaçon de tabac. Il s’agit en effet d’un fléau pour la santé publique…
…comme pour la sécurité, car ces trafics alimentent des réseaux criminels et mafieux responsables de traite d’êtres humains et faisant commerce de produits stupéfiants – ils sont même parfois impliqués dans des activités terroristes.
C’est un fléau pour nos territoires : ces trafics déstabilisent le réseau des buralistes, dont nous avons besoin, car ces commerces d’utilité locale assument quasiment des missions de service public, en permettant le paiement d’amendes et de factures du quotidien, en assumant des fonctions de relais pour les colis, en constituant des interlocuteurs du quotidien et des promoteurs du lien social sur nos territoires.
… comme pour la sécurité, car ces trafics alimentent des réseaux criminels et mafieux responsables de traite d’êtres humains et faisant commerce de produits stupéfiants – ils sont même parfois impliqués dans des activités terroristes.
C’est un fléau pour nos territoires : ces trafics déstabilisent le réseau des buralistes, dont nous avons besoin, car ces commerces d’utilité locale assument quasiment des missions de service public, en permettant le paiement d’amendes et de factures du quotidien, en assumant des fonctions de relais pour les colis, en constituant des interlocuteurs du quotidien et des promoteurs du lien social sur nos territoires.
M. Marc Laménie. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, je tenais à intervenir sur cet article, car, élu d'un département frontalier de la Belgique – les Ardennes –, je connais assez bien l'administration des douanes. Je la connais presque depuis toujours : à Givet, la maison de mes parents était adossée à la caserne de douane !
Nous devons aussi à notre réseau des buralistes une lutte intraitable contre les trafics de tabac dans notre pays, et nos douaniers sont au premier rang de ce combat.
Pour ce combat, nous devons changer d’échelle, de méthodes et de moyens. J’ai annoncé dans ce cadre la densification du réseau de lecteurs automatisés de plaques d’immatriculation (Lapi) ou la généralisation du déploiement de scanners, qui seront des adjuvants essentiels dans la lutte contre la drogue et les trafics de tabac. Quatorze nouveaux scanners seront déployés d’ici 2025 et j’ai fixé pour objectif que nous soyons alors en mesure de scanner 100 % des colis dans les centres de tri postal. On sait en effet qu’une part importante du trafic passe par des colis. D’ici 2027, je souhaite que nous investissions 45 millions d’euros supplémentaires dans ces équipements.
Être à la hauteur du courage et de l’engagement de nos douaniers, c’est aussi sécuriser leur action sur le plan juridique – je pense bien sûr au droit de visite. C’est également leur donner de nouveaux moyens, de nouveaux outils, de nouvelles capacités pour toujours mieux protéger les Français.
Oui, nous devons donner à nos douaniers les moyens d’exercer leurs missions. C’est la condition pour qu’ils continuent à obtenir des résultats. Et nous devons le faire en veillant à respecter scrupuleusement les droits humains et les libertés individuelles.
Je veux saluer les travaux qui ont préparé l’examen de ce projet de loi, notamment ceux des deux rapporteurs Albéric de Montgolfier et Alain Richard, qui ont réalisé, avec leurs commissions respectives, un travail absolument remarquable, avec une seule boussole : encadrer sans entraver.
Nous devons avoir cette boussole à l’esprit. Le partage des seize articles du projet de loi entre ces deux commissions a permis qu’un travail approfondi soit engagé par chacune d’elle, et je tiens à remercier l’ensemble des sénatrices et sénateurs qui ont voulu enrichir ce texte, en commission comme en séance publique.
Je souhaite d’emblée souligner deux points.
D’abord, nous partageons l’essentiel, c’est-à-dire les objectifs finaux visés par ce texte. Par conséquent, je crois qu’il peut rassembler très largement, par-delà les clivages partisans.
Puis, nous devons toujours avoir à l’esprit que les spécificités du droit douanier s’expliquent par la réalité opérationnelle du travail effectué et par le cadre juridique européen dans lequel il s’exerce. Ces spécificités constituent sans doute l’un des ingrédients de l’efficacité incontestée de la douane française.
Cette ligne de crête invite à la prudence. Le Gouvernement, comme chacun d’entre vous, tient à garantir les droits de la manière la plus complète possible ; tel est l’objectif du dispositif du droit de visite douanière proposé par ce texte. Mais, pour ma part, je veux que notre première priorité soit d’éviter que les bouleversements introduits dans le code des douanes compliquent la tâche de nos douaniers et, de fait, facilitent la vie des trafiquants.
Je l’ai dit, le premier enjeu de ce texte – son fait générateur, pour ainsi dire –, c’est d’offrir à nos douaniers la sécurité juridique indispensable à l’exercice du droit de visite – je rappelle qu’il a été, dans ses termes actuels, déclaré non conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel.
Il faut mesurer le choc qu’a été la décision du Conseil constitutionnel pour l’ensemble des douaniers et l’insécurité qu’elle a fait régner. On a vu certaines procédures annulées, alors même qu’elles n’étaient pas concernées par cette décision. Une forme de flou s’est installée, qu’il nous faut écarter aussi rapidement que possible. C’est l’objet de ce projet de loi.
Pour répondre aux critiques formulées par le Conseil constitutionnel, ce texte réécrit intégralement l’article 60 du code des douanes pour sécuriser le droit de visite. Celui-ci, vous le savez, constitue une prérogative essentielle des douaniers, puisqu’il s’agit tout simplement du pouvoir de contrôler les marchandises, les moyens de transport et les personnes afin de rechercher des fraudes.
Les articles 1er à 5 du projet de loi assurent la mise en conformité du droit de visite par trois grands moyens.
D’abord, le texte inscrit dans la loi les principes dégagés au fil des années par la jurisprudence de la Cour de cassation. Sont ainsi codifiés le caractère contradictoire des contrôles, l’interdiction de la fouille à corps et le maintien à disposition des personnes pendant le temps strictement nécessaire aux opérations de visite.
Ensuite, il maintient, dans la zone frontière, une prérogative de contrôle étendue, justifiée par la nature même des infractions douanières. Dans le rayon des douanes, fixé à 40 kilomètres de nos frontières, ainsi que dans les ports, aéroports, gares ferroviaires et routières internationales, le droit de visite pourra continuer à s’exercer sans modification par rapport à l’état actuel du droit.
Enfin, le texte encadre l’exercice du droit de visite à l’intérieur du territoire. L’exercice de cette prérogative devra désormais s’inscrire dans deux cas bien précis. Le premier est lorsqu’elle s’exerce sur le fondement de raisons plausibles de soupçonner que la personne contrôlée a commis une infraction douanière. Le second est lorsqu’elle a lieu après information préalable du procureur de la République pour la recherche d’infractions douanières – il s’agit d’une information, et non d’une autorisation du procureur, j’y insiste, afin de ne pas entraver ou ralentir l’action de nos services.
Cette distinction entre le rayon des douanes et l’intérieur du territoire est le cœur de la mise en conformité mettant en œuvre la décision du Conseil constitutionnel.
Nous avons beaucoup travaillé pour aboutir à cette rédaction. Nous avons évidemment associé à notre réflexion des juristes et les organisations syndicales de douaniers. Nous avons testé chacune des rédactions auprès de douaniers du terrain afin de vérifier qu’elles étaient compatibles avec leur activité du quotidien. Et ce texte a été validé par le Conseil d’État.
Nous sommes profondément convaincus que l’équilibre trouvé est le meilleur pour la douane comme pour la protection des libertés. Comme vous, je veux que le droit protège et non qu’il entrave de manière excessive. Et je pense que nous pouvons nous retrouver sur ce point.
Mais, vous l’avez compris, ce projet de loi ne consiste pas seulement à assurer la mise en conformité d’une prérogative essentielle. Il s’agit aussi d’adapter nos moyens d’action, de mettre nos douaniers en situation de lutter le plus efficacement possible contre les grandes menaces d’aujourd’hui et de demain.
D’abord, nous voulons donner à nos douaniers les moyens de lutter contre la cyberdélinquance et la cybercriminalité. L’article 9 leur permet de prendre connaissance et de saisir, au cours d’une retenue douanière, des objets et des documents qui se rapportent à un flagrant délit douanier, y compris lorsque le support est numérique. De quoi parle-t-on ? De données contenues dans un ordinateur, un disque dur, un smartphone, que nos agents pourront saisir et dont ils pourront faire une copie, sur autorisation du procureur de la République. Ce dispositif accélérera considérablement les enquêtes douanières et leur efficacité.
De plus, nous proposons de permettre à nos agents de procéder au gel des données stockées sur des serveurs informatiques, lorsque ceux-ci se trouvent à l’extérieur du lieu perquisitionné. L’objectif est que les données qui sont conservées dans des clouds, comme c’est souvent le cas, ne soient pas effacées par les suspects et puissent être effectivement saisies.
Vous le savez, un nombre croissant d’infractions douanières sont commises à partir de contenus en ligne. Je pense par exemple à la vente en ligne de produits de contrefaçon ou de tabac de contrebande. C’est pourquoi l’article 12 de ce texte donne la possibilité à nos agents d’exiger des plateformes qu’elles procèdent au retrait de ces contenus. Et si ces plateformes ne répondent pas, nos agents pourront demander aux moteurs de recherche de procéder au déréférencement du contenu ou à la suspension du nom de domaine.
La conception de ce dispositif a été rendue complexe par l’impossibilité, au regard du droit européen, de présumer une responsabilité générale des plateformes au titre des marchandises dont elles facilitent la vente. Pour autant, nous avons trouvé une voie de passage qui permettra à la douane d’établir un dialogue permanent avec les grandes plateformes, allant jusqu’à la sanction pour celles qui entretiennent l’opacité du e-commerce.
Ensuite, ce texte propose de mieux utiliser les nouvelles technologies en matière d’enquête et de renseignement douaniers. À ce titre, l’article 11 prévoit l’expérimentation d’une extension à quatre mois de la durée de conservation étendue des données issues des Lapi. Ce que nous voulons, pour lutter efficacement contre le trafic de stupéfiants, c’est être en mesure de détecter les convois routiers organisés par les trafiquants.
Pour cela, nous proposons d’expérimenter une utilisation des données des Lapi profondément différente du dispositif actuellement en vigueur.
Alors que le fonctionnement actuel des Lapi sert essentiellement à rapprocher les plaques d’immatriculation détectées de fichiers déjà constitués, pour détecter par exemple les mouvements de personnes déjà connues ou des véhicules volés, le dispositif proposé permettra de procéder à des recherches pour identifier des véhicules circulant ensemble en convoi et de détecter ainsi les mouvements des trafiquants. Bien souvent, ces convois commencent par une voiture ouvreuse. Grâce à l’expérimentation de ce dispositif, nous serons en mesure d’identifier automatiquement des véhicules qui circulent très régulièrement ensemble, parfois à des dates régulières, ce qui peut laisser penser qu’il s’agit de convois qui procèdent à du trafic de stupéfiants ou de tabac.
Je tiens à insister sur la nécessité, dans le cadre protecteur qui est celui de l’expérimentation et du contrôle du Parlement et de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), de disposer de cet outil pour arrêter les trafics à nos frontières.
En son article 6, le projet de loi propose de sécuriser le recours par la douane aux techniques de sonorisation et de captation d’image, en reproduisant le dispositif prévu par le code de procédure pénale pour les enquêtes douanières. C’est une disposition essentielle et protectrice, qui permettra de mieux séparer les utilisations préventives et les utilisations répressives de ces techniques spéciales d’enquête.
Je veux également souligner que le Gouvernement a déposé un amendement actualisant le régime d’utilisation des drones par la douane. Ce régime est aujourd’hui incomplet : il ne comprend pas la lutte contre les trafics de tabac manufacturé et il ne couvre pas la surveillance des frontières, alors même qu’une telle surveillance est possible pour les services de police et de gendarmerie.
Je le dis très clairement : les réseaux criminels n’hésitent pas à utiliser des technologies dernier cri pour commettre leurs méfaits. Si nous ne combattons pas à armes égales, je ne vois pas comment nous pourrions remporter la bataille. Agir dans l’espace numérique, faire coopérer les plateformes et les moteurs de recherche, voilà ce que nous voulons. Exploiter pleinement les nouvelles technologies pour être aussi efficaces que ceux que nous affrontons, voilà ce que nous devons faire.
Oui, les organisations que nous affrontons ne manquent pas de moyens. C’est la raison pour laquelle nous devons les frapper au portefeuille. C’est sans doute une manière efficace de les affaiblir.
L’article 6 crée un dispositif de retenue temporaire d’argent liquide circulant à l’intérieur du territoire, lorsqu’il existe des indices que cet argent est lié aux activités criminelles les plus graves. Ce délit existait uniquement pour les flux d’argent liquide en provenance ou à destination de l’étranger. Il fallait impérativement corriger cela. C’est d’ailleurs une évolution qui va dans le sens des préconisations du rapporteur Albéric de Montgolfier, formulées dans le rapport d’information qu’il a rédigé avec le sénateur Claude Nougein. Elle permettra notamment à la douane de mieux lutter contre le phénomène des mules entre le territoire métropolitain et la Guyane.
Nous voulons aussi réformer le délit de blanchiment douanier. Il s’agit d’inclure en particulier les cryptoactifs dans les types de fonds pouvant relever du délit de blanchiment douanier.
Enfin, vous le savez, je veux mener un combat sans merci contre le trafic de tabac. J’avais à la fin de l’année dernière fait un certain nombre d’annonces en ce sens dans le cadre du plan tabac 2023-2025. Le texte prévoit un renforcement des sanctions applicables. Nous voulons par exemple créer une peine complémentaire d’interdiction du territoire pour les étrangers qui ont fait l’objet d’une condamnation pour contrebande de tabac, comme c’est le cas pour le trafic de stupéfiants. Par ailleurs, nous durcissons les sanctions pénales applicables à la fabrication et à la détention de tabac de contrebande. Celles-ci sont portées de un à trois ans d’emprisonnement et, si ces délits sont commis en bande organisée, la peine d’emprisonnement passera de cinq à dix ans.
Nous voyons que des réseaux mafieux et criminels, jusqu’alors occupés au trafic de stupéfiants, se sont reportés massivement sur le trafic de tabac, prenant probablement en compte le fait que les sanctions sont moins importantes. Nous devons donc sanctionner le trafic de tabac de la même manière que nous sanctionnons le trafic de stupéfiants. C’est l’objet de cet alourdissement des sanctions.
La menace a changé d’échelle. Nous ne sommes plus dans le transport de quelques cartouches de cigarettes cachées dans un sac en traversant la frontière. Nous avons démantelé sur le sol national l’an dernier cinq usines de fabrication clandestine de tabac. Il s’agit de hangars situés sur le sol national, au sein desquels étaient produites chaque jour entre un et deux millions de cigarettes de contrefaçon pour alimenter le circuit parallèle en France. Le trafic a changé d’échelle. Notre réponse doit elle aussi changer d’échelle. C’est l’un des objets de ce texte.
Vous le voyez, mesdames, messieurs les sénateurs, ce texte est bien plus qu’un projet de mise en conformité. C’est un texte de mobilisation générale contre tous les trafics et de soutien total à nos douaniers, qui agissent chaque jour pour nous protéger, protéger nos frontières et les Français. Permettez-moi de saluer ceux qui sont dans les tribunes à cet instant, qui appartiennent à la direction interrégionale des douanes d’Île-de-France, à la direction générale des douanes ou à la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières – et, à travers eux, de remercier et de saluer l’ensemble des agents douaniers sur le territoire national.
Je sais que nous aurons d’ici quelques minutes des débats importants sur les garanties apportées en matière de droits fondamentaux. J’espère que nous saurons ensemble trouver les bons points d’équilibre sur les différents dispositifs, afin de permettre à nos douaniers d’agir efficacement, sans renoncer aux exigences qui doivent être les nôtres.
Les douanières et les douaniers comptent sur nous. Ils attendent de la clarté, de la précision et des moyens d’action. Je sais qu’ensemble nous serons capables de leur apporter cela, leur permettant ainsi d’assurer la protection de nos frontières et, surtout, de nos compatriotes. Nous le leur devons.
À l'époque, il y avait beaucoup de douaniers dans cette ville, qui comptait 7 000 habitants, comme dans tout le département. Les douanes intervenaient en tout lieu et en toute circonstance, sur les axes routiers comme ferroviaires. Elles opéraient aussi des contrôles fluviaux, puisqu'elles étaient présentes sur la Meuse.
Les douanes font partie de notre histoire et notre devoir de mémoire s'étend bien sûr à elle. Je relève d'ailleurs, à l'instar de M. le ministre et d'un certain nombre d'orateurs, qu'elles n'avaient pas fait l'objet d'un texte législatif depuis soixante ans.
L'article 2, qui assure la mise en conformité du droit de visite douanière, remplace l'article 60 du code des douanes par onze articles.
Le dispositif retenu préserve les spécificités opérationnelles de la douane et sa capacité de lutte contre les fraudes et trafics, dont le trafic de stupéfiants, que ce soit sur le territoire national ou en dehors de nos frontières. Elles s'attaquent aussi bien à la contrebande de tabac qu'à la fraude financière et aux contrefaçons. Ce sont là autant de missions de grande importance.
Soumis à l'examen de notre commission des lois, cet article garantit, enfin, le lien entre les douanes et nos autres forces de sécurité intérieure : police, gendarmerie et services de secours. Ces dispositions sont elles aussi essentielles.
Je voterai cet article.
L'amendement n° 23, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
Alinéas 2 et 3
Rédiger ainsi ces alinéas :
« Art. 60. – Les agents des douanes peuvent procéder à la visite des marchandises, des moyens de transport et des personnes dans les conditions prévues par le présent article et par les articles 60-1 à 60-10. Les dispositions des articles 60-1 à 60-10 sont applicables pour la mise en œuvre :
« 1° Du présent code et en vue de la recherche de la fraude ;
La parole est à M. le ministre délégué.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, vous avez employé à l’instant, monsieur le ministre, l’expression : « encadrer, sans entraver ». C’est la volonté affichée par le Gouvernement ; c’est également celle qui a guidé la commission des finances tout au long de ses travaux.
Le présent texte sur les douanes est le fruit d’un compromis. Ce travail était nécessaire non seulement pour mieux encadrer certaines pratiques des agents des douanes qui apparaissaient, comme vous l’avez souligné, quelque peu datées au regard de l’évolution de la jurisprudence, mais aussi pour assurer une meilleure protection des libertés individuelles.
Ce texte comporte également des dispositions visant à étendre les prérogatives de la douane et à les adapter aux nouvelles formes de criminalité et de fraude, notamment sur internet, que les rédacteurs du code des douanes ne pouvaient imaginer au moment de son élaboration.
Monsieur le ministre, je voudrais tout d’abord corriger l’un de vos propos. Vous avez dit que ce code n’avait presque jamais été réformé. Ce n’est pas tout à fait exact en ce qui concerne les dispositions relatives au tabac : chaque année, les douanes font adopter de nouvelles dispositions en loi de finances ou en loi de finances rectificative pour mieux lutter contre le trafic de tabac.
En revanche, il est vrai que les autres dispositions du code des douanes sont quelque peu datées, raison pour laquelle vous nous proposerez d’habiliter le Gouvernement à légiférer par ordonnance pour procéder à la recodification dudit code.
Ce texte est donc le fruit d’un travail de compromis. Certains parleront d’un équilibre à trouver comme s’il s’agissait d’une contrainte. Je ne partage pas ce point de vue : cet équilibre n’est pas une contrainte, mais la condition même du bon fonctionnement et de la portée opérationnelle des pouvoirs des agents des douanes.
Ce projet de loi répond à la décision du Conseil constitutionnel du 22 septembre dernier, qui a déclaré non conforme à la Constitution le droit de visite des agents des douanes. Faute d’équilibre, c’est l’une des principales prérogatives des douanes, sans doute la plus utilisée, qui est menacée, à savoir la possibilité de fouiller les marchandises, les moyens de transport et les personnes.
Cette décision, comme vous l’avez souligné au cours de nos auditions, monsieur le ministre, a certes fait l’effet d’un électrochoc auprès des agents des douanes, mais elle a aussi démontré combien il était nécessaire de moderniser la législation. C’est la raison pour laquelle nous examinons, pour la première fois depuis de nombreuses années, un projet de loi dédié au code des douanes.
Alors que certaines des dispositions de ce code n’avaient pas été modifiées depuis des décennies, il était essentiel d’adapter celui-ci aux nouvelles menaces et aux nouvelles technologies.
La commission des finances, saisie au fond, a délégué à la commission des lois l’examen des articles 1er à 5, 8 et 11. Je laisserai le soin de les présenter au rapporteur pour avis, notre collègue Alain Richard, que je salue et que je remercie pour notre travail en commun et la qualité de nos échanges. Je vous présenterai, quant à moi, la position et les apports de la commission des finances sur les autres articles.
L’article 6 crée un dispositif de retenue temporaire d’argent liquide circulant à l’intérieur du territoire, lorsqu’il existe des indices que cet argent est lié à une activité criminelle. Je suis très favorable à cette disposition.
Vous l’avez rappelé à l’instant, monsieur le ministre, Claude Nougein et moi-même avions porté cette recommandation dans le cadre de notre rapport Donner à la Douane les moyens d ’ accomplir sa mission dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, qui faisait suite à plusieurs déplacements sur le terrain au cours desquels nous avions pu constater que le trafic de stupéfiants s’accompagnait d’une circulation d’argent liquide difficile à appréhender.
On ne peut lutter contre les flux illicites si on ne lutte pas en parallèle contre les flux financiers, de manière plus fortement dissuasive. Or, s’il existe bien des procédures de retenue de l’argent liquide aux frontières, il n’en existe pas pour l’argent circulant à l’intérieur du territoire national. Les organisations criminelles l’ont bien compris et ont de plus en plus recours à des collecteurs de fonds sur le territoire national.
Il faut bien évidemment que cette retenue temporaire soit encadrée. Sur cet aspect, la commission a précisé que le propriétaire de l’argent liquide, s’il est différent de la personne à laquelle a été notifiée la décision de retenue, pouvait tout de même exercer un recours contre cette décision.
L’article 13 vise à moderniser le délit de blanchiment douanier en prévoyant une triple extension du champ d’application de cette infraction.
Premièrement, une extension de son champ d’application territorial afin de sanctionner pour blanchiment douanier non seulement des opérations financières réalisées sur le seul territoire français, mais également les activités de transport de fonds par des mules entre le territoire métropolitain et la Guyane, où il existe un fort trafic de cocaïne et une activité importante de blanchiment douanier. Cette extension permettra en outre de cibler des activités portant sur des infractions d’origine commises à l’étranger. Sur ce dernier point, les travaux de notre commission contribueront à la sécurisation de l’article 13.
Deuxièmement, une extension du périmètre des fonds couverts par le délit de blanchiment pour y inclure les cryptoactifs. Il s’agit, là encore, d’adapter notre droit aux nouvelles réalités, notamment numériques.
Troisièmement, une extension du champ de la notion de « personnes intéressées à la fraude », permise par l’adoption d’un amendement de la commission des finances, qui permet d’étendre le périmètre des personnes susceptibles d’être sanctionnées au titre non seulement du délit de blanchiment douanier, mais également de l’ensemble des délits d’importation et d’exportation.
Sur un sujet connexe de lutte contre la fraude, j’insiste, monsieur le ministre, sur la nécessité d’améliorer la lutte contre la fraude de détaxe à la TVA. C’est un point de fuite majeur, contre lequel le Gouvernement me semble agir très peu. Il n’est ainsi fait aucune mention de la TVA dans le plan de lutte anti-fraude aux finances publiques que vous avez présenté à grand renfort de publicité. Nous en avons été très étonnés – le rapporteur général de la commission des finances ne me contredira pas…
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, vous avez employé à l’instant, monsieur le ministre, l’expression : « encadrer, sans entraver ». C’est la volonté affichée par le Gouvernement ; c’est également celle qui a guidé la commission des finances tout au long de ses travaux.
Le présent texte sur les douanes est le fruit d’un compromis. Ce travail était nécessaire non seulement pour mieux encadrer certaines pratiques des agents des douanes qui apparaissaient, comme vous l’avez souligné, quelque peu datées au regard de l’évolution de la jurisprudence, mais aussi pour assurer une meilleure protection des libertés individuelles.
Ce texte comporte également des dispositions visant à étendre les prérogatives de la douane et à les adapter aux nouvelles formes de criminalité et de fraude, notamment sur internet, que les rédacteurs du code des douanes ne pouvaient imaginer au moment de son élaboration.
Monsieur le ministre, je voudrais tout d’abord corriger l’un de vos propos. Vous avez dit que ce code n’avait presque jamais été réformé. Ce n’est pas tout à fait exact en ce qui concerne les dispositions relatives au tabac : chaque année, les douanes font adopter de nouvelles dispositions en loi de finances ou en loi de finances rectificative pour mieux lutter contre le trafic de tabac.
En revanche, il est vrai que les autres dispositions du code des douanes sont quelque peu datées, raison pour laquelle vous nous proposerez d’habiliter le Gouvernement à légiférer par ordonnance pour procéder à la recodification dudit code.
Ce texte est donc le fruit d’un travail de compromis. Certains parleront d’un équilibre à trouver comme s’il s’agissait d’une contrainte. Je ne partage pas ce point de vue : cet équilibre n’est pas une contrainte, mais la condition même du bon fonctionnement et de la portée opérationnelle des pouvoirs des agents des douanes.
Ce projet de loi répond à la décision du Conseil constitutionnel du 22 septembre dernier, qui a déclaré non conforme à la Constitution le droit de visite des agents des douanes. Faute d’équilibre, c’est l’une des principales prérogatives des douanes, sans doute la plus utilisée, qui est menacée, à savoir la possibilité de fouiller les marchandises, les moyens de transport et les personnes.
Cette décision, comme vous l’avez souligné au cours de nos auditions, monsieur le ministre, a certes fait l’effet d’un électrochoc auprès des agents des douanes, mais elle a aussi démontré combien il était nécessaire de moderniser la législation. C’est la raison pour laquelle nous examinons, pour la première fois depuis de nombreuses années, un projet de loi dédié au code des douanes.
Alors que certaines des dispositions de ce code n’avaient pas été modifiées depuis des décennies, il était essentiel d’adapter celui-ci aux nouvelles menaces et aux nouvelles technologies.
La commission des finances, saisie au fond, a délégué à la commission des lois l’examen des articles 1er à 5, 8 et 11. Je laisserai le soin de les présenter au rapporteur pour avis, notre collègue Alain Richard, que je salue et que je remercie pour notre travail en commun et la qualité de nos échanges. Je vous présenterai, quant à moi, la position et les apports de la commission des finances sur les autres articles.
L’article 6 crée un dispositif de retenue temporaire d’argent liquide circulant à l’intérieur du territoire, lorsqu’il existe des indices que cet argent est lié à une activité criminelle. Je suis très favorable à cette disposition.
Vous l’avez rappelé à l’instant, monsieur le ministre, Claude Nougein et moi-même avions formulé cette recommandation dans le cadre de notre rapport Donner à la Douane les moyens d ’ accomplir sa mission dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, qui faisait suite à plusieurs déplacements sur le terrain au cours desquels nous avions pu constater que le trafic de stupéfiants s’accompagnait d’une circulation d’argent liquide difficile à appréhender.
On ne peut lutter contre les flux illicites si on ne lutte pas en parallèle contre les flux financiers, de manière plus fortement dissuasive. Or, s’il existe bien des procédures de retenue de l’argent liquide aux frontières, il n’en existe pas pour l’argent circulant à l’intérieur du territoire national. Les organisations criminelles l’ont bien compris et ont de plus en plus recours à des collecteurs de fonds sur le territoire national.
Il faut bien évidemment que cette retenue temporaire soit encadrée. Sur cet aspect, la commission a précisé que le propriétaire de l’argent liquide, s’il est différent de la personne à laquelle a été notifiée la décision de retenue, pouvait tout de même exercer un recours contre cette décision.
L’article 13 vise à moderniser le délit de blanchiment douanier en prévoyant une triple extension du champ d’application de cette infraction.
Premièrement, une extension de son champ d’application territorial afin de sanctionner pour blanchiment douanier non seulement des opérations financières réalisées sur le seul territoire français, mais également les activités de transport de fonds par des mules entre le territoire métropolitain et la Guyane, où il existe un fort trafic de cocaïne et une activité importante de blanchiment douanier. Cette extension permettra en outre de cibler des activités portant sur des infractions d’origine commises à l’étranger. Sur ce dernier point, les travaux de notre commission contribueront à la sécurisation de l’article 13.
Deuxièmement, une extension du périmètre des fonds couverts par le délit de blanchiment pour y inclure les cryptoactifs. Il s’agit, là encore, d’adapter notre droit aux nouvelles réalités, notamment numériques.
Troisièmement, une extension du champ de la notion de « personnes intéressées à la fraude », permise par l’adoption d’un amendement de la commission des finances, qui permet d’étendre le périmètre des personnes susceptibles d’être sanctionnées au titre non seulement du délit de blanchiment douanier, mais également de l’ensemble des délits d’importation et d’exportation.
Sur un sujet connexe de lutte contre la fraude, j’insiste, monsieur le ministre, sur la nécessité d’améliorer la lutte contre la fraude de détaxe à la TVA. C’est un point de fuite majeur, contre lequel le Gouvernement me semble agir très peu. Il n’est ainsi fait aucune mention de la TVA dans le plan de lutte antifraude aux finances publiques que vous avez présenté à grand renfort de publicité. Nous en avons été très étonnés – le rapporteur général de la commission des finances ne me contredira pas…
Il s'agit d'un amendement essentiellement rédactionnel, déposé à la suite des modifications apportées en commission.
Selon nous, les finalités du droit de visite sont moins bien identifiées dans la version actuelle : il nous semble important de les clarifier d'entrée de jeu en précisant que, dans ce cadre, « les agents des douanes peuvent procéder à la visite des marchandises, des moyens de transport et des personnes ».
Ce faisant, nous assurerons l'encadrement de ces dispositions : il s'agit d'un véritable enjeu.
Il s’agit à la fois du principal impôt et, d’après la Commission européenne, de l’impôt le plus fraudé. Or vous n’avez pas prononcé le mot « TVA » lors de votre conférence de presse. La commission des finances vous rejoint sur d’autres sujets, mais la fraude à la détaxe de la TVA, y compris pour les douanes, fait partie de nos préoccupations.
L’article 14 renforce les sanctions applicables aux trafics de tabac. La commission a considéré que ce dispositif était tout à fait opportun, tout en veillant à la proportionnalité des peines. Vous l’avez dit à l’instant, monsieur le ministre : 650 tonnes de tabac ont été saisies en 2022, soit plus du double de la quantité saisie voilà cinq ans. Cela signifie-t-il que les douanes sont plus efficaces ou que les trafics augmentent avec les prix du tabac ? Il est en tout cas certain que de plus en plus d’organisations criminelles se reportent vers ce trafic, moins risqué mais tout aussi lucratif que celui des stupéfiants.
Ne soyons pas naïfs : renforcer les sanctions ne permettra sans doute pas d’assécher le trafic de tabac, qui s’intensifiera au fur et à mesure que les prix augmenteront. Monsieur le ministre, espérons que le nouveau plan tabac que vous avez présenté portera ses fruits.
L’article 7 concerne le renforcement des moyens des douanes au travers de la création d’une réserve opérationnelle douanière. Plusieurs amendements de suppression de cet article ont été déposés, notamment par le groupe CRCE. M. Bosquet, qui s’exprimera dans un instant, pourra nous expliquer sa position.
N’allons pas nous méprendre sur l’ampleur de cette disposition : la réserve opérationnelle représentera 350 douaniers à mobiliser d’ici à 2025, sur un effectif total d’environ 16 500 agents – rien de révolutionnaire !
Il s’agira toutefois d’un renfort bienvenu pour faire face à certaines situations d’urgence ou en cas de pics d’activité – je pense, par exemple, aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 ou d’autres événements – sans détourner les agents permanents de leurs missions.
J’aborde à présent le sujet du numérique.
L’article 9 permet aux agents des douanes de prendre connaissance et de saisir, au cours d’une retenue douanière, des objets et des documents, y compris numériques, se rapportant à un flagrant délit douanier. Ces informations nécessaires aux enquêtes douanières peuvent être contenues, par exemple, dans un ordinateur ou dans un téléphone portable.
Les travaux de la commission des finances, en lien étroit avec la commission des lois, ont permis de sécuriser le dispositif, en particulier pour ce qui concerne la copie des données et la restitution des objets saisis. Nous nous sommes rapprochés des garanties prévues dans le code de procédure pénale, tout en préservant les spécificités douanières.
Monsieur le ministre, j’espère que le Gouvernement saura entendre les deux commissions sur ce point. Il faut bien évidemment parvenir à protéger les libertés publiques sans entraver l’activité des douanes.
L’article 10 permet aux agents des douanes de procéder au gel des données stockées sur des serveurs informatiques. Notre commission se satisfait de l’équilibre qui a été trouvé : les agents disposeront d’un délai de trente jours pour procéder au téléchargement des données gelées et ne pourront ensuite saisir que les données ayant un lien avec l’infraction recherchée. Avec Alain Richard, nous avons également proposé des amendements tendant à prévoir que les occupants qui s’opposeront au téléchargement de ces données soient effectivement sanctionnés.
L’article 12 vise à donner de nouvelles prérogatives aux agents des douanes, cette fois pour prévenir la commission d’infractions par l’intermédiaire d’internet.
Les travaux de notre commission ont permis de clarifier le dispositif et de mieux l’encadrer. Nous avons toujours été soucieux du respect de la liberté d’expression et de communication et de la jurisprudence. J’espère, monsieur le ministre, que les ajustements de la commission des finances sauront vous convaincre.
Il est nécessaire de moderniser le code des douanes, qui est un peu ancien. Sur ce point, très technique, nous sommes favorables à l’habilitation législative. Nous y sommes peu favorables par nature, mais la technicité du sujet nous y entraîne. L’article 15 permettra ainsi au Gouvernement de recodifier la partie législative du code des douanes, devenue largement illisible et obsolète.
Ce débat d'ordre légistique n'a pas une énorme importance.
Nous reconnaissons que le Gouvernement a très bien fait de remplacer l'article 60 du code des douanes, qui était confus, par une série d'articles énumérant les étapes de l'opération de visite. Nous proposons d'ailleurs de procéder de même pour l'article 64, qui a pour objet la visite domiciliaire.
Cela étant, les objectifs du droit de visite et l'application des différentes législations sont déjà précisés à l'article 60-1 et, selon nous, c'est bien là qu'ils doivent figurer.
La commission émet un avis défavorable, mais – je le répète – cette différence d'appréciation est bien d'ordre rédactionnel : elle ne porte pas sur le fond.
Je mets aux voix l'amendement n° 23.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, je ne m’étendrai pas sur le rappel de l’importance de la fonction des douanes. Le ministre l’a soulignée de manière tout à fait convaincante et illustrative voilà quelques instants.
Je souhaite simplement ajouter à cette description très juste la très forte évolutivité des techniques et des formes d’intervention de la douane au cours des vingt à trente dernières années – tendance qui se poursuit, notamment du fait du développement du champ numérique.
Il est survenu également un événement politique non dénué d’importance. Les douanes exercent beaucoup plus d’interventions au nom du code des douanes de l’Union européenne qu’au nom du code des douanes national. Leur cadre d’intervention a donc beaucoup changé. En conséquence, la question de l’actualisation du code des douanes se pose, d’autant que ce texte a sérieusement vieilli.
Le projet de loi qui nous est proposé poursuit un double objectif. D’une part, l’idée est de mettre en conformité les interventions contraignantes de la douane avec les droits individuels tels qu’ils sont interprétés dans les évolutions récentes de la jurisprudence. En effet, la déclaration d’inconstitutionnalité que nous avons subie en septembre dernier n’est pas la première. D’autres déclarations d’inconstitutionnalité ont été émises concernant des dispositions importantes du code des douanes, ce qui nous incite évidemment à la vigilance.
D’autre part – et le ministre a été tout à fait explicite quant à la nouvelle dynamique envisagée –, le texte vise à instaurer des mécanismes complémentaires de contrôle pour mieux appréhender des trafics devenus de plus en plus préoccupants.
Les commissions des finances et des lois du Sénat ne sont pas intervenues sur le projet de loi en décalage ni en divergence par rapport à ces deux objectifs, mais en les partageant. Nous avons néanmoins développé des propositions consistant, pour ce qui concerne la commission des lois, à préciser les limites de lieu et de durée des contrôles de la douane sur les voies et sur les lieux de transit et à prévoir l’information et le contrôle de l’autorité judiciaire chaque fois que le contrôle douanier entraîne une contrainte importante pour la liberté de mouvement des personnes.
Comme l’a très bien souligné M. le rapporteur de la commission des finances, nous avons calqué les modalités d’encadrement de ces interventions contraignantes, la plupart du temps, sur celles figurant dans le code de procédure pénale. Ce code est en effet celui qui fait l’objet de la vigilance juridique la plus importante – bien qu’il donne lieu, lui aussi, de temps à autre, à des déclarations d’inconstitutionnalité. Nous devons vraiment partager cette vigilance.
Notre appréciation diffère légèrement de celle du Gouvernement sur ces modalités d’encadrement. Néanmoins, nous sommes en réalité très près d’avoir la même approche.
Les deux nouvelles modalités de contrôle sur lesquelles je veux attirer votre attention sont le développement de l’accès aux données numériques, dans des conditions beaucoup plus intrusives qu’auparavant – développement nécessaire pour l’autre fonction essentielle de la douane qu’est la lutte contre les mouvements de fonds illicites et le blanchiment – et l’exploitation des vérifications des plaques d’immatriculation, outil de renseignement de sérieuse qualité pour repérer les mouvements de transport de stupéfiants de grande ampleur.
Ce dernier point constituant une opération de surveillance généralisée, il suppose également un encadrement précis. À la suite du Gouvernement, nous avons choisi d’en faire une expérimentation sur une durée de trois ans, qui paraît suffisamment représentative. Il y a donc lieu d’affiner les conditions d’encadrement et d’évaluation de cette expérimentation.
Je souhaite insister par ailleurs sur une autre composante du projet de loi, à savoir l’habilitation demandée au Parlement – et que je soutiens fortement – pour recodifier le code des douanes. Sa structure ne correspond en effet pas du tout à celle, beaucoup plus accessible, que nous avons adoptée pour les codes de la dernière génération. À la lumière du principe d’intelligibilité et d’accessibilité du droit mis en avant par le Conseil constitutionnel, le code des douanes ne passe pas l’examen pour un bon nombre de ses dispositions.
Le Gouvernement nous a proposé, déjà, de réécrire dans son intégralité l’article 60 de ce code, relatif aux visites douanières. Nous serons amenés, dans le cadre de la recodification, à revoir complètement la structure du code. Ce sera un travail considérable, indispensable pour que le droit soit effectivement accessible à tous.
Le texte, tel que nous le proposons au Sénat, tient compte pleinement des charges opérationnelles de la douane. Nous partageons l’hommage rendu par le ministre à ses personnels, reconnus pour leur engagement, leur fiabilité et leur volonté de lutter efficacement contre les délits.
L'amendement n° 24, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
Alinéa 10
1° Remplacer les mots :
Dans un rayon maximal de dix kilomètres autour des
par le mot :
Les
2° Compléter cet alinéa par les mots :
, ainsi qu'aux abords de ces lieux
La parole est à M. le ministre délégué.
Cet amendement tend lui aussi à revenir sur une modification apportée en commission.
La notion d'« abord » des ports, aéroports et gares ferroviaires a été remplacée par un rayon de 10 kilomètres au motif que ce critère était plus clair –– certains l'ont affirmé au cours de la discussion générale.
Toutefois, un tel rayon d'action a des implications très variables selon le degré d'urbanisation des territoires. Ainsi, un rayon de 10 kilomètres autour d'une gare parisienne accueillant des trains internationaux couvrirait une très grande partie de l'agglomération parisienne : les douanes y disposeraient d'un droit de visite extrêmement étendu et moins « encadré » que dans le droit commun.
Au cours de cette même discussion générale, une oratrice a estimé que le terme « abord » était flou ; or il figure déjà dans notre droit : le code des douanes et le code de procédure pénale mentionnent « l'abord des lieux ».
Cette notion me semble préférable à la règle des 10 kilomètres.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, au nom du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, je tiens à saluer le travail minutieux de nos deux rapporteurs, qui a conduit à un texte consensuel et équilibré. Ce travail répondait à la nécessité d’encadrer les nouvelles prérogatives des agents de la douane sans entraver leurs missions.
Le Conseil constitutionnel a rappelé à l’occasion de la présentation de ce projet de loi qu’il était de notre devoir d’assurer « une conciliation équilibrée entre, d’une part, la recherche des auteurs d’infractions et, d’autre part, la liberté d’aller et de venir et le droit au respect de la vie privée ».
C’est la recherche de cet équilibre qui a guidé nos rapporteurs, en commission des lois comme en commission des finances ; un équilibre d’autant plus subtil que le code des douanes n’avait pour ainsi dire jamais été réformé depuis 1948.
La montée de nouvelles formes de fraude et de nouveaux outils au service des délinquants et des contrebandiers impose de recourir à des outils plus efficaces et plus puissants.
C’est en ce sens, monsieur le ministre, que le présent texte est une réforme d’une ampleur inédite depuis 1948. Il s’agit du premier projet de loi qui prévoit de revoir en profondeur le code des douanes et de moderniser les outils à la disposition de cette administration.
Il n’est pas surprenant que ce texte soit très technique ; il n’en revêt pas moins une grande importance, dans la mesure où il permet de répondre à l’impérieuse nécessité d’entourer le droit de visite douanière de nouvelles garanties légales pour les personnes contrôlées tout en maintenant le même niveau d’efficacité et d’agilité pour les douaniers.
Il est urgent d’agir, car, comme vous l’avez relevé, monsieur le ministre, « la décision du Conseil constitutionnel est devenue le prétexte fallacieux de certains malfrats pour contester les procédures douanières ». Cette décision nous impose donc de rénover le cadre juridique de l’action de la douane avant la date fatidique du 1er septembre 2023, à partir de laquelle sera abrogé l’article 60 du code des douanes dans sa rédaction actuelle.
Le présent texte vise également à accompagner la modernisation de la douane, laquelle pourra ainsi mettre pleinement en œuvre sa stratégie 2022-2025. À cet égard, je rappelle que le Gouvernement a doté la direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) d’un budget supplémentaire de 148 millions d’euros pour la période 2022-2025.
Je tiens à saluer l’efficacité, le professionnalisme et le dévouement des 17 000 agents des douanes. Leur travail et leur engagement sont d’autant plus remarquables que ces agents sont mobilisés sur tous les fronts et qu’ils se trouvent en première ligne face au trafic de stupéfiants.
Grâce à ce texte, les douaniers seront en mesure de lutter plus efficacement contre les trafics et la criminalité organisée. Ils pourront notamment renforcer leur présence à la frontière numérique, dans le contexte du développement exponentiel du commerce électronique et de l’utilisation des actifs numériques à des fins de blanchiment d’argent. Le défi à relever est d’autant plus grand que les trafiquants ont souvent un train d’avance sur les services répressifs.
Au fond, mes chers collègues, je pense que ce texte est consensuel au regard tant des nouveaux outils qu’il propose que des garanties qu’il offre aux citoyens en termes de respect de leur liberté et de leur vie privée.
Nous avons bien évidemment relevé les amendements déposés par quelques-uns de nos collègues aux articles 7 et 11. Certains estiment en effet que la création d’une réserve opérationnelle empêcherait le Gouvernement de tenir la trajectoire de renforcement des effectifs de la douane. C’est oublier que cette administration est le seul corps de fonctionnaires en tenue à ne pas disposer d’une réserve opérationnelle et que, par définition, ce corps de réserve n’aura vocation qu’à agir comme une force d’appui pour des missions ponctuelles. Ce sera, chers collègues, un outil précieux pour la douane.
L’article 11 constitue l’un des piliers majeurs de la nouvelle stratégie de lutte contre la contrebande aux frontières. Il illustre parfaitement la nécessité de réarmer la douane face à des organisations criminelles de mieux en mieux structurées. Il est bien évidemment essentiel de limiter la conservation des données ainsi prélevées et d’encadrer leur usage, mais les garanties apportées par le ministre et le caractère expérimental de la mesure nous permettront de la voter sans arrière-pensée et d’ajuster le dispositif le cas échéant.
Pour toutes ces raisons, le groupe RDPI votera en faveur de ce projet de loi avec un grand élan.
Monsieur le ministre, la commission tient à sa rédaction, au nom de la clarté du droit.
Naturellement, les services douaniers ne sont pas tenus d'appliquer un rayon d'action de 10 kilomètres. Et cette notion, plus objective que celle de l'abord, est mieux à même de parer les risques contentieux.
Certes, d'autres textes emploient la notion d'abord. Toutefois, sur ce sujet, il faut observer un parallélisme avec les contrôles d'identité qu'il est possible d'opérer à proximité des ports et aéroports. Or, en la matière, c'est précisément cette limite géographique qui est prévue : elle a prouvé sa solidité.
Bien entendu, si nous ne vous convainquons pas, la discussion pourra se poursuivre au cours de la navette. Pour notre part, nous préférons retenir la base objective d'une distance kilométrique.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi qui nous est soumis aujourd’hui visait initialement à tirer les conséquences de la décision de censure du Conseil constitutionnel relative au droit de visite douanier qui impose l’élaboration d’un nouveau cadre législatif avant le 1er septembre 2023.
Vous avez souhaité, monsieur le ministre, profiter de ce texte pour moderniser plusieurs dispositions législatives, notamment celles relatives aux enjeux de modernisation et de numérisation de notre société – je pense, par exemple, aux cryptoactifs ou à la numérisation des données.
À cette fin, vous nous présentez un texte d’aspect technique et opérationnel au périmètre relativement limité.
Je tiens d’ores et déjà à souligner que ce projet de loi va globalement dans le bon sens et qu’il ne suscite au sein du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain aucune opposition majeure.
Cependant, à l’occasion des auditions que j’ai conduites sur ce texte, les organisations syndicales m’ont fait part de leurs inquiétudes quant aux changements structurels qu’il induit.
Je tiens également à porter à votre connaissance les doutes qui s’expriment concernant l’article 7. Celui-ci me laisse perplexe, en ce qu’il instaure une réserve opérationnelle composée de retraités de l’administration des douanes et de volontaires dans des conditions similaires à celles qui existent pour les autres réserves. Il s’agirait de recruter 300 douaniers réservistes pour un temps de mobilisation de quarante-cinq jours.
La direction générale des douanes et droits indirects insiste sur le fait que cette réserve doit répondre à des besoins ponctuels. Cependant, lors de l’examen du texte par la commission des finances, vous avez estimé, monsieur le rapporteur, que cette réserve allait permettre de se doter de compétences rares, ce qui atteste, vous en conviendrez, du flou entourant les perspectives générées par cette disposition.
Cet article a été adopté conforme par la commission. Toutefois, bien que la douane soit le seul corps de fonctionnaires en tenue à ne pas disposer d’une telle réserve à ce jour, des interrogations subsistent quant aux réelles motivations présidant à la création de ladite réserve.
En effet, les activités des douanes sont spécifiques et ne font pas l’objet de fluctuations comparables à celles que connaissent, par exemple, les forces de l’ordre. De plus, si l’on peut comprendre la logique consistant à identifier des besoins ponctuels lors de pics d’activités récurrents – contrôles aux frontières en période saisonnière dans certaines zones, par exemple – ou exceptionnels – les jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 –, l’article ne précise pas suffisamment les missions de ces réservistes.
Je m’interroge grandement sur la pertinence d’un tel dispositif, qui ne visera probablement qu’à justifier à terme une diminution, ou à tout le moins un gel des effectifs des douanes. C’est la raison pour laquelle je proposerai un amendement de suppression de l’article 7 – chat échaudé craint l’eau froide, et les douanes ont de quoi être échaudées !
Je rappelle que le projet de loi de finances pour 2023 a supprimé 680 postes au sein de la mission « Gestion des finances publiques et des ressources humaines », après une réduction de près de 1 400 postes en 2022. Plus généralement, près de 10 000 emplois ont été supprimés depuis 2017 dans le cadre de cette mission. Je crains qu’un système de vases communicants ne s’instaure entre la suppression de ces équivalents temps plein (ETP) et la création de la réserve opérationnelle.
Enfin, monsieur le ministre, nous avons découvert par voie de presse les mesures de lutte contre la fraude fiscale que vous souhaitez intégrer par voie d’amendements dans le texte.
Je note qu’après des années passées à nous expliquer que la fraude fiscale était marginale et qu’il fallait se concentrer sur la fraude sociale
Monsieur le rapporteur pour avis, j'entends vos observations. Toutefois, si j'en crois les analyses communiquées par mes services, ces dispositions posent un vrai risque de constitutionnalité.
L'adoption de cet amendement entraînerait la création d'un droit de visite extrêmement élargi, à 10 kilomètres des gares et aéroports, donc dans des zones qui ne peuvent être considérées comme frontalières. On ne peut pas dire que le centre de Paris est aux frontières de notre pays ! La manière dont le Conseil constitutionnel pourrait considérer un tel critère nous inspire, de ce fait, de réelles inquiétudes.
La notion d'abord, qui – je le répète – figure déjà dans le code de procédure pénale et dans le code des douanes, renvoie pour sa part aux rues adjacentes des gares et aéroports.
Pour la clarté de nos débats, je tenais à apporter ces précisions avant que le Sénat ne se prononce. Le cas échéant, nous continuerons de travailler au cours de la navette parlementaire pour assurer la conformité, espérée, de ce texte à la Constitution.
Je mets aux voix l'amendement n° 24.
Vous allez me répondre que vous avez créé 1 500 postes dédiés à ces missions. Ce chiffre est pourtant peu cohérent avec la politique générale de cette administration, qui vise à supprimer 3 000 postes d’ici à 2027 au sein la direction générale des finances publiques (DGFiP). Nous devrions donc assister davantage à un redéploiement de postes qu’à des créations nettes…
Une telle démarche paraît peu ambitieuse au regard des objectifs que vous affichez et notamment de votre volonté d’instaurer un contrôle bisannuel des cent plus grandes capitalisations boursières.
Monsieur le ministre, vous l’aurez pressenti, nous appréhendons ce texte de manière plutôt positive. C’est toutefois à la fin de son examen que nous déterminerons notre position.
L'amendement n° 14, présenté par MM. Bocquet, Savoldelli et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :
Alinéa 10
Supprimer les mots :
, désignés par arrêté du ministre chargé des douanes
La parole est à M. Éric Bocquet.
Nous proposons de rendre systématique le rayon des douanes de 10 kilomètres autour des ports, aéroports et gares internationaux ; ce sont là autant de points d'entrée ou de transit de personnes et de marchandises. Cette extension ne serait donc plus décidée sur arrêté du ministre des finances.
Mes chers collègues, pour information, depuis une décision prise en 2017 par le ministre de l'intérieur, notre pays dénombre soixante-quatorze points de passage frontalier aérien.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, « Il faut sauver l’article 60 ! »
Tel est le cri d’alerte envoyé par toutes les organisations syndicales depuis la censure du Conseil constitutionnel émanant de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) du 22 septembre 2022. Sans ce projet de loi, le couperet interviendrait le 1er septembre prochain avec la disparition du droit de visite, outil des douaniers par excellence et cœur de leurs moyens d’action.
L’article 2 de ce projet de loi, sur lequel nous reviendrons au cours de nos débats, offre un équilibre plutôt fin tout en restreignant le rayon des douanes de façon trop importante, notamment au travers de l’oubli volontaire des axes routiers et de certains aéroports.
Nous défendrons des amendements visant à redonner toute sa vigueur au rayon des douanes et à consacrer un droit de visite étendu, mais proportionné, au service des agents et donc à celui de l’intérêt général.
Nous avons bien compris la double volonté du Gouvernement, qui s’inscrit à cet égard dans la continuité des précédents : recentrer les activités des douanes aux frontières, singulièrement sur les missions migratoires, et gérer la pénurie.
Quand certains s’inquiètent à outrance de l’immigration des personnes, la France est ouverte aux quatre vents pour les contrefaçons et autres marchandises non imposées ou non conformes prohibées – drogues, armes, biens culturels, etc. Moins de 1 % des marchandises acheminées au port du Havre font l’objet d’un contrôle physique. Dans un entrepôt Fedex, on recense 100 visites des douanes pour 100 000 colis déposés.
En France, il faut être particulièrement malchanceux pour se faire contrôler par les douanes, malgré le dévouement des brigades de surveillance.
La tragédie débute avec l’Union douanière instaurée en 1968 et se poursuit avec un marché intérieur absorbé en un marché unique, « un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée ». Or assurer la libre circulation, c’est faire des douaniers des facilitateurs d’échanges. Qu’en est-il de la douane et des agents, dépossédés du contrôle aux frontières ? Les communistes s’opposaient déjà à cette disposition en 1987.
Il s’en est suivi la journée du 4 juin 1991, au cours de laquelle seul le groupe communiste à l’Assemblée nationale a su résister aux injonctions de voter la création de l’espace Schengen. La France devient le hub d’une mondialisation incontrôlée et incontrôlable.
Les douaniers, comme les usines, seraient devenus inutiles, effacés d’un trait de plume, comme par magie, de la carte administrative française. Près d’un arrondissement sur deux – précisément 48, 7 % – ne compte plus d’agent des douanes ; huit départements ne disposent d’aucun douanier. Depuis 1997, l’implantation territoriale a disparu, alors que seuls 10, 69 % des arrondissements n’étaient pas couverts à l’époque.
Les douanes affrontent selon vous de « nouvelles menaces », monsieur le ministre, mais vous en avez oublié au moins une : la disparition progressive de la douane elle-même !
Cela a de graves conséquences, qui s’articulent autour de la concentration des structures, de la désertification du territoire et de la détérioration des conditions de travail et du service rendu à la population et à la société. On ne résoudra pas ce problème, tant s’en faut, avec une réserve opérationnelle, car pour avoir une réserve il faut que les effectifs soient au complet. Dans une équipe de football, on n’a pas de remplaçants si l’on n’a pas assez de titulaires.
Notre territoire est exposé à une pluralité de menaces, qui ne se limitent pas au trafic de cigarettes, seule infraction directement traitée dans ce texte, à l’article 14, par un alourdissement des peines de prison. On peut citer le trafic international de drogue, qui pèse 250 milliards d’euros, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, les 4, 2 milliards d’euros partis en fumette et autres consommations, les trafics d’armes, qui pullulent, ou encore les trafics de médicaments de contrefaçon.
Ce dernier fléau avait déjà été pointé en 2009 par un chargé de mission de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique : « Les produits proposés ne sont pas toujours des contrefaçons ; il y a aussi d’autres formes de délinquance. Il peut s’agir de médicaments volés ou détournés, de charlatanisme ou encore de médicaments qui n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché. La démarche de protection de la santé publique (et par conséquent du consommateur) est une valeur ajoutée à la protection des marques et des brevets. Le risque sanitaire est réel et doit être pris en compte par tous. » La diversité des risques donne une vision panoptique de l’utilité des douanes et de la pluralité des pratiques frauduleuses qu’enrayent ses agents.
Nous portons une ambition forte pour les douanes, qui doivent recouvrer une place centrale en métropole et réinvestir sérieusement les territoires ultra-marins. La France doit prendre toute sa place en Europe dans le contrôle des marchandises et des capitaux, assumer sa charge dans la lutte contre tous les trafics.
La France ne peut plus être submergée de biens issus du commerce mondial sans moyens de s’assurer de leur acheminement dans les règles. Or nous ne voyons sur ce point aucun signe encourageant dans le présent texte, qui privilégie le numérique au physique, le contrôle en ligne au contrôle de marchandises, une douane 2.0 à une douane présente dans tous les territoires.
Nous voterons donc contre ce projet de loi, sauf adoption de nos amendements et évolution positive du texte.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, « Il faut sauver l’article 60 ! »
Tel est le cri d’alerte envoyé par toutes les organisations syndicales depuis la censure du Conseil constitutionnel émanant de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) du 22 septembre 2022. Sans ce projet de loi, le couperet interviendrait le 1er septembre prochain avec la disparition du droit de visite, outil des douaniers par excellence et cœur de leurs moyens d’action.
L’article 2 de ce projet de loi, sur lequel nous reviendrons au cours de nos débats, offre un équilibre plutôt fin tout en restreignant le rayon des douanes de façon trop importante, notamment au travers de l’oubli volontaire des axes routiers et de certains aéroports.
Nous défendrons des amendements visant à redonner toute sa vigueur au rayon des douanes et à consacrer un droit de visite étendu, mais proportionné, au service des agents et donc à celui de l’intérêt général.
Nous avons bien compris la double volonté du Gouvernement, qui s’inscrit à cet égard dans la continuité des précédents : recentrer les activités des douanes aux frontières, singulièrement sur les missions migratoires, et gérer la pénurie.
Quand certains s’inquiètent à outrance de l’immigration des personnes, la France est ouverte aux quatre vents pour les contrefaçons et autres marchandises non imposées ou non conformes prohibées – drogues, armes, biens culturels, etc. Moins de 1 % des marchandises acheminées au port du Havre font l’objet d’un contrôle physique. Dans un entrepôt Fedex, on recense 100 visites des douanes pour 100 000 colis déposés.
En France, il faut être particulièrement malchanceux pour se faire contrôler par les douanes, malgré le dévouement des brigades de surveillance.
La tragédie débute avec l’Union douanière instaurée en 1968 et se poursuit avec un marché intérieur absorbé en un marché unique, « un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée ». Or assurer la libre circulation, c’est faire des douaniers des facilitateurs d’échanges. Qu’en est-il de la douane et des agents, dépossédés du contrôle aux frontières ? Les communistes s’opposaient déjà à cette disposition en 1987.
Il s’en est ensuivi la journée du 4 juin 1991, au cours de laquelle seul le groupe communiste à l’Assemblée nationale a su résister aux injonctions de voter la création de l’espace Schengen. La France devient le hub d’une mondialisation incontrôlée et incontrôlable.
Les douaniers, comme les usines, seraient devenus inutiles, effacés d’un trait de plume, comme par magie, de la carte administrative française. Près d’un arrondissement sur deux – précisément 48, 7 % – ne compte plus d’agent des douanes ; huit départements ne disposent d’aucun douanier. Depuis 1997, l’implantation territoriale a disparu, alors que seuls 10, 69 % des arrondissements n’étaient pas couverts à l’époque.
Les douanes affrontent selon vous de « nouvelles menaces », monsieur le ministre, mais vous en avez oublié au moins une : la disparition progressive de la douane elle-même !
Cela a de graves conséquences, qui s’articulent autour de la concentration des structures, de la désertification du territoire et de la détérioration des conditions de travail et du service rendu à la population et à la société. On ne résoudra pas ce problème, tant s’en faut, avec une réserve opérationnelle, car pour avoir une réserve il faut que les effectifs soient au complet. Dans une équipe de football, on n’a pas de remplaçants si l’on n’a pas assez de titulaires.
Notre territoire est exposé à une pluralité de menaces, qui ne se limitent pas au trafic de cigarettes, seule infraction directement traitée dans ce texte, à l’article 14, par un alourdissement des peines de prison. On peut citer le trafic international de drogue, qui pèse 250 milliards d’euros, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, les 4, 2 milliards d’euros partis en fumette et autres consommations, les trafics d’armes, qui pullulent, ou encore les trafics de médicaments de contrefaçon.
Ce dernier fléau avait déjà été pointé en 2009 par un chargé de mission de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique : « Les produits proposés ne sont pas toujours des contrefaçons ; il y a aussi d’autres formes de délinquance. Il peut s’agir de médicaments volés ou détournés, de charlatanisme ou encore de médicaments qui n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché. La démarche de protection de la santé publique (et par conséquent du consommateur) est une valeur ajoutée à la protection des marques et des brevets. Le risque sanitaire est réel et doit être pris en compte par tous. » La diversité des risques donne une vision panoptique de l’utilité des douanes et de la pluralité des pratiques frauduleuses qu’enrayent ses agents.
Nous portons une ambition forte pour les douanes, qui doivent recouvrer une place centrale en métropole et réinvestir sérieusement les territoires ultramarins. La France doit prendre toute sa place en Europe dans le contrôle des marchandises et des capitaux, assumer sa charge dans la lutte contre tous les trafics.
La France ne peut plus être submergée de biens issus du commerce mondial sans moyens de s’assurer de leur acheminement dans les règles. Or nous ne voyons sur ce point aucun signe encourageant dans le présent texte, qui privilégie le numérique au physique, le contrôle en ligne au contrôle de marchandises, une douane 2.0 à une douane présente dans tous les territoires.
Nous voterons donc contre ce projet de loi, sauf adoption de nos amendements et évolution positive du texte.
Nous avons déjà débattu de ce point : les douanes peuvent intervenir partout, dans les conditions prévues par la loi, et la zone douanière est une zone d'intervention généralisée qui n'a pas lieu d'être étendue à l'ensemble du pays.
Pour ce qui concerne les ports, l'intervention ponctuelle des douanes est possible dans le cadre d'une visite douanière. En revanche, pour concentrer les moyens dont il dispose, il est logique que le Gouvernement choisisse les ports où le trafic de marchandises est le plus intense. Il y va encore et toujours du bon emploi des effectifs de douaniers.
C'est pourquoi nous préférons conserver la désignation par le ministre des ports relevant du rayon douanier.